Actualités du Mexique, novembre 2014

La CRCC « choquée » par la rupture de l’accord sur la construction d’une ligne à grande vitesse par le Mexique

La China Railway Construction Corporation (CRCC) s’est déclarée dimanche « extrêmement choquée » par la décision du Mexique de rompre un accord sur la construction d’une ligne à grande vitesse reliant Mexico  à  la  ville  industrielle  Queretaro  et  conclu avec  un  consortium  sino-mexicain  pour  3,75 milliards de dollars américains, s’engageant à recourir à des moyens légaux pour protéger ses intérêts si nécessaire.

Le communiqué intervient après que le ministère mexicain des Communications et des Transports a annoncé jeudi sa décision d’annuler l’accord en raison de préoccupations du public concernant le processus d’appel d’offres.

Tout en reconnaissant la validité de l’appel d’offres, le ministère mexicain a expliqué que la décision du président Enrique Peña Nieto visait à écarter tous les doutes du public concernant ce projet.

Etat des lieux

Depuis son élection en 2012, le Président Enrique Peña Nieto a mis l’accent sur la modernisation de l’économie (libéralisation du marché du travail, du secteur financier et du crédit, des télécommunications, ouverture du secteur pétrolier aux entreprises étrangères) et la réforme de l’éducation (pour éradiquer l’analphabétisme et la pauvreté qui touche près de la moitié de la population). Il a bénéficié des effets du Pacto de Mexico conclu par son parti (PRI) avec 2 partis d’opposition (PAN et PRD) et a ainsi pu ériger le Mexique au statut de « grand émergent ».  La croissance s’est stabilisée autour de 3,5 %, le chômage est réduit à 4,9 % de la population active, le déficit (environ 3 %) et la dette publique (38 % du PIB) sont sous contrôle.

Mais l’assassinat le 26 septembre de 43 étudiants dans l’Etat de Guerrero remet en cause cette stratégie ambitieuse de réformes, déjà compromise par la baisse du prix du pétrole (le PRD s’est retiré du Pacto de Mexico pour protester contre la réforme du secteur de l’énergie) et ses effets sur les finances publiques. Aujourd’hui l’enjeu de la sécurité de l’Etat de droit est devenu la priorité. La déclaration de « guerre à la drogue et aux cartels » du Président Felipe Calderón de janvier 2006, n’a pas eu beaucoup d’effets (crimes non élucidés, enquêtes non ouvertes …). Il est nécessaire de modifier en profondeur le système politique pour casser la spirale de la violence. Police et justice sont largement corrompues, les politiques et les cartels de la drogue, tant au niveau local que national, sont souvent associés. La population mexicaine se mobilise de plus en plus pour dénoncer la collusion de la police et de la justice avec les organisations criminelles qui contrôlent près du tiers du territoire, la loi des cartels et l’inaction des gouvernants. Le champ politique doit aujourd’hui subir la même « thérapie de choc » qu’hier l’économie pour stabiliser et pérenniser l’émergence du Mexique.