Une nouvelle ère économique s’ouvre en Birmanie
L’arrivée au pouvoir de Htin Kyaw, premier président démocratiquement élu du Myanmar – le nom officiel de la Birmanie – depuis le coup d’Etat de 1962, ouvre de nouveaux horizons pour le pays.
Ouverture à la mondialisation, développement des échanges commerciaux, tourisme accru et renforcé… le Myanmar peut envisager de profondes transformations économiques futures. Des changements rapides et précieux qui pourraient permettre au pays de décoller économiquement et de devenir une des locomotives économiques de l’Asie du Sud-Est. Htin Kyaw, fidèle allié d’Aung San Suu Kyi, est devenu le nouveau président du Myanmar Crédit : AFP Si vous souhaitez investir sur l’avenir à l’étranger, le Myanmar peut s’avérer être une belle opportunité. Le pays asiatique tend à devenir une véritable démocratie et à s’ouvrir par conséquent à la mondialisation et à un tourisme plus important. En 2011, le président Thein Sein avait engagé le Myanmar vers une politique de libéralisation et d’ouverture. S’en est suivi la levée de l’embargo de l’Union européenne et des Etats- Unis envers le pays en 2012. Cette suspension mettait fin à une vingtaine d’années d’interdiction des échanges. Puis en 2015, le parti NLD (National League for Democracy) de la Prix Nobel de la Paix Aung San Suu Kyi remporte haut la main les élections législatives ouvrant la voie au changement tant attendu. Dernière étape – sur le plan administratif politique du moins – vers la transition démocratique, le 15 mars dernier, avec l’élection par le Parlement birman de Htin Kyaw à la présidence du pays. L’ancien protégé et proche d’Aung San Suu Kyin, et diplômé d’économie, a obtenu 360 voix sur les 652 députés. Le tourisme comme moteur de l’économie birmane ? Parmi les secteurs économiques porteurs du pays, il y en a un qui voit cette ouverture démocratique d’un très bon oeil, le tourisme. Les touristes affluent depuis 2010 avec la levée de la demande de boycott du parti d’Aung San Suu Kyi et les nouvelles réformes. La NLD assurait que les recettes du tourisme finançaient exclusivement le régime militaire. Désormais, ce n’est donc plus le cas. Les temples de Bagan symbolisent l’attrait touristique du Myanmar Crédit : Inavos Avec la région de Bagan et ses nombreux temples et pagodes, le Myanmar peut compter sur un patrimoine historique et architectural de toute beauté. Avant même l’actuelle transition démocratique, le Myanmar bénéficiait déjà d’un effet de mode, en partie grâce à d’importantes campagnes de publicité internationales. Entre 2003 et 2014, le nombre de touristes est ainsi passé d’environ 150 000 à plus de trois millions. Une tendance qui devrait se poursuivre avec l’ouverture démocratique du pays. Une Bourse et des ressources Membre de l’ASEAN, le Myanmar dispose de nombreux atouts économiques et peut désormais enfin entrevoir de les faire valoir au grand jour. Outre le tourisme, l’économie birmane peut s’appuyer sur la multiplication des échanges commerciaux avec l’étranger. Le pays est exceptionnellement riche en minerai (cuivre, étain, or, manganèse) et dispose de fortes réserves de pierres précieuses. L’arrivée de multinationales de ces secteurs ne fait aucun doute. La Chine investi déjà lourdement sur place. En 2012, avant son ouverture au monde, il n’y avait aucun ETF consacré au Myanmar. Mais depuis la fin de l’année dernière, la bourse de Rangoon a ouvert ses portes et les investisseurs mondiaux voient d’un très bon oeil ce renouveau, même si nous sommes toujours en attente des premières transactions. Le pays a besoin d’infrastructures plus récentes, ce qui consiste en une opportunité d’investissement. Le principal problème reste de savoir si la junte va accepter la volonté du peuple en laissant le nouveau gouvernement prendre sa place. Naypyidaw, l’opportunité du moment S’il y a bien un avantage – s’il faut vraiment en trouver un – aux dictatures, ce serait leur goût prononcé pour les grands travaux. Par leur mégalomanie, les dictateurs engagent souvent leur pays vers des constructions pharaoniques. Le palais du Parlement de Bucarest, le pont du 25 avril de Lisbonne sont des exemples parmi tant d’autres. Le Myanmar a lui vu une ville étonnamment étendue sortir de terre. Naypyidaw, devenue la capitale du pays en 2006, jouit d’une superficie plus de trois fois supérieure à celle de Londres. Sa population dépasse pourtant à peine le million d’habitants. Sur ces zones inhabitées, le Myanmar a de quoi construire et engager des investissements en infrastructures, zones commerciales et autres centres de loisirs. Le terrain est disponible et a même déjà été déboisé. Un exemple à suivre dans la région Un autre aspect de l’intérêt birman, c’est la faible concurrence de ses voisins géographiques. En Asie du Sud-Est, le Myanmar est le seul Etat s’approchant véritablement d’une démocratie. Au Cambodge, son adversaire principal avec la Thaïlande sur le plan touristique, le premier ministre Hun Sen est un ancien Khmer rouge et se situe au pouvoir, ou proche du pouvoir, depuis 30 ans. En Thaïlande, la junte militaire est toujours au pouvoir. Le Laos reste un Etat à parti unique tout comme le Viêt-Nam. La Birmanie pourrait donc devenir l’exemple démocratique de la région. Alors qu’une nouvelle ère politique s’ouvre pour le pays, son horizon économique semble se dégager. Le Myanmar pourrait même avoir l’ambition de devenir le poumon économique de l’Asie du Sud-Est.
11/04 – Arthur Vernassière – http://quotidienne-agora.fr