Actualités du Chili, avril 2015

Scandales en cascade au Chili, Michelle Bachelet éclaboussée

Le Chili  vit  une crise  politique  sans  précédent  depuis  le  retour  de  la  démocratie  en 1990. Des scandales de corruption à répétition ont enlisé l’élite politique dans un marasme dont elle ne semble pas  prête de se relever. Un  marasme  qui  n’épargne  pas  même  la  présidente  socialiste Michelle Bachelet qui jouissait jusqu’ici d’une popularité qui semblait à toute épreuve.

D’un côté, il y a les scandales de financement occulte de la politique, l’affaire Penta et l’affaire Soquimich. Fin 2014, éclate l’affaire Penta, du nom d’un des groupes les plus puissants du Chili, qui a des intérêts dans la finance, l’immobilier, la santé, les fonds de pension, l’éducation. Le groupe aurait utilisé des fausses factures pour financer les campagnes électorales essentiellement du parti le plus à droite de l’échiquier politique chilien, l’UDI. Son objectif : du lobbying, placer ses pions au sein du corps législatif pour pouvoir bloquer les lois qui peuvent l’affecter. Il y a quelques semaines, cette enquête aux mains de la justice a dérivé du côté d’une autre entreprise, Soquimich, l’entreprise leader mondial de lithium, qui exploite aussi du potassium, de l’iode et du salpêtre. Une entreprise minière dirigée par l’ex-gendre d’Augusto Pinochet. Soquimich aurait versé des pots de vin mais cette fois à toute la classe politique, à droite comme à gauche. 173 personnes sont dans le collimateur de la justice.

Le scandale de trop pour Michelle Bachelet

Le  Chili  était  pourtant  considéré  jusqu’ici  comme  un  exemple  de  transparence  en  Amérique latine. Mais la corruption a commencé à s’étendre. Les Chiliens avaient déjà peu de respect pour leurs représentants politiques, ils en ont encore moins. Selon un dernier sondage, seulement 10 % d’entre eux ont confiance dans leurs parlementaires, et 7 % dans les partis politiques. Une réelle fracture. La présidente Michelle Bachelet est également éclaboussée par ces affaires. Et c’est un troisième scandale qui la touche plus directement depuis février. Une revue chilienne, Qué Pasa, publie un article qui relate comment son fils aîné Sebastian Davalos et son épouse ont obtenu un prêt de 10 millions de dollars, qui leur a permis de mener une opération immobilière très juteuse. Une affaire qui donne à penser que le fait d’être «fils de» leur a beaucoup servi et qu’ils ont obtenu des informations privilégiées sur les terrains qu’ils ont achetés. La justice enquête pour délit d’initié et trafic d’influence.

Michelle Bachelet heurtée de plein fouet

Si c’est son fils qui est concerné en premier lieu, la présidente subit l’affaire de plein fouet. L’affaire s’est sue alors qu’elle était en vacances en famille, donc avec son fils et sa belle-fille et ses petits enfants. Elle n’a pas écourté ses vacances. Et lorsqu’elle a fini par faire une déclaration, les gens l’ont trouvé trop timide, pas assez critique par rapport à son fils. Autrement dit, la présidente des pauvres, honnête et intègre, a donné l’impression qu’elle permettait à son fils de s’en mettre plein les poches sans rien lui dire parce que c’est son fils, voire même de l’aider, pour les plus sceptiques. La présidente a perdu 13 points en deux mois, tombant à 31 %. Il sera difficile pour elle de s’en remettre.

13/04 – Claire Martin – RFI