En Chine, la politique de l’enfant unique vit ses dernières heures

La Chine a officiellement mis fin, dimanche, à la politique de l’enfant unique. La loi autorisant tous les couples à avoir désormais deux enfants a été promulguée et elle entrera en vigueur le 1er janvier prochain. Le contrôle des naissances avait été progressivement mis en place à partir de 1979. Mais, avec le vieillissement rapide de la population, il n’était plus tenable.

La fin de l’enfant unique a été annoncée le 29 octobre. Cependant, si l’on écoute les témoignages des Chinois de la classe moyenne, qui habitent en ville, on comprend que ce deuxième enfant n’est pas une priorité. Tout d’abord, à cause du coût. Puis, pour élever un enfant en Chine, selon les critères d’excellence hérités de l’enfant unique, il faut de l’argent afin de lui fournir la meilleure éducation possible.

S’ajoute à cela le fait qu’en Chine, les jeunes générations doivent subvenir aux besoins de leurs parents retraités, qui touchent une petite pension. Un couple composé d’un seul enfant peut donc se retrouver avec 4 parents à charge, plus leur propre enfant. Un deuxième bébé, cela voudrait dire faire vivre au total 8 personnes, et c’est beaucoup.

3 millions de naissances attendues

Les autorités demeurent, toutefois, optimistes. Selon le vice-ministre de la Commission du planning familial, 90 millions de femmes sont en âge d’avoir un second enfant. La Chine s’attend donc à 3 millions de naissances supplémentaires par an. Le gouvernement dit espérer à court terme stimuler la consommation dans l’immobilier, l’éducation, la santé, et gagner ainsi un demi-point de croissance en plus.

Certains économistes estiment que cette réforme arrive trop tard pour inverser le vieillissement de la population.  Si  l’on  regarde  le  dernier  assouplissement  du  contrôle  des  naissances,  en  2013,  les premiers résultats sont plutôt décevants. Sur les 11 millions de foyers autorisés à faire un deuxième enfant (il fallait pour cela que l’un des deux parents soit enfant unique), seul 1 million et demi de foyers en a fait la demande.

En 2050, 25 % des Chinois auront plus de 65 ans

La pyramide des âges a donc peu de chance d’être bouleversée. En 2050, un quart de la population chinoise aura plus de 65 ans ce qui entrainera des problèmes de financement des retraites et de la sécurité sociale, ainsi qu’un manque de main-d’œuvre. Une société vieillissante, c’est aussi moins d’innovation. A l’heure où la Chine veut monter en gamme, et changer de modèle économique, cela tombe mal.

Les démographes notent aussi qu’en dessous d’un certain seuil de natalité (autour d’1,4 enfant par femme), on a énormément de mal à faire le chemin inverse. C’est le cas au Japon, en Corée du Sud, à Taïwan. La Chine est officiellement à 1,6 enfant par femme. Elle suit le schéma de ces voisins.

Les enfants « noirs » enfin reconnus

Parallèlement au « 2e enfant pour tous », la Chine a décidé – dans cette même loi – de régulariser les enfants nés illégalement, en violation du contrôle des naissances. 13 millions d’enfants noirs, comme on les appelle, vont enfin avoir le droit à une identité, à un état civil. A leur naissance, leurs parents n’ont pas pu payer l’amende les punissant. L’Etat a donc refusé de les enregistrer, les privant d’existence légale, de scolarité, de soins à l’hôpital. Avec cette réforme, 13 millions d’enfants, devenus adultes, vont donc pouvoir vivre une existence normale.

28/12 – Delphine Sureau  – RFI