Situation insurrectionnelle au Nicaragua.

Le Nicaragua connait une situation insurrectionnelle. Le président Daniel Ortega et son épouse, Rosario Murillo, qui occupe le poste de vice-présidente sont devenus de plus en plus impopulaires. On leur reproche leurs méthodes autoritaires, leurs violations de la loi, leur corruption et leur népotisme. Les opposants réclament le départ du couple présidentiel et l’organisation d’élections anticipées.

Daniel Ortega était le chef du FSLN (Front Sandiniste de Libération Nationale) qui renversa le 19 juillet 1979 la dictature de Somoza. Il gouverna le pays de 1979 à 1990 puis il est revenu au pouvoir en 2007. Le malaise était latent depuis plusieurs années mais la situation s’est aggravée le 18 avril quand Daniel Ortega annonça des mesures d’austérité, notamment une hausse des cotisations salariales et patronales pour combler le déficit de la sécurité sociale, une augmentation du prix de l’essence et une diminution de 5% des retraites. Le gouvernement est revenu sur certaines de ces mesures, notamment sur la hausse des cotisations sociales, mais cela n’a pas permis de rétablir le calme. Des grèves et des manifestations populaires ont éclaté dans plusieurs villes, notamment Managua, la capitale, et Granada et ont dégénéré en une véritable insurrection.

Les étudiants sont le fer de lance de la révolte mais ils ont été rejoints par d’autres groupes sociaux : défenseurs des droits de l’homme, intellectuels, paysans et plus récemment par le « Conseil Supérieur du Secteur Privé » qui regroupe les chefs d’entreprise. L’église catholique qui avait tenté de jouer un rôle de médiateur a rejoint les rangs de l’opposition.

La répression, extrêmement brutale, a aggravé la tension. Les opposants dénoncent les arrestations arbitraires, les exécutions extrajudiciaires, l’action des groupes paramilitaires. L’armée et les milices ont repris le 17 juillet la ville de Masaya, à 35 kilomètres de Managua, qui était un bastion de l’opposition. L’opération a fait près de trois cents morts. Quatre jours auparavant, l’armée avait occupé l’Université Nationale Autonome de Managua, qui était tenue par des contestataires depuis trois mois, faisant deux morts et seize blessés. Le gouvernement a exercé un contrôle plus strict sur les médias. Un journaliste indépendant a été tué et plusieurs de ses collègues blessés. Les autorités ont bloqué pendant plusieurs jours les deux seules chaines de télévision indépendantes.

Les opposants au gouvernement Ortega ont reçu des soutiens de l’extérieur. Le 17 juillet le conseil des ministres de l’Union Européenne a demandé la fin immédiate des violences et a exigé le démantèlement de groupes armés ainsi que le respect des libertés fondamentales. Un texte similaire a été approuvé le 18 juillet par le conseil permanent de l’OEA. Selon Mme Monica Baltodano, une ancienne dirigeante du FSLN, le soutien de la communauté internationale est important mais « c’est la résistance populaire et pacifique qui fera partir Ortega et Murillo ». Pour le moment ces derniers s’accrochent au pouvoir et refusent d’obéir aux invites venues aussi bien de l’intérieur que de l’extérieur de leur pays.

Jean-Michel Dasque