PM Papou: « La Papouasie NG pourrait devenir une porte d’entrée pour la France dans le Pacifique »

Peter O’Neill, Premier ministre de Papouasie-Nouvelle-Guinée, a été à la mi-juin, le premier chef de gouvernement de l’histoire indépendante de son pays à être reçu par un chef d’État français.

Lors de cette entrevue au palais de l’Élysée, jeudi 16 juin 2016, le Président François Hollande a notamment souligné « l’essor » des liens économiques entre la France et ce pays mélanésien de plus de sept millions d’habitants et qui détient aussi d’énormes gisements de ressources naturelles (pétrole, gaz naturel, or, argent, nickel).

Outre le prédominant dossier économique, le Président français a aussi abordé celui de la lutte contre le changement climatique « car c’est un territoire menacé par les dérèglements », a ajouté la Présidence dans un communiqué.

Autre sujet, moins consensuel, auquel a fait allusion le Président français : les droits humains, souvent mis à mal en Papouasie-Nouvelle-Guinée, où la police est fréquemment montrée du doigt dans des affaires de corruption et de violences.

Au cœur des relations franco-papoues : le projet Total

Cette rencontre à Paris intervient alors que le groupe français Total a renforcé fin mai 2016 sa position dans un énorme projet d’extraction et de production de gaz naturel liquéfié en Papouasie-Nouvelle-Guinée, sur les sites-gisements souterrains Elk et Antelope, dans la province du Golfe (île principale).

Les premiers accords de prospection ont été signés en 2012 par Total avec les entreprises Oil Search et InterOil Corporation.

Fin mai 2016, le géant français a annoncé le rachat d’une importante part d’un des partenaires majeurs dans ce projet, la société InterOil.

Cette transaction aura lieu une fois que le rachat d’InterOil par Oil Search, annoncé quasi-simultanément, aura été finalisé, pour une valeur annoncée de quelque 2,2 milliards de dollars US.

Le rachat concerne soixante pour cent des intérêts d’InterOil dans le permis PRL 15 et 62 pour cent de ses intérêts dans les autres permis d’exploration locaux.

Selon Total, ce protocole d’accord « devrait être fortement créateur de valeur pour les actionnaires d’Oil Search, d’InterOil et de Total », en permettant de « conforter l’acquisition de InterOil par Oil Search en prévoyant la cession partielle d’intérêts dans le permis PRL 15 et ainsi en dégageant des liquidités pour les actionnaires de Oil Search et d’InterOil », d’ « établir le cadre d’un partenariat aligné entre Total et Oil Search, avec des intérêts significatifs dans le projet Papua LNG, tout en permettant l’entrée éventuelle de nouveaux partenaires dans le projet, y compris des acheteurs de GNL (gaz naturel liquéfié)».

Début avril 2016, Patrick Pouyanne, PDG de Total, se trouvait en Papouasie-Nouvelle-Guinée.
Sa visite était alors perçue comme un signe que le groupe français entendait mener à bien la réalisation de cet énorme projet.

À l’issue d’une rencontre avec le dirigeant français, le Premier ministre papou, Peter O’Neill, avait alors précisé qu’une décision définitive de mobilisation (et des investissements initiaux de l’ordre de dix milliards de dollars US) devrait intervenir courant 2017 et que Total et ses partenaires pouvaient compter sur le soutien du gouvernement papou.

Au plan local, ce projet gazier devrait générer une dizaine de milliers d’emplois directs et induits, a ajouté M. O’Neill.

Montée en puissance en Papouasie-Nouvelle-Guinée

Cet accord concerne en particulier le bloc PRL-15 en Papouasie-Nouvelle-Guinée, où ont été découverts les champs d’Elk (en 2006) et d’Antelope (en 2009).

La découverte de ces deux gisements est considérée comme l’une des plus significatives de ces dernières années pour toute la région Asie-Pacifique.

Selon les deux groupes signataires, l’objectif commun est de « poursuivre l’appréciation de ces deux découvertes tout en poursuivant l’exploration de nouvelles ressources sur ce permis. Ces travaux devraient déboucher d’ici 2016 sur une décision finale d’investissement pour le développement des champs et la construction d’une usine de GNL (gaz naturel liquéfié) à terre dans le Golfe de Papouasie».

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Total précisait en décembre 2013 qu’elle prenait une option sur les blocs d’exploration PPL-236, PPL-237 et PPL-238 dans la même zone.

Les premiers pas de Total sur le marché de la Papouasie-Nouvelle-Guinée remontent à octobre 2012, avec la signature de plusieurs accords avec la société Oil Search Limited en vue de prendre des parts dans des activités de prospection on shore et offshore.

Ces activités de prospection concernent deux concessions à hauteur de 40 pour cent et une autre à hauteur de 50 pour cent, le tout étant situé dans le Golfe de Papouasie, dans des eaux atteignant jusqu’à 100 mètres de profondeur.

Un premier projet de gaz naturel liquéfié, piloté par le géant américain ExxonMobil, est sur le point d’entrer en production.

Dans le cadre de ce projet américain, fin 2009, la société française SpieCapag (Groupe Vinci) a décroché un marché de quelque 800 million de dollars US pour la construction du gazoduc terrestre.

28/06 – Flash d’Océanie (extrait)