Vers un rapprochement des armées française et australienne

Face à la montée de l’influence militaire et diplomatique de la Chine dans le Pacifique, l’Australie cherche à se rapprocher de ses alliés occidentaux. La présence militaire française dans le Pacifique Sud revêt du coup une importance nouvelle…

Un changement subtil mais important a été opéré ces dernières semaines par l’Australie vis-à-vis de la force militaire française dans le Pacifique. Un réalignement remarqué dans le petit monde diplomatique de notre océan.

Le blog de politique étrangère australien, The Interpreter, a ainsi publié une analyse du « 2016 Defence White Paper » de l’île-continent. Ce document officiel énumère les plans et stratégies à moyen et long terme de l’armée australienne.

Particulièrement remarquable, selon l’analyse de ces spécialistes, est le nombre important de références à la présence française dans le Pacifique et à la nécessité d’augmenter la collaboration militaire, diplomatique et économique entre l’Australie et la France. Les précédents livres blancs du ministère australien de la Défense ne faisaient même pas référence à notre Pays…

Depuis 2016 donc, l’Australie désigne la France comme un partenaire stratégique dans le Pacifique Sud. Le livre blanc nous met au même rang que les États-Unis, la Nouvelle-Zélande et le Japon en tant que « leaders de notre voisinage immédiat dans le Pacifique ». Il fait même une référence spéciale à la France, avec les États-Unis et la Nouvelle-Zélande, pour la coopération dans la sécurité maritime et l’aide en cas de catastrophe naturelle dans le Pacifique Sud.

Face à la montée de la Chine, l’Australie se rapproche de ses alliés

Selon l’analyse de the Interpreter, une publication d’un centre de réflexion renommé, « The Lowy Institute for International Policy », cette volonté de se rapprocher de la France s’explique par une préoccupation majeure de l’Australie, mise en exergue dans le livre blanc : la montée en puissance militaire et diplomatique de la Chine dans le Pacifique Sud. Une présence plus marquée, que nous remarquons jusqu’à Tahiti, puisque ce sont des investisseurs chinois, soutenus par leur gouvernement, qui financent les gros investissements nécessaires à notre relance économique. Mais la Chine a également augmenté considérablement sa présence militaire dans les mers et océans autour de l’Empire du Milieu… Dont le Pacifique Sud.

Malheureusement pour l’Australie, la présence militaire de la France dans le Pacifique n’est pas imposante: « autour de 2500 personnels, deux frégates de surveillance, trois navires de patrouille,

quatre navires de surveillance, quatre avions de transport tactique et six hélicoptères » liste l’armée australienne. Mais elle note que la France « a la capacité de mobiliser rapidement d’autres moyens militaires de France métropolitaine. »

La France est un gros fournisseur de matériel militaire

Pour l’Australie, la France est déjà un partenaire militaire central, au moins du point de vue industriel.

Par exemple, le pays des kangourous nous a acheté pour 157 milliards de francs cfp de matériel militaire entre 2003 et 2012 et la société française Thales a racheté Australian Defence Industries en 2006. Les deux pays ont également publié une Déclaration commune de partenariat stratégique en 2012, portant sur une collaboration militaire, économique, politique et d’aide au développement, même si le document est vague sur la portée de cette collaboration.

Malgré tout, les deux armées travaillent déjà ensemble depuis longtemps. L’arrangement FRANZ, signé en 1992, permet de coordonner les efforts de la France, l’Australie et la Nouvelle-Zélande en cas de cyclone dans la région. Des exercices militaires entre ces trois pays, plus les États-Unis et certains pays mélanésiens, sont organisés fréquemment. Depuis 2006, un accord permet à chaque armée de s’entrainer dans le pays de l’autre.

Mais l’incertitude provoquée par le référendum d’indépendance en Nouvelle-Calédonie – et l’avenir des installations militaires françaises qui y sont installées – ralentit les efforts de rapprochement. Par exemple des accords de collaboration logistique sont en cours de négociation depuis… 2006.

Mais le rapprochement entre nos deux armées devrait s’accélérer cette année. Le « 2016 Defence White Paper » de l’Australie, qui rend publics les plans, investissements et orientations stratégique de la Défense australienne, demande explicitement un rapprochement militaire avec la France ; une association que la diplomatie française souhaite encourager, d’autant qu’une entreprise française est sur les rangs pour décrocher le juteux contrat des nouveaux sous-marins de l’armée australienne…

24/03 – http://www.tahiti-infos.com avec AFP