Le Vietnam veut stimuler les investissements étrangers.

Dans le passé le Vietnam a tenté d’attirer les capitaux étrangers, sans que ses tentatives soient toujours fructueuses. Au moment ou l’aura de la Chine diminue et où celle-ci est engagée dans une guerre commerciale avec les Etats-Unis, la situation se présente sous un jour différent.

Dans les années 80, le Vietnam a mis en œuvre un plan appelé « Moi Doi » (changement et novation) qui visait à s’éloigner de la planification centralisée et à donner davantage de place à l’investissement privé, un peu à l’image de ce que la Chine avait entrepris avec Deng Xiao-Ping. Les succès que ce plan a connus initialement, ont été remis en question à partir de 1997 par la crise financière asiatique. La devise vietnamienne, le dong, avait un cours fixe ce qui a, dans une certaine mesure, évité au Vietnam de subir les retombées de la crise financière. Mais le dong s’est trouvé rapidement surévalué par rapport aux devises des pays voisins qui plongeaient. Les coûts de la main d’oeuvre vietnamienne sont devenus trop élevés par rapport au reste de l’Asie du sud-est, ce qui a poussé les investisseurs étrangers à investir ailleurs.

La crise passée, les Vietnamiens en ont tiré les leçons. Le dong a été dévalué. Les effectifs de la fonction publique ont été réduits. Les douanes intérieures entre les provinces ont été abolies et la réglementation a été simplifiée.

Avec ses 84 millions d’habitants le Vietnam est le deuxième pays le plus peuplé du sud-est asiatique. Si bien entendu on ne saurait le comparer à la Chine gigantesque, le Vietnam ne manque pas d’atouts : une main d’oeuvre bien formée et qualifiée, avec un pourcentage significatif de travailleurs comprenant l’anglais, des ports intérieurs de qualité même s’ils nécessitent des aménagements, un gouvernement stable, un pays moins fragmenté et plus uni que la plupart de ses voisins.

C’est sans doute ce qui a conduit Intel a engager un investissement d’un milliard de dollars pour construire à Ho-Chi-Minh ville, ce qui doit être la plus grande usine du monde d’assemblage de composants électroniques. En 2017 les flux d’investissements directs étrangers au Vietnam ont atteint le chiffre record de 14 milliards de dollars, soit une augmentation de 12 % par rapport à l’année précédente. Les premiers pays investisseurs ont été la Corée du sud, le Japon et Singapour.

Tout n’est pas rose bien entendu. La production d’électricité est insuffisante. Le réseau routier a besoin d’être amélioré. Les ports doivent engager des travaux pour accueillir de plus gros cargos. Les contrôles du système bancaire par le gouvernement restent tatillons et ralentissent les opérations. Et surtout la corruption est trop répandue. Le Vietnam se classe au 107e rang sur 180 pays en matière de corruption selon Transparency International derrière la Thaïlande, l’Indonésie et la Chine.

Le premier ministre Nguyen Tan Dung et le président Nguyen Minh Triet ont pris des mesures anti-corruption et réformé profondément le système bancaire qui est l’une des grandes faiblesses du pays. Cela a donné lieu à des procès spectaculaires. Ainsi en août 2018, 46 banquiers et anciens banquiers ont été condamnés à des peines allant de deux ans de prison avec sursis à 20 ans de prison ferme. Quelques commentateurs pensent que ces coups de filet permettent également à Hanoï d’éliminer ses opposants politiques. Ainsi en 2017, un ancien dirigeant de banque avait été condamné à mort pour escroquerie, un autre à perpétuité. L’exemple le plus spectaculaire est sans doute l’enlèvement en juillet 2017, d’un cadre dirigeant du parti communiste vietnamien, Trin Xuan Tanh qui, ayant été accusé de corruption, avait fui le Vietnam et s’était réfugié en Allemagne. Alors qu’il était dans un parc de Berlin, des agents des services secrets vietnamiens l’ont kidnappé puis exfiltré vers le Vietnam, entrainant une crise diplomatique entre l’Allemagne et le Vietnam. La justice vietnamienne a condamné Trin Xuan Than à la prison à vie en février 2018.

Cet enlèvement a bien entendu eu des conséquences sur le programme allemand d’aide au Vietnam.

Indépendamment de cet épisode les investissements étrangers au Vietnam sont en forte croissance. Si le Vietnam procède aux réformes qu’il a annoncées, ces investissements sont appelés à s’accroître sur une longue période

Jean-Christian Cady