En 1914, personne n’aurait imaginé le déclenchement d’une guerre mondiale que personne ne voulait, à partir de l’assassinat du Prince héritier de l’empire austro-hongrois. Aujourd’hui, on s’inquiète de Damas ou de Kharkov, et avec raison, mais « l’armée russe avance seulement parce qu’Obama recule, et les Arabes règlent entre eux une querelle de treize siècles ». En revanche, s’il me fallait localiser un Sarajevo contemporain, je le situerais dans les îles Paracels….qui contrôlent le tiers du transit du commerce mondial ».

« L’archipel est le verrou méridional de la Mer de Chine,…. et de la navigation en Mer de Chine dépendent notre mode de vie et notre pouvoir d’achat ». Actuellement le gendarme qui garantit le respect  des règles  de  navigation  et  lutte  contre  piraterie  et  prise  d’otages,  est  la  VIIème  Flotte américaine, à partir du porte-avions « George Washington » qui « repère tout navire en mouvement de Hawaï jusqu’en Inde, du porte-conteneurs à la jonque de pêcheurs ». La puissance américaine reste inégalée ici, mais sans elle, la Mer de Chine serait un champ de batailles entre des voisins qui se disputent tous les frontières maritimes, la mondialisation des échanges n’aurait pas été possible sans elle. Et le gendarme américain n’est pas impopulaire…

L’objectif non dissimulé de Xi Jinping est de transformer la Mer de Chine en « lac chinois », il « grignote » par les extrémités : au sud la Mer de Chine se ferme avec ses constructions sur les Paracels, au nord il tente de séduire la Corée du sud par un processus de type « finlandisation » (réf à la proposition Brejnev dans les années 70). Pour la Chine, deux puissances comptent : la Chine à l’est, les  USA  à  l’ouest.  Les  circonstances  (Obama  pacifiste  et  sur  le  départ)  lui  permet  d’envisager l’annexion des Paracels. La stratégie américaine et occidentale de « containment » est basée sur le calcul que la Chine s’effondrera de l’intérieur (rébellions ethniques, corruption, économie à bout de souffle, revendications de la jeunesse. HM).

17/03 – Guy SORMAN – Le Point