La guerre commerciale entre les Etats-Unis et le reste du monde s’amplifie.

Rappelons les faits.

La guerre commerciale a commencé le 22 janvier 2018 quand les Etats-Unis ont imposé des taxes sur les importations de panneaux solaires (2,7 milliards de dollars d’importations en 2017) principalement en provenance de Malaisie et les machines à laver (861,7 millions) principalement en provenance de Corée du sud. Elle s’est poursuivie de la manière suivante.

8 mars. Taxe sur l’acier et l’aluminium pour le motif que des pratiques commerciales irrégulières menacent l’industrie américaine et donc la sécurité nationale. A l’origine l’Union européenne, le Canada et le Mexique devaient en être exemptés.

2 avril. La Chine devient la cible principale des droits de douane américains. Elle est accusée par les Etats-Unis d’inonder le monde de produits métallurgiques à bas prix. La Chine répond en créant des droits de douane pour 3 milliards de dollars d’importations américaines.

18 mai. Les Etats-Unis déclarent qu’ils ne vont pas faire une exception des droits de douane sur l’acier et l’aluminium en faveur de l’Europe, du Mexique et du Canada. L’union européenne menace de taxer 7,1 milliards de dollars d’exportations. Cette menace entre en vigueur début juin.

31 mai. Le Canada taxe 12,8 milliards de dollars d’importations des Etats-Unis, pour un montant supérieur à ce qui avait été envisagé initialement.

5 juin. Le Mexique réagit à son tour taxant 3 milliards de dollars d’importations américaines de porc, de fromage et d’autres produits.

15 juin. Les négociations tarifaires entre les Etats-Unis et la Chine sont interrompues au moment où les Etats-Unis déclarent qu’ils vont taxer 50 milliards de dollars d’autres importations chinoises. Cette mesure prend effet le 6 juillet. La Chine répond en taxant 50 milliards d’importations américaines. Cette mesure est mise en œuvre simultanément avec la nouvelle taxation faite par les Etats-Unis.

10 juillet. Les Etats-Unis déclarent alors qu’ils vont taxer 200 milliards de dollars d’importations chinoises.

Quelles conclusions en tirer ?

La première est que cette guerre commerciale n’est pas une surprise. Donald Trump s’est fait élire le 9 novembre 2016 sur un programme au populisme sommaire flattant son électorat composé essentiellement des classes moyenne et ouvrière blanches.
Les lignes de force en sont les suivantes :
Hostilité à l’égard des immigrants qui viennent voler le travail des bons Américains et font baisser les salaires.
Hostilité à l’égard des Chinois et des pays en voie de développement qui inondent le pays de produits à bas coûts et désintègrent le tissu industriel traditionnel.
Hostilité à l’égard des instances internationales, dont l’ONU, qu’il menace régulièrement d’assécher financièrement, et ses diverses émanations comme l’Unesco, dont les États-Unis se retireront à la fin de cette année, et le Conseil des droits de l’homme, dont ils ont claqué la porte le 19 juin dernier. De même, Donald Trump ne croit pas à l’Organisation mondiale du commerce (OMC) et bloque aujourd’hui la nomination de juges pour la cour d’appel de l’organe de règlement des différends, au point que cette instance ne pourra bientôt plus fonctionner.

Donald Trump s’appuie aussi sur un sentiment isolationniste qui a toujours été une composante de la politique américaine, même si, pendant les années entre la deuxième guerre mondiale et la chute de l’URSS, l’isolationnisme avait cessé d’être une ligne de force de la politique extérieure des Etats-Unis.

Les élections à mi-mandat présidentiel, qui renouvelleront le 6 novembre prochain le tiers du sénat et la totalité de la chambre des représentants, seront un test. Certes l’escalade et la guerre commerciale auront de quoi séduire les électeurs de Trump. Certes aussi les effets dommageables de la guerre commerciale ne seront pas perceptibles d’ici novembre prochain.

La guerre commerciale concerne maintenant près de 10 000 produits du commerce international. Loin de protéger des secteurs industriels contre une concurrence déloyale, elle risque d’avoir un effet durable et dommageable pour le commerce international et de renchérir les prix pour le consommateur. Cette tempête va, à terme, nuire aux échanges et à la croissance économique mondiale, détruire des emplois américains et dans le reste du monde et entrainera une hausse des prix à la consommation. Au-delà d’une simple tactique électorale de mi-mandat, y a-t-il une véritable stratégie chez le président américain, dont le cabinet est divisé sur l’opportunité de ces mesures?

Jean-Christian Cady