Le nouveau porte-avions chinois montre les ambitions de la Chine dans une Asie post américaine.

Le 23 avril 2018, le Shandong, premier porte-avions construit totalement par la Chine a commencé ses essais en mer. Quand ce navire entrera en service en 2019 ou 2020, il rejoindra un autre porte-avions, Le Liaoning qui avait été acheté et construit en Ukraine et terminé en Chine. Aucun des deux porte-avions chinois n’a la propulsion nucléaire. Mais la Chine envisage à l’avenir la construction d’un troisième porte-avions qui, lui, aura la propulsion nucléaire.

Avec deux porte-avions, la Chine sera en deuxième position dans le monde après les Etats-Unis (qui ont 11 porte-avions et 9 porte aéronefs). La Chine devrait garder cette position de second pour les années à venir, car elle a l’intention de construire d’autres porte-avions. À terme, Pékin compterait disposer de 6 porte-avions.

On distingue :
– les porte-avions qui disposent de catapultes, de hangar et d’ateliers et qui peuvent mettre en œuvre un nombre important d’avions (de vingt à soixante) lourdement chargés et d’hélicoptères.
– les porte-aéronefs qui sont des bâtiments « à pont continu », pouvant mettre en œuvre des hélicoptères ou des avions à décollage court  et en nombre limité (de cinq à vingt).
 – les porte-hélicoptères sont des navires avec ou sans « pont continu » mais dont la mise en œuvre d’hélicoptères est la fonction essentielle ou unique.

Le club des pays détenteurs de porte-avions est assez restreint. On y compte les Etats-Unis, la France (le Charles de Gaulle le seul porte-avions à propulsion nucléaire en dehors de ceux des Etats-Unis qui a été mis en service en 2001 et est actuellement en chantier de mise à niveau), la Russie (l’Amiral Kouznetsov mis en exploitation en 1991 et qui est en maintenance) et le Royaume-Uni (le Queen Elizabeth mis à flot le 26 juin 2017). L’Italie a deux porte-aéronefs, le Cavour (d’une longueur de 244m) et le Garibaldi (d’une longueur de 180m ). De nombreux pays ont des porte-hélicoptères.

Ainsi les Etats-Unis ont 11 porte-avions et 9 porte-aéronefs. La France a un porte-avions et 3 porte-aéronefs. Le Royaume-Uni un porte-avions et un porte-aéronefs.
En Extrême-Orient, le Japon a 3 porte-aéronefs, la Corée du sud en a un.

Un porte-avions est incontestablement un symbole de puissance. C’est certainement la raison qui pousse la Chine à en construire. Un porte-avions lui permet d’affirmer avec plus de force ses revendications sur la Mer de Chine du sud qu’elle considère comme un espace maritime purement chinois. « Les intérêts de la Chine à l’étranger se multiplient, ce qui signifie que la mission de la marine sera plus complexe et importante. La Chine a maintenant une base logistique en Afrique, mais la marine chinoise aura besoin de plus de bases autour du globe, en particulier dans certaines régions clés, pour appuyer ses missions à l’étranger », a expliqué le général en retraite Xu Guangyu, conseiller de l’Association chinoise de contrôle des armements et de désarmement.

Alors que la Chine entend disposer de plusieurs bâtiments de ce type, que l’Inde suit la même pente et que le Royaume-Uni est en train de construire deux exemplaires d’une nouvelle classe, le porte-avions, tel qu’on le connaît aujourd’hui, sera-t-il toujours pertinent dans les années qui viennent? La question de l’utilité du porte-avions se pose sur le plan militaire comme sur le plan économique.

Sur le plan économique, la facture d’un porte-avions est lourde. Son coût de construction est élevé, de l’ordre de 13 milliards de dollars pour un porte-avions de la classe Ford (le dernier modèle américain). Le coût de fonctionnement l’est également, de l’ordre de 6,5 millions de dollars par jour, puisque un porte-avions ne peut agir seul. Il doit être accompagné d’une armada de cinq navires de surface et aussi d’un sous-marin d’attaque.

Et, selon les économistes, le retour sur investissement d’une aviation embarquée est à relativiser. Chaque avion d’attaque, le F-18, ayant largué une moyenne de 16 bombes en dix ans de conflit, le coût global pour chaque bombe est de 7,5 millions quand celui d’un missile de croisière Tomahawk est «au plus de deux millions».

C’est précisément les coûts de construction et de fonctionnement des porte-avions qui avaient conduit la France en 2008 à renoncer à construire un deuxième porte-avion dont le principe avait pourtant été retenu en 2005 car, bien évidemment, comme les opérations de maintenance sont longues (18 mois en moyenne), si l’on souhaite avoir en permanence un porte-avions en mission, il faut en disposer de deux.

La question de l’utilité du porte-avions se pose aussi sur le plan militaire. Massif et vulnérable aux attaques de missiles anti-navires de longue portée, malgré des dispositifs de brouillage sophistiqués, le porte-avions peut apparaître comme un équipement d’un autre âge, celui où la surveillance satellite et le GPS (global positioning system) n’existait pas.

Il n’en demeure pas moins – et c’est le raisonnement des Chinois – que les relations internationales sont souvent basées sur des rapports de force et qu’à cet égard, les porte-avions sont des auxiliaires précieux.

Jean-Christian Cady