Abdication prochaine de l’empereur du Japon.

Il le voulait depuis plusieurs années. Sa santé était chancelante. Avec des troubles cardiaques et un cancer, il ne pouvait plus d’assumer comme il l’aurait voulu son rôle de monarque constitutionnel. L’empereur Akihito avait laissé entendre sa volonté d’abdiquer dans des entretiens avec le premier ministre. Il y avait même fait allusion en 2016 lors d’une de ses rares allocutions télévisées. C’était la troisième fois que l’empereur du Japon s’adressait à son peuple. La première fois c’était en 1945, Hirohito annonçait la défaite. La seconde fois c’était en 2011 : Akihito s’était exprimé lors de la Catastrophe de Fukushima.

Au Japon, l’empereur n’abdique pas. Ou rarement. La dernière abdication remontait à 1817. C’était l’empereur Kokaku. Et avant lui c’était Ogimachi en 1587.

Mais cela c’était d’autres temps. Le Japon n’avait pas de constitution à cette époque. Dans la Constitution japonaise de 1947, fortement inspirée – et certains ont même dit imposée – par les Etats-Unis qui occupaient le Japon, l’empereur a très peu de pouvoirs : un rôle de représentation. Il nomme le premier ministre désigné par la Diète. Il nomme aussi le président de la cour suprême désigné par la Diète. Mais si le rôle du monarque est explicité dans la constitution, rien n’y figure sur la possibilité de démissionner.

Enfin l’autorisation est venue. Le Parlement japonais a voté une loi en juin 2017 autorisant l’empereur à abdiquer à la date de son choix. Akihito, âgé actuellement de 83 ans, abdiquera en avril 2019. Le règne d’Akihito ayant commencé en 1989, aura duré 30 ans. Naruhito, son fils né en 1960 lui succédera.

Cette succession préparée en douceur n’aura sans doute aucun impact sur la politique du Japon. Même si la monarchie japonaise est la plus ancienne du monde – l’histoire, mais surtout la légende, la faisant remonter jusqu’au 6ème siècle avant notre ère – son impact dans les affaires publiques est faible.

Des origines de l’archipel jusqu’à l’ère démocratique actuelle en passant par la période féodale des Tokugawa, l’ouverture Meiji, la période impérialiste, qui s’est conclue en 1945 qui aurait pu aboutir à la fin de la monarchie, la liste des monarques est ininterrompue et l’institution perdure. Certes le Japon a vécu une désacralisation de cette fonction. L’empereur n’est plus un demi-dieu. Il n’a pratiquement aucun pouvoir. Mais il est perçu comme un facteur de stabilité et une incarnation du lien très fort que le Japon veut maintenir avec son histoire.

Jean-Christian Cady