Actualités de la Chine, octobre 2015

Voyage de M Xi Jinping au Royaume Uni

Le président chinois, Xi Jinping a visité du 19 au 23 octobre la Grande Bretagne. Il a été reçu par la reine Elisabeth, il a eu des entretiens avec le Premier Ministre, David Cameron et a prononcé un discours devant le Parlement. Il a visité des collèges universitaires, des centres de recherche et des entreprises (Satellite Inmarsat Colombie). Cette visite, qui faisait suite à celle du Ministre des
Finances britannique à Pékin en septembre, a été l’occasion de conclure un accord entre la filiale britannique d’EDF et deux groupes chinois, CGN et CNNC, pour la construction de deux réacteurs EPR à Hinkley Point, dans le sud-est de l’Angleterre. Cet investissement représente un montant de 32 milliards d’euros et permettra de fournir sept pour cent de l’électricité britannique. Outre ce projet, des contrats ont été signés dans les domaines de l’aéronautique, des transports, de la santé, du commerce et de l’audiovisuel, représentant 40 milliards d’euros d’investissements.
Dans une interview, M Xi Jinping a indiqué que les investissements britanniques en Chine avaient augmenté de 88% en 2014. La Grande-Bretagne de son côté est une des destinations majeures des investisseurs chinois, qui s’intéressent à deux secteurs principaux, les transports et le nucléaire. Le Royaume-Uni est le deuxième partenaire commercial de la Chine au sein de l’Union Européenne. La RPC occupe la quatrième place parmi les partenaires commerciaux du Royaume-Uni. La RPC est en lice avec la France et l’Allemagne pour la construction de la ligne ferroviaire à grande vitesse Londres- Birmingham (coût estimé 58 milliards d’euros).

Fin de la politique de l’enfant unique en Chine

La Chine a annoncé, jeudi 29 octobre, la fin officielle de la politique de l’enfant unique. Cette dernière avait été instaurée en 1979 et n’autorisait qu’un seul enfant par couple, sauf exception pour certaines minorités par exemple.
La politique avait déjà été assouplie en 2002 (possibilité d’« acheter » le droit à un deuxième enfant) puis, surtout, en 2013 avec l’autorisation d’avoir deux enfants si l’un des parents était lui-même enfant unique. Désormais, tous les Chinois seront autorisés à avoir deux enfants.
La politique de l’enfant unique paraît avoir atteint son objectif : la natalité en Chine a drastiquement chuté en trente-cinq ans, passant de 33 naissances pour 1 000 habitants en 1970 à 12 en 2013, selon les données de la Banque mondiale.
Logiquement, cette baisse de la natalité a fortement ralenti le taux de croissance de la population chinoise, passé de 2,76 % en 1970 à 0,51 % en 2014.
Conséquence collatérale de cette politique : la part des femmes dans la population a peu à peu diminué, pour atteindre 48,48 % en 2014, soit 106 hommes pour 100 femmes. Le chiffre est encore plus impressionnant au sein de la génération née en 2010, où l’on comptait près de 118 naissances de garçons pour 100 naissances de filles, notamment à cause d’avortements sélectifs.
Ce déficit de filles s’explique par l’état de la société chinoise au sein de laquelle « les femmes sont socialement dévalorisées » et où les familles préfèrent généralement avoir des fils, notait la
démographe Isabelle Attané dans Chinoises au XXIe siècle, paru en 2012. Autre signe de cette préférence masculine, la mortalité infantile des filles atteint ainsi 26,8 % sur la période 2005-2010,
contre 18 % pour les garçons.

29/10 – Alexandre Pouchard – Le Monde.fr (extrait)

La croissance chinoise est au plus bas depuis 2009

Au cours du troisième trimestre le PIB a augmenté de 6.9% en termes de glissement annuel. Des experts pensent que les chiffres officiels sont surévalués et que taux de la croissance réelle se situerait
entre 4.5 et 5%. D’autres indications confirment la tendance au freinage de la croissance. La production industrielle a progressé en septembre au rythme de 5.7, sur un an, en-deçà du chiffre du mois d’août (6.1%). La consommation d’électricité a diminué de 0.2% en septembre. Au cours de ce même mois, les importations se sont effondrées de 18% comparées à septembre 2014 selon les statistiques douanières.
La croissance est freinée par les surcapacités de certaines branches de l’industrie, notamment de l’industrie lourde, la crise du secteur immobilier (la croissance dans ce secteur a été de 2.6% sur les neuf premiers mois de 2015 contre 3.5% en 2014), enfin la faiblesse des exportations ; ces dernières ont diminué de 3.7% en septembre par rapport à la même période de 2014. Par contre la demande intérieure reste dynamique ; les ventes de biens de consommation ont progressé de 10.1% sur un an. Les autorités ont pris plusieurs mesures pour stimuler la croissance. La banque centrale a abaissé ses taux directeurs à cinq reprises depuis novembre 2014 et procède à une libéralisation graduelle de la fixation du coût du crédit ; comme on l’a vu (actualité du mois d’août) le yen a été dévalué. Dans un autre domaine le gouvernement étudie un programme d’investissements dans les domaines des infrastructures : rail, réseau routier, assainissement, production électrique (172 barrages hydro- électriques devraient être construits au cours des prochaines années). Le montant total de ce plan de grands travaux devrait s’élever à 250 milliards d’euros.
Par delà ces mesures assez traditionnelles, le comité central du PCC, réuni du 27 au 29 octobre, a examiné des mesures visant à introduire un nouveau modèle de croissance. Il envisage d’accroitre la part de la consommation intérieure et des services dans l’augmentation du PIB. Il met d’autre part l’accent sur la montée en gamme des productions nationales, les technologies de pointe, l’amélioration de la qualité et le développement humain. Ainsi l’appareil de production chinois sera à même de fabriquer des biens concurrentiels sur les marchés internationaux et de satisfaire aux besoins d’une classe moyenne de plus en plus exigeante. Dans un autre domaine, l’abandon de la politique de l’enfant unique doit être un levier pour stimuler la consommation et la croissance.