Indépendance: la PNG souffle sa 41ème bougie

La Papouasie Nouvelle-Guinée commémore aujourd’hui son accession à l’indépendance. Elle était australienne jusqu’au 16 septembre 1975. Le pays aux 800 tribus et langues fait la fête, mais l’auto-proclamation d’autonomie de la province de Nouvelle-Irlande suscite des inquiétudes. Le ciment national est-il en train de se fissurer, au profit des régionalismes?

Comme chaque année, les drapeaux fleurissent dans les rues de Port-Moresby et des autres grandes villes. Les vendeurs ambulants ont fait des affaires. Oui… mais quels drapeaux? Celui de la Papouasie Nouvelle-Guinée, ou ceux des 22 provinces que compte le pays? Ken Bogove est vendeur de drapeaux: « Le plus populaire, c’est celui aux couleurs nationales, parce que c’est une fête nationale. Sinon on a d’autres jours fériés pour célébrer chacune des 22 provinces. »

Mais dans les rues, notre correspondant d’ABC, Eric Tlozek, voit beaucoup de passants acheter et brandir les fanions de leurs provinces. Une tendance qui inquiète Alexander Rheeney, le directeur de la rédaction d’un des deux principaux quotidiens du pays, le Post Courier. Il mène campagne pour inciter les Papous à n’arborer que le drapeau national. Un message qui a de plus en plus de mal à passer, car la Papouasie Nouvelle-Guinée est une mosaïque, formée de plus de 800 peuples et langues. Alexander Rheeney, au micro d’Eric Tlozek: « Il semble qu’il y ait de plus en plus de gens qui veulent avant tout revendiquer leurs racines indigènes, plutôt que de s’identifier à l’état-nation que forme la Papouasie Nouvelle-Guinée. »

Les organisateurs de plusieurs cérémonies de célébration de l’indépendance papoue ont donc interdit au public de pavoiser les rues avec autre chose que le drapeau national.

Derrière cette controverse, il y a la peur que le régionalisme alimente des divisions et des tensions entre tribus. Il y a quelques semaines, une bagarre a éclaté à l’issue d’un match de rugby à XIII, entre les supporters d’une équipe des Hauts-Plateaux et d’une équipe des îles. Un homme est mort de ses blessures.

«  Ce genre d’incidents se produit et cela augure mal de l’avenir du pays », estime Alexander Rheeney.

Beaucoup de Papous des provinces se plaignent du centralisme de l’état papou, qui ne concentrerait son attention et ses ressources quasiment que sur la capitale, Port-Moresby.

Récemment, la province de la Nouvelle-Irlande s’est autoproclamée autonome. Elle réclame à l’état papou le transfert de ses pouvoirs législatifs et administratifs.

Julius Chan, ancien Premier ministre papou, et actuel gouverneur de la Nouvelle-Irlande: « Nous ne faisons pas sécession. Nous voulons simplement ajuster le système politique, en nous éloignant un peu de la règle de la majorité, pour instaurer un système fédéral dans lequel le pouvoir serait partagé entre les provinces et le gouvernement central. » 

Le gouvernement de Peter O’Neill n’a pas encore réagi à l’initiative autonomiste de Julius Chan, et refuse de répondre aux questions d’ABC.

En attendant, dans les rues, les vendeurs de drapeaux relativisent cette opposition entre régionalisme et nationalisme. Ken Bogove: « Bien sûr nous sommes attachés à nos régions, mais le jour de la fête de l’indépendance, nous nous regroupons et nous sommes unis en une seule nation. »

Cette union parfois problématique va se transformer en communion ce vendredi soir, car le groupe mythique The Black Brothers fait son grand retour, au stade Sir John Guise de Port-Moresby, après 37 ans d’absence.

The Black Brothers a été fondé par des Papous d’Indonésie pour donner une voix aux indépendantistes. Ils chantent en tok pisin et en indonésien.

16/09 – Caroline Lafargue – http://www.radioaustralia.net