La visite en Chine du premier ministre britannique Theresa May ne contribuera pas à désarmer ses critiques.
Certains journaux de la presse britannique, peu favorables à Mme May, écrivent que, dans cette visite, le moment qui a le plus retenu l’attention fut celui où Theresa May remarqua que le thé qui lui était servi lors de son entretien avec le président chinois Xi Jinping était le même que celui qu’elle utilise chez elle.
Cette visite du 31 janvier au 2 février 2018 était la première visite du chef de gouvernement britannique depuis le référendum sur le Brexit. Alors que la Chine sait que le gouvernement du Royaume Uni est empêtré dans une sortie de l’Union européenne où il n’a pas encore fait le choix entre diverses options, qu’il est certain que quelles que soient les options retenues, le Brexit sera une opération coûteuse pour la Grande-Bretagne, alors que l’autorité du premier ministre est contestée et que sa survie à la tête du gouvernement est seulement due au fait que le Parti Conservateur n’est pas en mesure de lui trouver un remplaçant, il était difficile que cette visite devienne le franc succès qui aurait redoré le blason terni de Mme May.
Le résultat de cette visite est modeste si on le compare avec ce qui s’était conclu lors de la visite à Londres de Xi Jinping en 2015 où le total des engagements commerciaux était de 40 milliards de livres. A la conférence de presse finale, le premier ministre chinois Li Quekiang promit une ouverture du marché chinois aux produits agricoles britanniques. Il indiqua aussi que la Chine étudierait la levée de l’interdiction en Chine du bœuf britannique, qui date de la crise de la vache folle dans les années 1980. Cette promesse a aussitôt été nuancée par le fait que M. Li Quekiang a rappelé que la Chine est auto-suffisante sur le plan agricole et que cette ouverture aux produits britanniques se ferait dans le cadre de la diversification des approvisionnements chinois.
Pour les Britanniques, la Chine est, sur le plan commercial, davantage un espoir qu’une réalité : La Chine ne représente que 3,1 % des exportations du Royaume Uni alors que l’Europe pèse 44 %. C’est donc dans le domaine de la culture, de l’éducation et de l’environnement que les discussions ont progressé. Le Royaume Uni s’est engagé à participer à la lutte contre la contrebande d’ivoire, à renforcer un schéma déjà existant d’envoyer des professeurs britanniques pour enseigner l’anglais, d’accroître la distribution de la BBC pour certaines séries télévisées.
Mais cela n’a qu’une importance toute relative. Ce que la Chine souhaitait c’est que les différents mémorandums d’accord avec le Royaume Uni comportent des paragraphes approuvant l’initiative chinoise des nouvelles routes de la soie (Belt and Road Initiative). Et c’est ce que Mme May n’a pas voulu faire. Tout en saluant cette initiative qui représente une opportunité considérable, elle a rappelé que ce projet gigantesque de 900 milliards de dollars doit respecter les normes admises du commerce international.
A la différence du Président Macron qui, dans sa conférence de presse, n’a pas voulu évoquer les droits de l’homme, Mme May a évoqué ce sujet, exprimant en particulier sa préoccupation sur les atteintes aux droits de l’homme à Hong Kong.
La presse chinoise n’a pas rendu compte de ce dernier aspect de la visite de Mme May.
Selon certains commentateurs, le Président Xi Jinping pouvait penser que Mme May étant si affaiblie sur le plan intérieur, pourrait céder aux pressions chinoises. Mais peut-être Mme May était-elle trop affaiblie pour avoir cette option.
Jean-Christian CADY