Pour la première fois dans le monde, un EPR démarre en Chine

La Chine remporte donc la bataille de l’ouverture mondiale du premier réacteur nucléaire de la troisième génération, l’ EPR (Evolutionary Power Reactor), devant Flamanville (France), Olkiluoto (Finlande), Hinkley Point (Royaume-Uni), Jaitapur (Inde) qui ont accumulé retards et surcoûts. EDF détient une part de 30% du projet et CGN (China General Nuclear Power) 70% . EDF participe à la construction d’un deuxième EPR en Chine. EDF a investi un milliard d’euros de fonds propres dans ce projet.

La première réaction en chaîne contrôlée du réacteur nucléaire de la centrale EPR chinoise de Taishan, sur la côte de la Mer de Chine méridionale, dans la province de Guandong a été lancée le 7 juin 2018. Cela permettra de lancer les tests préalables à sa mise en service, a déclaré le 6 juin EDF, qui opère ce projet aux côtés du maître d’oeuvre China General Nuclear Power (CGN).

C’est donc la première fois qu’un EPR va entrer en fonctionnement, alors que les retards continuent de s’accumuler sur les chantiers du même type aux quatre coins de la planète : Flamanville (France), Olkiluoto (Finlande), Hinkley Point (Royaume-Uni), Jaitapur (Inde).

Le réacteur n’est pas à ce stade connecté au réseau. L’objectif est d’y parvenir d’ici la fin de l’année.
Au Royaume-Uni, CGN et EDF sont déjà associés dans le pharaonique projet d’Hinkley Point C qui a obtenu le feu vert du gouvernement britannique en septembre 2016, après avoir fait l’objet de nombreuses controverses, en France comme au Royaume-Uni et qui ne devrait commencer à fonctionner qu’au milieu des années 2020.

Compte tenu des retards des chantiers de Flamanville (Manche) et d’Olkiluoto (Finlande), l’EPR de Taishan est le premier réacteur dit de « troisième génération » à démarrer dans le monde. Le premier béton avait été coulé à Taishan en 2009, soit presque deux ans après Flamanville et quatre ans après le finlandais. Pour autant, malgré le retour d’expérience issu des deux premiers chantiers, l’EPR de Taishan a quand même accumulé quatre années de retard par rapport à l’accord conclu en novembre 2007, pâtissant notamment des défauts constatés sur les équipements français et notamment des anomalies sur les cuves forgées à l’usine AREVA du Creusot.

Les négociations avec l’administration chinoise sur le prix d’achat de l’électricité issue de Taishan sont toujours en cours. Au-delà, CGN a toujours dit qu’il attendait que le premier EPR entre en service, avant d’en commander d’autres. Les déboires actuels de Westinghouse, placé sous le régime des faillites aux Etats-Unis, donnent du grain à moudre aux Français. Mais les Chinois entendent surtout être autonomes et assurer le succès leur propre réacteur de troisième génération, le Hualong.
 
Jean-Christian Cady
à partir d’informations publiées dans Les Echos, La Tribune, Europe 1 et Nuclear Power Daily