L’aluminium chinois inquiète l’Europe.

Après les sidérurgistes, qui ont ferraillé contre l’acier à bas coût venu de Chine, c’est au tour des producteurs français d’aluminium de tirer la sonnette d’alarme face au dumping chinois. Alors que Washington a lancé, pour la première fois depuis vingt-cinq ans, une procédure pour enquêter sur des subventions présumées de Pékin sur certaines catégories de feuilles d’aluminium importées aux États-Unis, les patrons français craignent que l’Europe a des droits de douane insuffisants pour se protéger contre le dumping chinois.

La Chine a d’importantes surcapacités de production et subventionne probablement la production d’aluminium en lui appliquant de très bas tarifs d’électricité. Or la production de l’aluminium, qui se fait par électrolyse, nécessite de grandes quantités d’électricité, environ deux fois plus que la production de l’acier. Les industriels européens sont inquiets estimant que les droits de douane qui protègent l’industrie européenne sont très faibles, seulement 7,5 % par exemple sur les tôles, les bobines ou les profilés  d’aluminium.

Depuis 2007, les importations de tôles, bobines et profilés chinois en Europe ont augmenté de 79 %. Aujourd’hui, le marché européen vit à 50% des importations. Le nombre d’usines produisant de l’aluminium en Europe est tombé d’une quarantaine dans les années 1990, à 15. Cette année, grâce à la remontée du cours de l’aluminium, l’étau s’est un peu desserré sur cette industrie qui pèse 5 milliards d’euros de chiffre d’affaires annuel et 11 000 emplois. Soutenu par la reprise mondiale, le cours est remonté à environ 2 000 euros la tonne, des niveaux inconnus depuis cinq ans.

Les industriels européens souhaitent obtenir la création d’un forum de l’aluminium lors du prochain G20, en juillet 2018. Objectif : négocier avec la Chine une réduction de ses surcapacités, à l’image de ce qu’ont obtenu les sidérurgistes pour l’acier. Une demande que les Chinois peuvent entendre. La Chine a déjà, sous couvert de limiter la pollution hivernale, suspendu la production dans certaines usines. Certains experts espèrent désormais que ces fermetures seront définitives.

Un autre matériau fait l’objet de l’inquiétude des industriels. Le silicium qui est utilisé à la fois comme élément d’alliage avec l’aluminium dans l’industrie automobile et aéronautique lais surtout par l’industrie des semi-conducteurs. Sur les 7,6 millions de tonnes de la production mondiale annuelle, 4,5 millions de tonnes sont produits par la Chine.

En raison du dumping de Pékin, l’Europe a imposé des droits de douane sur le silicium. L’an dernier, ils ont été ramenés à 16,8 %, bien loin du taux de 139 % appliqué par les États-Unis ou du taux de 235 % décidé par le Canada. Si le prix du silicium baisse de 20% en Europe, du fait d’une baisse de la barrière douanière, ce sont plusieurs usines qui fermeraient en Allemagne, Espagne et en France, où la filière totalise mille emplois.

Article rédigé à partir d’informations parues dans Le Figaro

9 décembre 2017