Le Timor oriental expulse les juges internationaux.
Lorsque les Nations unies prirent en charge l’administration du Timor oriental pour le mener à l’indépendance, le système judiciaire, comme le reste de l’administration était inexistant. La mission d’administration transitoire de l’ONU (ATNUTO) créa un système judiciaire qui comprenait des juges locaux qu’il avait fallu auparavant recruter et former, mais qui pour l’essentiel reposait sur des juges internationaux qui auraient du seulement jouer un rôle d’expert et de conseil, mais qui en réalité exerçaient l’essentiel des fonctions de la magistrature. L’indépendance du Timor oriental date de 2002, mais ce système s’est maintenu.
Le premier ministre du Timor oriental Xanana Gusmao a décidé le 24 octobre de mettre fin aux contrats des juges et conseillers juridiques internationaux. Le 31 octobre le gouvernement du Timor a expulsé cinq juges, deux procureurs et un conseiller qui ont du quitter le territoire du Timor dans les 48 heures. Cette décision peut être interprétée de deux manières.
Selon le gouvernement du Timor oriental, c’est un acte qui montre que le Timor veut acquérir une maturité sur le plan des institutions judiciaires. Depuis l’indépendance du Timor, il y a douze ans – et même avant – la communauté internationale parle de formation professionnelle des juges. Mais cette acquisition de compétences est bridée par la présence de juges internationaux qui ont tendance à se substituer aux juges locaux et vers lesquels les juges timorais se tournent systématiquement dans les cas difficiles. Même si ce sevrage de l’expertise internationale dans le domaine judiciaire risque de poser des problèmes, il est indispensable pour que les juges timorais deviennent réellement indépendants, selon M. Pierre-Richard Prosper qui représente, à l’extérieur, le gouvernement timorais pour les affaires juridiques.
L’interprétation qui est donnée à l’étranger, et notamment en Australie, est tout autre. C’est pour protéger des membres du gouvernement timorais qui sont impliqués dans des affaires de corruption liées à la compagnie pétrolière américaine Conoco Phillips, que le premier ministre timorais a demandé au parlement de prendre la décision de ne plus avoir de juges internationaux au Timor oriental. Le rapporteur des Nations unies pour l’indépendance des juges et des juristes, Gabriela Knaul a indiqué le 25 novembre, à Genève, que l’indépendance de la justice du Timor est en danger et a demandé au gouvernement et au parlement de reconsidérer leur décision.