Comment concilier la croissance économique et la protection des systèmes océaniques

Jean-Michel DASQUE

Ancien ambassadeur en Papouasie-Nouvelle Guinée

(Intervention  prononcée  lors  du  colloque  organisé  le  9  juin  2015  au  Sénat  sur  le  réchauffement climatique)

Présentations générale de l’Océanie

Le Pacifique Sud désigne les espaces compris entre le 134ème méridien qui traverse l’île de Palau à l’extrême ouest de la Micronésie et à l’est le 109ème méridien sur lequel est située l’île de Pâques ou Rapa Nui, et si l’on considère la latitude, entre l’atoll de Midway au 28ème degré Nord et la pointe méridionale de la Nouvelle- Zélande, au 47ème degré de latitude Sud. On peut  légitimement  se demander si Timor et l’Irian Jaya, la partie occidentale de la Nouvelle-Guinée font partie de l’Océanie. Cette région recouvre près de 90.000 000 kilomètres carrés. Cet espace est essentiellement pélagique. Les terres émergées ne couvrent que 8.5 millions de kilomètres carrés. L’Australie elle-même forme un bloc continental mais la population se concentre dans les zones côtières et l’intérieur est quasiment vide d’habitants.

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Les dimensions de ces Etats et territoires sont très inégales. L’Australie est un véritable continent (7.5 millions de kilomètres carrés). Les petits archipels de Polynésie et de Micronésie ne dépassent pas mille et parfois cent kilomètres carrés. La structure géophysique est également hétérogène. Les atolls coralliens ou soulevés par des mouvements tectoniques sont de faible relief (Mururoa, Kiribati, Tokelau, les îles Tobriand en PNG, Tuvalu) ; ils alternent avec des archipels volcaniques beaucoup plus élevés. La Nouvelle Guinée est le segment le plus oriental de l’arc montagneux himalayo-malais. La partie occidentale de l’Australie est constituée par des roches très anciennes, datant de l’époque archéenne (deux milliards d’années), des pénéplaines et des plaines alluviales.

La plupart de ces îles sont situées sur la ceinture de feu du Pacifique, à la jonction des plaques australienne et Pacifique ; elles se caractérisent par une intense activité volcanique et une instabilité tellurique. Elles sont exposées aux catastrophes naturelles, typhons, tsunamis, inondations et périodes de sécheresse provoquées par le phénomène du Niño.

Cette immense zone océanique est très peuplée. Elle compte au total 34 millions d’habitants dont plus de 90% vivent dans trois Etats, l’Australie, la Papouasie-Nouvelle-Guinée et la Nouvelle- Zélande. Les densités sont aussi très inégales. Elles varient entre 2.5 habitants au Kilomètre carré en Australie et 475 habitants à Nauru et 439 à Tuvalu.

Depuis Dumont d’Urville, les anthropologues divisent les populations autochtones en trois groupes. Les mélanésiens et les aborigènes australiens sont arrivés en provenance des îles de la Sonde, le Sund, entre 50.000 et 60.000 ans avant notre ère. Ils sont implantés dans les régions septentrionales et centrales de l’Australie et dans les grandes îles occidentales, Nouvelle-Guinée, îles Salomon, Vanuatu, Fidji. Les Polynésiens originaires de Taiwan et du Sud de la Chine ont pénétré en 0céanie entre 2000 et 1500 avant notre ère. Ils sont présents actuellement dans les îles centrales et orientales jusqu’en Nouvelle-Zélande, à Pâques et dans les îles Hawaï. Les Micronésiens sont assez proches par leurs traits physiques et leur culture des Polynésiens mais ils s’en distinguent par de nombreux métissages avec les populations asiatiques. Les Européens sont arrivés avec la colonisation et ils sont concentrés dans les zones tempérées, Australie, Nouvelle Zélande, Nouvelle Calédonie. Ils ont fait venir de divers pays d’Asie (Inde, Philippines, Indochine, Chine) des travailleurs immigrés dont la présence a accru la variété du peuplement océanien.

Des économies faibles et un environnement menacé.

faiblesse des économies

Des économies fondées sur des productions primaires, sensibles aux aléas des marchés.

L’économie du Pacifique Sud repose principalement sur le secteur primaire. Les peuples océaniens cultivent traditionnellement des plantes vivrières, arbre à pain, sagoutier, tubercules (ignames, patates douces, taros) et se livrent à l’élevage des porcs et de la volaille. Ils ont développé récemment les cultures de rapport, café, cacao, coprah, canne à sucre, palmier à huile. Les populations polynésiennes et celles des îles péricontinentales de Mélanésie pratiquent la pêche côtière. Le secteur manufacturier est peu développé. Il se limite à des usines de premier traitement des ressources naturelles, à quelques entreprises de radoub, des unités textiles et dans le secteur agro-alimentaire. Des conserveries de poisson ont été implantées à Pago Pago (Samoa) et à Honiara (îles Salomon). En définitive, les économies océaniennes reposent principalement sur l’exportation d’un petit nombre de produits de base dont les cours sont extrêmement fluctuants et sont par conséquent fortement dépendantes de la conjoncture des marchés mondiaux.

Des obstacles à la croissance

De sérieux obstacles s’opposent au décollage économique.

1-   Obstacles d’ordre politique.

Les Etats insulaires ont accédé à l’indépendance à une date relativement récente et leurs frontières, dessinées en fonction des partages entre puissances coloniales, sont parfois artificielles (cas de l’Iryan Jaya, de Bougainville). Ils sont constitués de sociétés multiethniques et sont divisés en tribus et clans qui entretiennent souvent des rapports conflictuels. La colonisation a, comme on l’a vu, accru la diversité ethnique en favorisant l’immigration de populations asiatiques et la coexistence des communautés pose de sérieux problèmes. A Fidji l’antagonisme entre les mélanésiens, premiers occupants et la minorité indienne a provoqué des crises politiques graves et l’archipel a été le théâtre de quatre coups d’Etat au cours des trois dernières décennies.

Dans toute la région l’Etat est faible et manque de moyens. L’appartenance tribale l‘emporte sur le lien civique et la conscience nationale peine à s’affirmer. Les partis politiques nombreux dans les Etats mélanésiens n’ont pas de fondement idéologique ni de programmes. Ils sont créés sur une base clanique ou autour d’un leader charismatique, un « big man ». Militants et élus passent aisément d’un parti à un autre (cross the floor) et les crises ministérielles sont fréquentes. Les institutions sont minées par la corruption et la PNG occupe une des dernières places dans la liste établie par Transparency International. Enfin ces Etats manquent de cadres formés et doivent faire appel à des experts étrangers pour exercer des fonctions administratives ou techniques. Dans l’ensemble, les administrations océaniennes sont pléthoriques et inefficaces.

La faiblesse de l’Etat, l’incapacité de l’appareil répressif, les difficultés économiques et une urbanisation mal maîtrisée ont favorisé le développement de la criminalité. Des bandes de rascals, des jeunes souvent venus des campagnes, se sont formées dans les grandes agglomérations et Port Moresby, la capitale de la PNG, passe pour être une des villes les plus dangereuses au monde.

2-   Les obstacles d’ordre géoéconomique

Les Etats insulaires souffrent de leur isolement, qui pèse lourdement sur le coût de transports, et explique en partie la cherté de la vie. Les collectivités françaises sont toutes à plus ou moins 24 heures d’avion et 40 jours de mer de la métropole. De plus les compagnies aériennes ou maritimes occupent souvent une position de monopole et pratiquent des tarifs élevés.

Les Etats insulaires, à l’exception de la PNG, se caractérisent par leur petite taille et l’étroitesse de leur marché intérieur. Cette situation leur interdit de réaliser des économies d’échelle, de développer des industries de substitution des importations et de diversifier l’appareil productif. De plus ces Etats sont des archipels dont les îles sont distantes de plusieurs dizaines et parfois de plusieurs centaines de kilomètres les unes des autres. Cet éclatement renchérit les déplacements intra-insulaires et engendre un développement asymétrique, caractérisé par la concentration des activités dans la capitale, souvent le seul port convenablement équipé, et la marginalisation des îles situées à la périphérie.

En troisième lieu, les économies insulaires souffrent de l’insuffisance des infrastructures, notamment dans les transports et les communications. La plus grande partie de la PNG est dénuée de routes et les transports se font exclusivement par avion. Le cabotage qui était florissant encore au lendemain de la guerre a périclité car cette activité a été abandonnée par les compagnies internationales ou régionales  comme Ballande et des entreprises locales n’ont pas pris la relève.

Un quatrième handicap est constitué par le régime foncier. Les terres sont le plus souvent la propriété collective et inaliénable des tribus. Il n’existe aucun marché de la terre ni aucun cadastre. Ce système complique les opérations foncières et immobilières. L’acquisition par voie d’achat ou d’expropriation pour cause d’utilité publique ne peut être obtenue qu’au terme d’une procédure interminable et se révèle couteuse pour la puissance publique. Sur un autre plan, le régime foncier rend impossibles les emprunts hypothécaires et entrave développement d’une agriculture moderne de type capitaliste.

D’autres facteurs de blocage sont constitués par la pénurie de main-d’œuvre formée, son coût élevé compte tenu d’une productivité assez faible, la cherté des services de base, en particulier de l’énergie.

B- Un environnement menacé.

De sérieuses menaces pèsent sur un environnement souvent fragile. Les récifs coralliens ont été endommagés par les attaques des crown thorns, des espèces d’étoiles de mer géantes. Ils subissent une dégradation mécanique du fait des cyclones et sont affectés par le réchauffement et l’acidification de l’eau de mer qui provoquent le blanchissement et le dépérissement des polypiers. Ils sont enfin menacés par les activités anthropiques, urbanisation, installations touristiques, déversement d’eaux usées et de déchets polluants. Afin de protéger les coraux menacés de destruction, la France a lancé en 2004 l’initiative CRISP qui associe des Etats, des institutions multilatérales et des ONG. Les zones marécageuses où croissent les mangroves, qui jouent un rôle essentiel dans la protection de la biodiversité, sont asséchées et remblayées. La pêche industrielle à laquelle se livrent des sociétés étrangères, en employant des méthodes modernes telles que les filets dérivants, a fait des ravages et met en danger notamment deux espèces de thon, le thon jaune et le thon obèse. Plusieurs conventions destinées à protéger les espèces menacées1 ont été signées mais elles n’ont guère eu d’effet car elles comportaient des lacunes ou n’ont pas été ratifiées par certains Etats.

L’environnement terrestre est lui aussi dégradé. Les îles d’Océanie sont vulnérables aux pluies intenses et aux cyclones, cependant que les défrichages et les activités agricoles aggravent l’érosion des sols. Les entreprises de déforestation menées par des compagnies malaisiennes et coréennes, ont eu des effets dévastateurs sur les écosystèmes. Faute de mesures de précaution, les entreprises minières produisent des déchets toxiques qui sont déversés dans les rivières, les lagons ou les mers côtières, anéantissant la flore et la faune2. L’emploi massif des pesticides a également un effet polluant3.

Les archipels océaniens qui n’émettent que 0.03% du bioxyde de carbone (CO2) produit dans le monde subissent durement les effets du réchauffement climatique. La montée des eaux due principalement à la fonte des glaciers polaires et à l’expansion thermique des océans provoque une accélération de l’érosion des rivages marins, un recul du trait des côtes, la destruction d’infrastructures et pourrait, si aucune mesure n’était prise, engloutir les îles basses de Polynésie. D’ores et déjà les îles Carteret en PNG qui s’élèvent seulement à 1.20 mètres au-dessus du niveau de la mer sont menacées de disparition. Le changement climatique peut aussi accroître la fréquence et la violence des cyclones, provoquer des inondations plus graves, entraîner une salinisation des eaux douces, notamment des nappes phréatiques et réduire les ressources de la population en eau. Enfin il pourrait provoquer de nouveaux flux migratoires. Par mesure de précautions, le Président de Kiribati a acheté des terres à Fidji4, pour reloger ses compatriotes au cas où ils seraient obligés de quitter leur patrie à la suite de se submersion.

III-Promouvoir un développement respectueux de l’environnement

A-  Des atouts qu’il convient de valoriser.

Les Etats insulaires possèdent certains atouts qu’il convient de valoriser. Les îles mélanésiennes ont des richesses minières importantes, cuivre, or et cobalt en PNG et en Iryan Jaya, nickel en Nouvelle- Calédonie, or et nickel aux Îles Fidji. En outre des gisements de gaz et de pétrole ont été découvertes en Papouasie-Nouvelle-Guinée et en Iryan Jaya. Il faudrait ajouter aux ressources naturelles l’exploitation du bois. Ces ressources peuvent servir de base à un début d’industrialisation (raffineries de pétrole, usines de liquéfaction du gaz et de traitements des minerais, ateliers de maintenance) et au développement des services (banques, assurances). En outre les activités pétrolières et minières génèrent des revenus pour l’Etat qui peuvent servir à financer des projets industriels, l’aide à l’agriculture et le développement des infrastructures.

D’ores et déjà le gouvernement de PNG a mis en place un fonds souverain destiné à financer des acquisitions d’actifs.

En second lieu, les Etats insulaires se sont vu garantir par le nouveau droit de la mer des zones économiques exclusives couvrant quelque 35 millions de kilomètres carrés dont 11 millions pour la France. Malheureusement leurs habitants, faute de posséder des flottes hauturières, ne sont pas à même d’exploiter les ressources halieutiques considérables que renferment les espaces pélagiques entourant leurs côtes. Loin de remédier à cette situation, les gouvernements ont préféré accorder des concessions à des sociétés étrangères, notamment japonaises, coréennes, américaines, qui leur versent des royalties. Cette politique devrait faire l’objet d’un réexamen. Il serait souhaitable de créer des entreprises performantes, de constituer des flottes capables d’opérer en haute mer, de former des équipages qualifiés mettant en œuvre des méthodes efficaces et respectueuses de l’environnement, de construire des conserveries. L’aquaculture offre aussi des perspectives prometteuses. D’ores et déjà des entreprises ont été créées dans les domaines de la perliculture et de crevetticulture en Polynésie et en NC. La biodiversité exceptionnelle du Pacifique Sud devrait permettre d’explorer d’autres filières telles que la pisciculture marine (élevage en cages flottantes), l’ostréiculture, la production de microalgues, de bêches de mer, de crabes, de pectens et de bénitiers.

Des marges de croissance existent aussi dans les domaines de l’agriculture et de la sylviculture. Bon nombre d’exploitations familiales utilisent encore des méthodes archaïques et destructrices de l’environnement. Des efforts devraient être menés pour perfectionner les techniques, accroître les rendements, freiner l’érosion des terres arables qui occupent des surfaces réduites, préserver les sites naturels par une politique de reboisement, assurer une gestion rationnelle de l’eau. Il faudrait par ailleurs veiller au respect des normes sanitaires et augmenter la capacité des installations de conditionnement. Dans un tout autre domaine il conviendrait d’identifier des niches de produits commercialisables sur les marchés extérieurs. Il faudrait éviter cependant que le développement des cultures de rapport se fasse aux dépens des cultures vivrières qui assurent l’autosuffisance des populations

Avec ses plages de sable fin, ses fonds marins tapissés de coraux et d’algues phosphorescentes, ses massifs montagneux, enfin un folklore riche et vivant quoique galvaudé, les Etats d’Océanie peuvent attirer les voyageurs venus des Etats industrialisés. Malheureusement seuls les territoires de Micronésie, surtout Guam ainsi que Fidji, ont su faire de l’industrie touristique une source de revenus. Ailleurs le développement de cette activité est freiné par l’éloignement, le coût élevé des frais de séjour et des transports5, l’insuffisance des infrastructures. Pour valoriser leur potentiel, les Etats insulaires devront augmenter les capacités d’accueil, améliorer les liaisons aériennes, réaliser des campagnes de promotion, exercer une vigilance accrue sur les prix. De toute manière les destinations vers le Pacifique seront pendant longtemps encore réservées à une clientèle aisée. Ceci n’est pas un mal car un tourisme de masse aurait un effet destructeur sur l’environnement. Une ultime remarque doit être formulée. Les classes moyennes de plus en plus nombreuses qui se forment en Asie constituent une clientèle au sein de laquelle se recruteront des touristes désireux de découvrir les rivages paisibles des mers Sud.

Les nations du Pacifique parlent une multitude de langues (plus de 1500 soit 25% des parlers connus dans le monde). Elles possèdent une culture, au sens ethnologique du terme, extrêmement riche. Les modes d’organisation sociale, les systèmes de parenté, les croyances religieuses, les rites d’initiation, les pratiques de dons cérémoniaux ont fasciné les anthropologues et ont servi de bases pour leurs constructions théoriques. Les arts primitifs d’Océanie ont produit des chefs d’œuvre (masques, statues, peintures) admirés et imités par des artistes occidentaux tels que Gauguin, Braque, Picasso, Modigliani. Ce patrimoine culturel et artistique doit être préservé et mis en valeur. Il constitue un attrait supplémentaire pour les touristes. En outre les savoirs traditionnels, qui sont protégés par des conventions internationales6, peuvent faciliter l’adaptation des peuples de la région à leur environnement extérieur, y compris au changement climatique.

B- L’exploitation de  nouvelles ressources.

Le Pacifique Sud possède des ressources inexplorées mais qui pourraient devenir le levier d’un développement équilibré, respectueux de l’environnement.

1-Richesses des grands fonds marins.

Les explorations scientifiques ont révélé que les grands fonds de mers du Sud recélaient différents types de minerais dont certains intéressent les industriels. On peut citer :

-les sulfures polymétalliques hydrothermaux  repérés à Wallis et Futuna et en NC ;

-les encroûtements de manganèse enrichis de cobalt, platine, terres rares ; les encroûtements les plus riches en cobalt actuellement connus se situent au Tuamotu, en Polynésie. D’autres gisements de métaux rares se trouvent aux large de la PNG ;

-des nodules   métalliques enrichis en cobalt en Polynésie ; on en trouve aussi dans le centre du

Pacifique Nord et au large de l’îlot de Clipperton.

La mise en exploitation de ces ressources exige un effort de recherche dans trois directions : la technologie (fabrication d’un outillage adapté aux grandes profondeurs) ; une meilleure compréhension des mécanismes de minéralisation ; la connaissance géologique des grands fonds.

Les ressources en énergies fossile

Des réserves considérables de pétrole et de gaz ont été découvertes au cours des dernières années en PNG, dans la province sud des Highlands et dans le Golfe de Papouasie. Les experts pensent que d’autres gisements existent dans l’espace compris entre la NC et l’Australie. Les bassins sédimentaires qui jonchent cette zone ont pu générer en effet la présence d’hydrocarbures économiquement exploitables. Mais on ne possède pas les données de base indispensables pour pouvoir entreprendre des forages et des études supplémentaires en sismique, en géologie et géodynamique sont nécessaires.

La biodiversité.

Les pays du Pacifique Sud abritent une biodiversité exceptionnellement riche tant en  milieu terrestre qu’en milieu marin7. Des recherches doivent être menées pour inventorier et valoriser ce patrimoine; elles doivent être orientées selon plusieurs axes :

  • Acquisition de connaissances sur la biodiversité: enquêtes dans le milieu marin sur l’infiniment petit, les micro-organismes, les bactéries, les micro-algues, les plantes poussant à proximité des geysers sous-marins (hot spots) ; recherches sur les espèces végétales et animales, notamment des insectes, que l’on trouve dans les forêts primaires, les « rainforests ».
  • Recherches en microbiologie à des fins de développement biotechnique (applications médicales, cosmologiques ou industrielles).
  • Elaboration de systèmes d’observation, d’information, de bancarisation des données, de modélisation et d’aide à la g
  • Optimalisation des modalités de conservation que sont les aires marines protégées et les parcs

naturels8.

C-      Les nouvelles technologies.

Les nouvelles technologies peuvent pallier certaines déficiences structurelles des pays d’Océanie et favoriser un développement durable.

L’utilisation des énergies renouvelables peut être une contribution essentielle au développement dans une région où le coût de l’énergie est un handicap majeur. De multiples possibilités existent dans le domaine des énergies marines : énergie thermique des mers utilisant le différentiel de température entre les eaux profondes et celles de surface, système SWAC, éoliennes flottantes, énergie des vagues. Les énergies solaire et éolienne peuvent être d’une grande utilité dans les petits atolls où il est impensable d’installer une centrale électrique. L’énergie géothermique peut se développer dans des pays caractérisés par une vulcanologie active et la présence de sources d’eau chaude (y compris en NZ). Outre leur intérêt économique, ces énergies ont l’avantage de ne pas augmenter les émissions de bioxyde de carbone (CO2).

Dans un tout autre domaine les nouvelles techniques de l’information et de la Communication, si elles sont plus largement utilisées, atténueront les effets de la distance et éviteront des déplacements de personnes, toujours coûteux et compliqués. Elles permettront de moderniser les méthodes de l’administration, de la justice, de l’enseignement et amélioreront la productivité d’une bureaucratie lente et routinière. Elles contribueront à désenclaver des îles et des régions inaccessibles autrement que par avion ou par hélicoptère.

La protection des écosystèmes n’est pas incompatible avec une politique de croissance économique, tout au contraire. La préservation de l’environnement favorise le tourisme. Elle encourage des recherches qui peuvent se révéler utiles du point de vue économique et crée des emplois qualifiés. Elle peut aider à la naissance d’une agriculture et d’une pisciculture à haute valeur ajoutée et doit assurer la sécurité alimentaire. Plus important encore, l’Océanie est une réserve de biodiversité d’une richesse incomparable ; détruire ce patrimoine serait une perte irréparable pour l’humanité.