La Chine reproche à l’Australie « l »hystérie » du débat sur les influences étrangères.

Le mardi 5 décembre 2017, l’Australie a dévoilé des propositions pour empêcher l’interférence étrangère dans la politique intérieure. La veille, le premier ministre australien, Malcolm Turnbull avait signalé des rapports préoccupants sur l’influence chinoise et avait annoncé de mettre un frein aux ingérences étrangères, tout en précisant que ces mesures n’étaient pas dirigées contre un seul pays.

Les lois que le premier ministre va proposer devraient améliorer le contrôle des donations étrangères à des partis politiques et lutter contre l’espionnage et la désinformation.

L’ambassade de Chine à Canberra a vivement critiqué les hommes politiques et les médias australiens, disant qu’ils portent atteinte à la confiance entre les deux pays. Le communiqué de l’ambassade de Chine déclare que les informations récentes diffusées par la presse sont fausses, qu’elles ne reposent sur rien et qu’elle procèdent d’une mentalité de guerre froide qui se traduit par une hystérie et une paranoïa anti-chinoises.

Même si elle ne citait pas spécifiquement de médias, l’ambassade avait été, dans un passé récent très critique à l’égard d’enquêtes faites par l’Australian Broadcasting Corporation (ABC) et Fairfax Media dans des universités indiquant qu’au cours des derniers mois, des étudiants chinois dans ces universités s’étaient plaints de documents pédagogiques incorrects ou insultants à l’égard de la Chine. Ils s’agissait de documents relatifs à Taïwan ou à la Mer de Chine du sud. Les professeurs dans ces universités ont exprimé leur préoccupation que toute expression critique à l’égard de la politique chinoise devienne impossible, portant ainsi des atteintes sérieuses à leur liberté d’expression.

Dans l’enquête qu’ils avaient faite, ABC et Fairfax avaient signalé qu’il y a deux ans les services de renseignement avaient mis en garde les hommes politiques australiens contre le fait d’accepter des dons de deux milliardaires ayant partie liée avec le parti communiste chinois. Malgré cette mise en garde, les membres du parti libéral (conservateur) et du parti travailliste ont continué à accepter des dons. Les services de renseignement exprimaient la crainte que ces dons permettent à Pékin d’accéder aux institutions australiennes.

Fin novembre, un parlementaire travailliste australien Sam Dyastari a démissionné de ses fonctions de leader adjoint de l’opposition après que la presse ait révélé qu’il avait prévenu un homme d’affaires chinois que son téléphone était probablement surveillé par les services de renseignements.

Un porte-parole du ministère chinois des affaires étrangères a déclaré le 4 décembre que ces allégations sont totalement infondées et que Pékin observe le respect mutuel de la souveraineté et de la non-ingérence dans les affaires intérieures des pays tiers et a saisi cette occasion pour « appeler les personnes concernées du côté australien à abandonner leurs préjugés ».

Selon les statistiques publiées en juillet 2017 par le ministère australien de l’éducation, les étudiants chinois représentent 29 % des 565 000 étudiants étrangers qu’accueille l’Australie. Le 16 octobre 2017, Julie Bishop, ministre australien des affaires étrangères avait déclaré que les étudiants chinois sont les bienvenus en Australie, à condition qu’ils respectent les valeurs australiennes parmi lesquelles se trouve la liberté d’expression.

Il est à noter que, sur un plan plus général, la Chine, qui est le premier exportateur de la planète, est aussi le premier exportateur d’étudiants. En 2015, 1,25 million d’étudiants chinois étaient inscrits dans des universités étrangères, principalement anglophones. Ces étudiants représentaient le quart de tous les étudiants à l’étranger.

Jean-Christian Cady

(à partir d’informations parues dans The Economist et l’AFP)