L’Australie critique le soutien de la Chine à des projets inutiles dans le Pacifique.

L’Australie a critiqué de manière cinglante les efforts de la Chine pour accroître son influence en s’attirant les bonnes grâces de petits pays du Pacifique en finançant des projets d’infrastructures qui seront peu utilisées.
« Le Pacifique est plein de ces bâtiments qui ne servent à rien et qui ne sont pas entretenus » a déclaré le 10 janvier 2018, Concetta Fierravanti-Wells, ministre australien pour le développement international et le Pacifique. « Nous ne voulons pas construire des routes qui ne mènent nulle part. Nous voulons que les infrastructures que nous aidons, servent au développement économique ou à l’amélioration de la santé de ces pays » a-t-elle ajouté.
La réponse de Pékin a été rapide et est venue du ministère des affaires étrangères qui a déclaré que les déclarations australiennes étaient pleines de préjugés et d’ignorance et a conseillé à Mme Fierravanti-Wells de faire un peu d’introspection. Le ministère chinois a ajouté que la Chine respecte la volonté des pays du Pacifique et que les projets de développement qu’elle a financés ont réellement aidé la population.
Cette prise de bec entre l’Australie et la Chine risque d’aggraver les relations entre les deux pays qui s’étaient détériorées le mois dernier quand Canberra a élaboré des projets de loi pour lutter contre les menaces croissantes d’espionnage et d’interférence de pays étrangers dans les affaires intérieures australiennes. Ces lois ont été motivées par des allégations d’espionnage et d’influence chinoise sur des parlementaires australiens et veulent supprimer la possibilité pour les partis politiques ou les parlementaires australiens de recevoir des donations venant de pays étrangers. Elles obligeraient les lobbyistes de révéler s’ils travaillent pour des groupes étrangers.
Ces craintes avaient conduit à la démission de Sam Dyastari, un sénateur de l’opposition travailliste qui avait reçu de l’argent chinois et avait ensuite appelé l’Australie à soutenir les revendications territoriales de Pékin dans la Mer de Chine du sud, une position contraire à celle de son parti.

« Nous encourageons la Chine dans une aide au développement productive et efficace et nous ne voulons pas financer des projets qui ne servent à rien » a ajouté Mme Fierravanti-Wells.

Selon le Lowy Institute, un think tank basé à Sydney, l’aide de la République Populaire de Chine aux pays du Pacifique depuis 2006 a été la suivante :

Timor Leste 52,16 millions de dollars
Papouasie Nouvelle Guinée 632,46  »  »
Micronésie 40,6  »  »
Vanuatu 243,48  »  »
Fidji 359,8  »  »
Samoa 230,12  »  »
Tonga 172,06  »
Iles Cook 49,86

Il n’est pas certain que l’Australie soit suivie par les pays du Pacifique dans cette attaque contre l’aide chinoise au développement qui va s’accroître dans les années à venir dans le cadre de l’initiative One Belt One Road. Le premier ministre de Papouasie Nouvelle-Guinée, M. Peter O’ Neill vient de faire une déclaration positive sur l’aide que son pays reçoit de la Chine. Même si la plupart des pays donateurs veulent introduire une rationalité et une logique dans leurs programmes d’assistance, ils restent soumis au point de vue du pays récipiendaire sur la finalité et l’utilité du projet.

Traduit à partir d’un article du Financial Times
par Jean-Christian Cady