Birmanie: la dernière session du Parlement s’achève en chansons

En chansons et dans une atmosphère bon enfant, la dernière session du Parlement birman, dominé par les héritiers de la junte, s’est achevée vendredi. Ils céderont lundi leurs places aux partisans d’Aung San Suu Kyi.

Trois mois après des législatives qui ont constitué un raz-de-marée pour la Ligue nationale pour la démocratie (NLD), la très grande majorité des députés en place depuis cinq ans tirent leur révérence. Une atmosphère aux antipodes de celle de la vie politique birmane cadenassée pendant des décennies par des militaires, qui ont ruiné le pays et l’ont isolé sur la scène internationale.

Mais depuis la mise en place d’un gouvernement semi-civil, le pays s’est peu à peu ouvert: libération de centaines de prisonniers politiques, instauration de la liberté de la presse instaurée, ouverture économique…

Et le pays a finalement organisé des élections libres en novembre 2015 qui ouvrent la voie à l’arrivée du parti d’Aung San Suu Kyi au pouvoir, après près de 30 ans de lutte contre la junte et ses héritiers dont quinze ans en résidence surveillée.

Jeudi,  le  président  Thein  Sein,  qui  restera  en  place  jusque  fin  mars,  a  solennellement  salué  le «triomphe» de la démocratie.

Médecins, poètes, professeurs… la plupart des députés du parti d’Aung San Suu Kyi sont des novices en politique. La NLD a donc renvoyé ses nouveaux élus sur les bancs de l’école pour un cours accéléré sur le Parlement et le droit birmans.

Les défis qui attendent le nouveau Parlement et la prix Nobel de la paix sont en effet immenses.

La Birmanie, qui compte 51 millions d’habitants, reste l’un des pays les plus pauvres de la région. L’éducation comme la santé sont des secteurs en ruine et seule 30% de la population a l’électricité.

Par ailleurs, l’armée reste un poids politique incontournable au Parlement – avec 25% des sièges réservés à des députés militaires non élus.

Depuis sa victoire, Aung San Suu Kyi négocie intensément avec le pouvoir sortant. Elle a de nouveau rencontré le chef de l’armée cette semaine.

En l’état actuel, elle ne peut se présenter en raison d’un article de la Constitution qui bloque l’accès à la magistrature suprême pour les personnes ayant des enfants de nationalité étrangère. Or ses deux enfants sont britanniques.

Si elle obtient l’appui des députés militaires (qui conservent une minorité de blocage de 25% des sièges), elle peut faire changer la Constitution.

«Elle a eu sur sa route de nombreux obstacles, il n’en reste plus qu’un», celui de l’accès à la présidence, estime Khin Zaw Win, spécialiste du pays. «Mais elle a besoin de l’aide des militaires» pour le surmonter.

Après trente ans de lutte contre la junte, Aung San Suu Kyi est désormais aux marches du pouvoir pour la première fois.

29/01 – http://www.20minutes.fr avec AFP  (extrait)