Le nouveau président de la Corée du sud veut renouer le dialogue avec la Corée du nord.

Le 9 mai, M. Moon-Jae-in a été élu président de la Corée du sud, avec plus de 41 % des voix. Cet ancien avocat défenseur des droits de l’homme, fils de réfugiés qui avaient fui la Corée du nord pendant la guerre de Corée, s’était présenté à l’élection présidentielle précédente en décembre 2012. Il avait alors été battu par Mme Park-Geun-hye, fille d’un ancien président de la Corée du sud. Des affaires de corruption ont entrainé la destitution de Mme Park qui a été prononcée par la cour constitutionnelle le 10 mars 2017. Mme Park est actuellement en prison.

Alors que les Etats-Unis avec Donald Trump, veulent une politique plus ferme à l’égard de la Corée du nord pour éviter les débordements de Kim-Jong-un, le nouveau président de la Corée du sud souhaite une approche plus négociée.

Il n’est pas certain que cette partie de son programme ait le soutien massif de ses électeurs car son bon score électoral est surtout dû au rejet massif de la présidente sortante Mme Park. Beaucoup de sud-Coréens sont très attachés à l’alliance très forte entre Washington et Séoul qui date de la guerre de Corée (1950-1953) et qui se matérialise en particulier par une importante présence militaire américaine. 28 500 soldats américains stationnent en Corée du sud.

La position du Président Moon est de soutenir les sanctions de l’ONU et des Etats-Unis contre la Corée du nord et de les considérer comme l’un des instruments permettant d’infléchir la politique nord-coréenne. Mais, selon lui, cela ne doit pas être la seule méthode. La Corée du sud doit prendre des initiatives. « Je ne souhaite pas que la Corée du sud soit dans le siège arrière et soit seulement spectatrice des discussions entre les Etats-Unis et la Chine » a-t-il déclaré pendant sa campagne. Il a aussi critiqué le déploiement sur le sol sud-coréen de THAAD, le système américain de défense anti-missiles. De nombreux sud-Coréens sont préoccupés des critiques russes et chinoises à l’égard de ce déploiement.

Les postures contradictoires de l’administration américaine rendent les Sud-Coréens perplexes. Le mois dernier, le président Trump a déclaré que la Corée du sud devait payer la note du déploiement de THAAD, soit un milliard de dollars, ce qui n’a pas été apprécié à Séoul. La déclaration faite par le président Trump lors de sa rencontre avec le leader chinois Xi Jinping, selon laquelle « autrefois la Corée faisait partie de la Chine. » a été encore moins appréciée. Les Coréens du sud ne comprennent pas ces déclarations qui sont en contradiction avec celle faite par le secrétaire d’État américain Rex Tillerson devant la ligne de démarcation, le 17 mars, qui disait que la patience des Etats Unis arrive à son terme et qu’une action militaire contre la Corée du nord est une option.

Cela étant, il n’est pas certain que la volonté du Président Moon de renouer le dialogue avec le nord débouche sur quoi que ce soit de positif. Dans le passé, sous les présidences Kim (1998-2003) et Roh (2003-2008), la Corée du sud avait accordé une aide de 4,5 milliards de dollars à la Corée du nord. Cela n’a pas empêché la Corée du nord de faire 4 tests nucléaires supplémentaires. Un conseiller de sécurité sud-coréen et ancien général de l’armée de l’air Song-Dae-sung a alors déclaré : « Une grande partie de la population est furieuse. Nous leur avons donné de l’argent et cela a permis aux Nord-Coréens de faire davantage de tests nucléaires et de fabriquer des armes destinées à nous tuer. »

Jean-Christian CADY