Centenaire du Parti communiste chinois

Source : https://francais.cgtn.com/subject/Les-100-Ans-Du-PCC

Cent coups de canon ! Ce n’est pas la naissance d’un dauphin que fête Beijing aujourd’hui, c’est la prolongation non pas d’une idéologie mais d’un système. Et tout y est symbole.

La date : 1er juillet, alors que le PCC fut fondé le 23. Mais le choix du 1er évoque le 1er octobre 1949 où fur proclamée la république populaire. Elle est donc plus grandiose, et rapproche Xi de Mao. Accessoirement, la date du 1er évite une confrontation médiatique avec l’ouverture des jeux olympiques de Tokyo. Mao contre les majorettes : qui aurait gagné ?

Le lieu : Beijing et non pas Shanghai, où fut pourtant historiquement fondé le parti communiste chinois. Mais Beijing seule est capitale, Beijing est le lieu du pouvoir, alors que Shanghai reste associée dans le souvenir chinois à la période coloniale des Concessions[1], puis à l’origine de la « bande des quatre »[2], et enfin à Jiang Zemin[3], dont l’influence perdure encore pour tenter de s’opposer aux excès de Xi Jinping.

L’acteur : le rôle de Mao Zedong est magnifié alors qu’il n’était encore qu’un petit agitateur inconnu dont l’intelligence stratégique – éventuellement au mépris de son pays – n’avait pas eu le temps de se manifester. Mais qui – en France par exemple – a entendu parler des deux dirigeants principaux Chen Duxiu et Li Dazhao ? Le nom est important, dans un pays imprégné (fut-ce contre son gré) des actions du « grand timonier ». La « pensée Mao Zedong » est inscrite dans la charte du PCC… et la « pensée Xi Jinping » aussi.

Il est vrai que la fondation du PCC a eu un poids déterminant sur l’avenir de la Chine, d’abord dans l’alliance avec le Guomindang puis dans sa lutte contre lui jusqu’à la victoire et la fondation de la Chine populaire. Avec le succès de la réforme agraire initiale, mais aussi sa collectivisation meurtrière, et les soubresauts les plus terrifiants de la « campagne des cent fleurs » et du « grand bond en avant » jusqu’à la « grande révolution culturelle prolétarienne ». Des dizaines de millions de morts.

Le PCC est longtemps resté réservé à une infime minorité. Des convaincus. Actuellement fort de 95 millions de membres, il représente une marche nécessaire pour la réussite d’une carrière – dans quelque domaine que ce soit. C’est aussi un outil de choix pour l’encadrement des citoyens, à travers ses membres. Les toutes-puissantes commissions de disciplines peuvent en effet casser un cadre du PCC et le rejeter hors du parti – ce qui met fin à tous ses espoirs. Il n’y a pas que la reconnaissance faciale pour assurer la mainmise sur les individus : la pression humaine des dénonciations est un instrument sociologique aussi puissant.

Cent coups de canon ! Ce n’est pas un prince héritier riche d’avenir dont la naissance est célébrée, c’est la prolongation d’un empereur qui tient le pouvoir d’une griffe de fer et qui célèbre l’instrument de son pouvoir.

Denis LAMBERT


[1]    Le PCC fut historiquement fondé dans la concession française au 16 rue Huangpi (autrefois rue Wantz).

[2]    C’est à Shanghai que Jiang Jing gagna sa notoriété grâce à l’appui de Kang Sheng, patron des services secrets du PCC qui la présenta à Mao qui en fit son épouse numéro quatre.

[3]    Maire puis secrétaire général du PCC de Shanghai, il fut intronisé par Deng Xiaoping pour diriger la Chine de 1993 à 2003. Il semble bien porter ses 94 ans.