Pékin bâtit une piste d’aviation aux Paracel
Début septembre, les touristes chinois de la province de Hainan inauguraient la première croisière du Coconut Princess, dans les eaux disputées autour de l’archipel des Paracel. Mardi, l’agence officielle Xinhua a annoncé une autre nouvelle, qui ne manquera pas de provoquer l’ire des voisins de la République populaire: la construction d’une piste d’aviation sur une île contestée de 2 km2, que la Chine nomme Yongxing, en mer de Chine méridionale. Le «tourisme patriotique», les constructions comme la présence militaire relèvent de la même stratégie utilisée par Pékin pour affirmer sa souveraineté territoriale. Puissance régionale au budget militaire colossal, la Chine s’écarte de plus en plus de son concept de «montée en puissance pacifique». Et elle tente de s’imposer dans les conflits territoriaux qui l’opposent à ses voisins.
Longue de 2000 mètres, la piste de Yongxing est destinée à des appareils militaires. La République populaire, dont l’unique porte-avions croise entre les mers de Chine méridionale et orientale, étend ainsi son rayon d’action dans cette zone sensible.
«Des appareils militaires peuvent désormais y être stationnés, améliorant ainsi beaucoup les capacités de défense de la Chine dans les Paracel et les Spratley», souligne Xinhua. Cette île, également revendiquée par Taïwan et par le Vietnam, est devenue l’avant-poste des ambitions maritimes de Pékin, dans un contexte d’une résurgence des tensions entre la Chine et ses voisins.
Pékin revendique 90% de la mer de Chine méridionale, une zone stratégique car elle est traversée par des voies maritimes internationales et dont certaines îles sont aussi revendiquées par la Malaisie, Brunei, le Vietnam, les Philippines ou Taïwan. Cette mer est également riche en ressources halieutiques et ses fonds pourraient receler d’importantes réserves de gaz et de pétrole. Déjà en 2012, la Chine avait annoncé qu’elle allait positionner une garnison militaire sur Yongxing, portant un coup sévère au statu quo. Et début mai, elle a installé dans cette zone une plate-forme offshore, à l’origine d’une grave crise avec le Vietnam.