Les relations entre l’union européenne et la Corée du sud vont prendre une nouvelle dimension.

Les relations entre l’Union européenne et la Corée du sud sont devenues plus étroites, surtout sur le plan économique. Mais le changement du contexte géopolitique fait que cette relation va prendre une nouvelle dimension, en particulier dans le domaine de la défense.

C’est au début des années 1960 que remonte la relation entre l’Europe et la Corée du sud. A l’époque ce pays, qui n’était pas sorti du sous-développement, envoyait nombre de ses jeunes en Allemagne de l’ouest, comme Gastarbeiter. Les hommes travaillaient dans les mines. Les femmes étaient employées comme aides ménagères. L’Allemagne de l’ouest avait besoin de main d’oeuvre dans ces années du boom économique de l’après-guerre et la Corée du sud avait besoin d’argent. Même si elle n’accueillait pas spontanément les immigrants africains, l’Allemagne de l’ouest accueillait volontiers les Coréens car, comme l’Allemagne, leur pays était divisé et ils partageaient la même hostilité au communisme.

Les transferts d’argent des travailleurs immigrés vers leur pays d’origine étaient les bienvenues par la Corée du sud, dont le produit intérieur brut par habitant au début des années 60,ne dépassait pas les 100$ par an. Il en était de même de l’aide au développement que la Corée du sud recevait de la République fédérale d’Allemagne.

Les choses ont changé. La Corée du sud se situe au 15ème rang mondial en termes de produit national brut (en parité de pouvoir d’achat) et est de l’ordre de 35000$ par habitant. Elle fait maintenant partie du comité d’aide au développement de l’OCDE et est le seul membre de cette organisation qui est passé du statut de pays assisté au rang de pays donateur. 3 % des exportations mondiales viennent de Corée du sud.

Les relations économiques entre la Corée du sud et l’Union européenne (UE) sont fortes. En 2014 plus de 9 % des exportations sud coréennes étaient à destination de l’UE ce qui en faisait le troisième client de la Corée du sud et plus de 11 % des importations venaient de l’Europe ce qui en faisait le deuxième fournisseur. L’accord de libre-échange ente l’UE et la Corée du sud signé en 2009 qui éliminait les droits de douane sur les produits industriels et agricoles, est entré en vigueur en 2011 et a stimulé les échanges. C’était le premier accord de libre-échange entre un pays asiatique et l’UE.

Un an après la signature de l’accord de libre-échange, l’UE et la Corée du sud ont approfondi leur relation bilatérale en la faisant passer sur le plan de la coopération stratégique. Selon un accord-cadre entré en vigueur en 2014, cela inclut le renforcement des relations politiques, économiques et de coopération dans le domaine de la sécurité et du développement international. Des points spécifiques concernent la lutte contre la prolifération des armes de destruction massive, les droits de l’homme, le changement climatique et l’aide au développement. De plus, début 2014 un accord cadre a été signé sur la coopération militaire prévoyant een particulier des opérations conjointes de la lutte contre la piraterie maritime.

Dans le domaine très important de la sécurité dans la péninsule coréenne, ce sont évidemment les Etats-Unis et la Chine qui jouent les premiers rôles. Mais les Etats membres de l’Union européenne jouent un rôle de second plan qui est significatif. L’Union européenne s’oppose énergiquement au programme nucléaire de la Corée du nord ainsi qu’au développement de ses missiles balistiques. Le plupart des Etats de l’EU participent à l’initiative contre la prolifération, une organisation que la Corée du nord considère comme hostile et l ‘UE a appliqué les sanctions contre la Corée du nord qui ont été définies par les résolutions du Conseil de Sécurité. Cependant en ce qui concerne la Corée du nord, l’UE ne s’aligne pas sur les Etats-Unis et a sa politique propre. 26 des 28 Etats de l’UE ont des relations diplomatiques avec la Corée du nord alors que les Etats-Unis et la Corée du sud n’en ont pas. Et 7 ont des ambassades à Pyongyang.

L’UE a ressenti des frustrations politiques et des pertes financières quand l’accord de 1994 sur le programme de dénucléarisation de la Corée du nord a été rompu en 2003. Cependant avec des relations économiques fortes avec la Corée du sud et des relations diplomatiques avec la Corée du nord, l’UE est dans une bonne position pour faire baisser la tension dans la péninsule coréenne. Certains pensent qu’il est regrettable que l’UE n’ait pas utilisé ce potentiel.

Les choses peuvent changer avec l’élection de Moon Jae-in à la présidence de la Corée du sud en mai 2017 qui veut relancer le dialogue entre les deux Corées. L’idée d’un dialogue entre les deux Corées promu et soutenu par l’UE est une perspective attrayante particulièrement avec une administration américaine qui depuis l’accession à la présidence de Donald Trump, est particulièrement réticente à faire des pas dans cette direction.

Publié dans The global Think Tank par

Steven Denney

Université de Toronto

(traduit par JC Cady)