Japon: victoire de la coalition de Shinzo Abe à la chambre haute
La majorité au pouvoir du Premier ministre Shinzo Abe a renforcé sa présence à la chambre haute lors des élections tenues dimanche 10 juillet : la moitié des sièges du Sénat était à renouveler. Son parti conservateur du PLD et son allié du Komeito détiennent donc maintenant plus de la moitié des sièges de ce Sénat, ce qui représente une certaine approbation de sa politique économique, mais ne sera pas suffisant pour le Premier ministre Abe pour réviser la Constitution et autoriser le Japon à constituer une armée, comme il le souhaite depuis des années.
Le Parti libéral démocrate (PLD) et son allié le Komeito ont pris 69 ou 70 des 121 sièges du Sénat à renouveler pour six ans, contre 59 précédemment, a indiqué la chaîne publique japonaise NHK. Cette estimation se base sur un dépouillement partiel et ses propres sondages auprès des électeurs.
Selon la NHK et d’autres chaînes, le PLD pourrait même avoir la majorité à lui seul, ce qui serait une première en 27 ans. L’autre moitié des 242 sièges du Sénat sera renouvelée dans trois ans. Les deux partis au pouvoir en contrôlent 77. Le PLD, aux commandes de façon quasi ininterrompue depuis 1955, associé à la formation centriste Komeito, avait en face de lui une opposition affaiblie. Le Parti démocrate (centre-gauche), principal adversaire, peine à se remettre d’un passage au pouvoir d’un peu plus de 3 ans (2009 à 2012), marqué par des revirements incessants et le tsunami de mars 2011 à l’origine de la catastrophe nucléaire de Fukushima.
Au pouvoir depuis décembre 2012, Shinzo Abe n’est toujours pas parvenu à redresser la troisième économie du monde en dépit de largesses budgétaires et d’une politique monétaire ultra-accommodante, deux piliers des abenomics.
La révision de la Constitution loin d’être possible
Guibourg Delamotte, chercheuse au centre d’études japonaises de Paris, explique pourquoi une révision de la Constitution est encore loin d’être possible. « Il a une majorité, qui n’est pas la majorité des deux tiers et elle inclut le Komeito, qui est opposé à la révision de la Constitution. Donc, pour le moment, rien n’est très nouveau. Ce qui se passe, c’est que la révision constitutionnelle est un débat, c’est un tabou qu’on souhaite briser de manière à permettre un changement concernant les forces d’auto-défense, à les rendre en particulier plus compatibles avec la Constitution. De toute façon, la population est hostile à la révision constitutionnelle, et cette révision n’est valide qu’après un référendum qui doit être validé. A l’heure actuelle, les conditions ne peuvent donc être remplies », estime-t-elle.
11/07 – RFI (extrait)