Le Mexique suspendu aux choix de Donald Trump

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 « Pendant la campagne, le futur Président a menacé de remettre en cause l’accord de libre-échange nord-américain (ALENA en vigueur depuis 1994) et d’ériger un mur entre les deux pays ….. Cet accord aurait provoqué des délocalisations en masse et détruit des milliers d’emplois ». Depuis l’élection de Trump, le peso a perdu 11% face au dollar. Cependant, D. Trump a « adouci son discours » et a aussi affirmé qu’une de ses premières mesures serait d’annuler la ratification du Partenariat Transpacifique (TPP)… « Il sera plus difficile de détricoter l’ALENA, …. mais une renégociation n’est pas exclue ». « Nous sommes prêts à moderniser un accord qui n’a pas été touché depuis 22 ans », selon un diplomate mexicain. L’ALENA a créé une zone de prospérité en Amérique du nord, par exemple « le commerce avec le Mexique génère près de 5 millions d’emplois directs aux Etats-Unis, … les entreprises américaines ont réalisé, grâce à l’ALENA, d’importants gains de compétitivité car elles font la R&D aux Etats-Unis et disposent d’une main d’œuvre moins chère au Mexique, où le coût de la main d’œuvre est estimé à 4$ contre 23 $ aux USA», Adriana Meyer de la COFACE.

L’inconnue Trump représente un risque réel pour le Mexique alors que la croissance du PIB sera de 2% environ en 2016, contre 2,5% en 2015. L’agenda réformateur ambitieux du Président Enrique Pena Nieto : fiscalité, marché du travail, ouverture à la concurrence dans l’énergie et les télécommunications, éducation…. tarde à produire ses effets. La réforme clé du secteur pétrolier avec le mastodonte public Pemex, a souffert de l’effondrement des prix du pétrole depuis l’été 2014. La production a chuté, « les premières enchères ouvertes aux entreprises étrangères n’ont pas suscité l’enthousiasme », et le Mexique doit importer du pétrole raffiné. Le pays a besoin d’investissement public dans les infrastructures, l’éducation, la santé….». Paradoxalement, la chute du peso liée à l’élection de Trump pourrait « doper la compétitivité du Mexique qui s’est imposé ces dernières années comme rival de la Chine avec des coûts salariaux plus faibles ».

29/11 – Anne Cheyvialle – Le Figaro (extrait)