La marine de la République de Corée
La Marine de la République de Corée comporte quelque 68 000 personnes (y compris le corps des fusiliers marins), et met en œuvre 70 aéronefs et 120 navires.
Elle dépasse sa rivale nord-coréenne en tonnage, malgré un nombre de coques plus réduit. Elle s’inspire de l’US Navy, qui lui avait fourni des navires d’occasion au début de sa montée en puissance. Sa structure est articulée en trois flottes et demi, assignées à la Mer de l’Est, à la Mer jaune, au détroit de Corée et à une sorte de réserve de manœuvre : le groupe de manœuvre de combat (MCG) qui constitue la nouveauté de sa récente réorganisation[i]. Elle comporte aussi un commandement de sous-marin (SC) et un commandement d’aviation navale (NAC).
Les navires d’assaut amphibie (LPH) de classe Dokdo, sont avec leurs 18 800
tonnes les plus grands bâtiments jamais construits par la Marine sud-coréenne,
la tête de série de ce nom ayant été admise au service en 2007. Le second vaisseau, le Marado, est
livré mais pas encore admis en service actif. Un troisième est prévu. Conçus
pour recevoir sur leur pont de presque 200 m jusqu’à 5 hélicoptères, ils
peuvent en transporter 10 ainsi que du matériel de campagne terrestre et 700
hommes qu’ils peuvent mettre à terre par des embarcations diverses, dont deux
aéroglisseurs. Il est prévu que le pont puisse éventuellement être modifié pour
mettre en œuvre des aéronefs VTOL – comme l’envisagent les Japonais pour leur
propre classe Izumo, dont le pont est toutefois plus long de 50 m[ii].
Cet accroissement de capacité risque encore de poser un problème diplomatique,
un porte-aéronef étant considéré comme plus offensif qu’un porte-hélicoptère,
bien que ce dernier type soit conçu pour donner l’assaut[iii] !
A noter que le nom de Dokdo correspond aux îles nommées Liancourt en français,
qui sont l’objet d’un litige avec le Japon.
Le Dokdo présente son pont d’envol droit marqué pour cinq hélicoptères lourds mais qui pourrait être modifié pour la mise en œuvre d’avions STOVL comme le F-35B. Photo Military Today.
Les forces sud-coréennes de haute mer comptent douze frégates, toutes récentes. Les plus anciennes sont les trois de la classe Gwanggaeto le Grand de 3900 tonnes, mises en service en 1998 (Guanggaeto), 1999 (Eulji Mundeok) et 2000 (Yang Manchun) (une frégate de ce modèle a été commandée en 2013 par la Thaïlande). Elles sont armées d’un canon de 127 mm, de 8 missiles AGM-84 Harpoon, de 16 missiles RIM-7 Sea-sparrow et de torpilles. Elles peuvent mettre en œuvre deux hélicoptères chacune.
Elles ont été suivies par les six de la classe Chungmugong Yi Sun-sin de 4800 à 5000 tonnes :Yi Soon Chin (2003), MunMu (2004), Daejoyoung (2005) Wang Geon (2006) Gang Gamchan (2007) et Choi Young (2008) d’armement comparable (canon, 32 missiles Mk-41 VLS, hélicoptères Super-Lynx)[i].
Elles ont enfin été rejointes par les trois de la classe Sejong le Grand de 8500 à 9000 tonnes : les Sejong (2008), Yulgok (2011) et Seong-ryong (2012). Ces frégates lourdes ont un rôle comparable à celui des Arleigh Burke américaines, avec toutefois une moindre intégration systémique de la défense aérienne. Elles comportent 80 cellules de missiles anti-aériens SM-2/3B, 32 cellules de missiles de croisière Yunmoo-3 et 16 cellules de missiles anti-sous-marins Chung Sang Eo, ces deux derniers types étant de fabrication coréenne. Elles mettent en œuvre deux hélicoptères Super-Lynx
Sur le château du Sejong, deux des antennes octogonales du système anti aérien AEGIS sont clairement visibles. Le bâtiment sur son tribord arrière est le Dokdo. Photo Military Today.
Tout récemment, la frégate Daegu, tête de série du programme FFX-II, a été officiellement réceptionnée. Longue de 122 m et déplaçant 2800 tonnes, elle est armée de 8 missiles anti-navire, 16 missiles surface-air à lancement vertical, une tourelle de 127 mm, un système multitubes Phalanx, de l’artillerie légère et 6 tubes lance-torpilles. Elle peut embarquer un hélicoptère de classe 10 tonnes[i]. Les contrats portent déjà sur six unités pour la classe.
S’y ajoutent des unités plus petites : les six frégates de la classe Incheon destinées à remplacer les neufs frégates de la classe Ulsan. Jaugeant 2350 tonnes et mises en service de 1981 à 1993, elles sont armées de canons de 76 mm, de missiles Harpoon et de torpilles, mais dénuées d’hélicoptères.
Dans la catégorie des corvettes légères, les 21 navires de la classe Pohang[ii] de 1200 tonnes et les 75 de la classe Chamsuri vont être progressivement remplacés par un nombre nettement plus faible de patrouilleurs de la classe Gumdoksuri introduits en service à partir de 2008, lourds de 500 tonnes armés d’un canon de 76 mm et de 4 missiles anti-navires Hae Sung.
Enfin des patrouilleurs lance-missiles et des patrouilleurs légers (de classes 200 tonnes et 100 tonnes environ) répondent à la très grande quantité de bâtiments du même type armés par la Corée du Nord.
La Corée du Sud possède un groupe de sous-marins diesel-électriques. Il regroupe neuf Type 209 de la classe Chang Bogo, de 1200 tonnes, armés de Harpoon et de torpilles, acquis dans les années 1990 et dont Daewoo a extrapolé une version pour l’exportation à l’Indonésie, et neuf Type 214 de la classe Son Won il de 1800 tonnes, à propulsion anaérobie AIP, construits par la Corée du Sud avec l’aide technique de HDW (firme allemande conceptrice). Neuf sous-marins de poche, de 80 tonnes, répondent à la flottille correspondante (même légèrement plus lourde) du Nord.
Une nouvelle classe devrait faire son apparition, aux alentours de 2020, avec la réalisation du programme KSX-III qui prévoit la construction de neuf sous-marins de 3 700 tonnes en plongée[iii] conçus pour des missiles de croisière Chonryong coréens. Un armement en missiles balistiques a même été évoqué. Rappelons que le MTCR (Missile Technology export Control Régime) limite les exportations de missiles à une portée de 300 km pour un emport de 500 kg. Dépasser ces valeurs en s’abstenant d’exporter est licite… mais tend à induire des difficultés diplomatiques ou « d’amicales pressions », comme celles déjà exercées par les Etats-Unis.
L’aéronavale met en œuvre 8 avions de patrouille maritime Lockheed P3C et autant de P3CK, des hélicoptères (Super-Lynx, Wildcat, Huey et Black-Hawk), quelques avions de servitudes F406, et des drones depuis ses bases de Jeju, Jinhae et Pohang. La couverture aérienne et l’attaque sont du ressort de l’Armée de l’Air.
Denis LAMBERT
[i] Vincent GROIZELEAU, « La Corée du Sud réceptionne sa nouvelle frégate », https://www.meretmarine.com/fr/content/la-coree-su-sud-receptionne-sa-nouvelle-fregate
[ii] Le Pohang, tête de série de ce nom, a déjà été converti en musée dans le port dont il porte le nom.
[iii] US Naval Institute
[i] https://www.globalsecurity.org/military/world/rok/kdx-2-specs.htm
[i] https://www.globalsecurity.org/military/world/rok/navy.htm
[ii] Tokyo a confirmé l’achat de 42 F-35B pour équiper la classe Izumo.
[iii] et accessoirement (et plus récemment) participer au secours humanitaire.