Mexique : l’envol annoncé de l’aigle aztèque

Cinquante-huit modifications constitutionnelles, quatre-vingt-cinq législations amendées, vingt et une

lois d’application ont été votées en moins de deux ans. Jamais les parlementaires n’avaient été aussi actifs pour permettre à la quatorzième économie mondiale de prendre son envol. Six réformes concernent l’énergie, la libre concurrence des télécommunications, l’emploi, la fiscalité, l’accès au crédit, l’éducation. Deux autres visent l’amélioration de la justice et du système électoral.

Cet exploit législatif a été rendu possible grâce au « pacte pour le Mexique », signé, en décembre 2012, par les trois principaux partis politiques – le PRI, le Parti de la révolution démocratique (PRD,gauche) et le Parti action nationale (PAN, droite) – pour voter les réformes capables de doper un taux annuel de croissance qui a stagné à 2,5 % en moyenne durant vingt ans.

Mais les Mexicains ne partagent pas l’optimisme de leur président, dont la popularité a chuté de 47% à 43% entre avril et août, selon un sondage du quotidien Excelsior. La croissance promise n’est pas au rendez-vous avec des prévisions revues à la baisse (de 3,9 % à 2,7 %) pour 2014. La stagnation des salaires, la réduction du pouvoir d’achat et la hausse du chômage (5,4 %) n’arrangent rien. Au-delà d’une insécurité qui reste élevée, les Mexicains fustigent la faiblesse de la lutte contre la corruption. Ainsi  le  projet  de  création  d’une  commission  nationale  anticorruption  est  resté  lettre  morte.  Et l’ouverture du secteur énergétique aux compagnies étrangères provoque une levée de boucliers dans un pays où le monopole d’Etat sur l’or noir était le symbole de la souveraineté nationale.