G7 : ce qu’il faut (vraiment) retenir du sommet
Les membres du G7 ont, comme chaque année, rappelé la nécessité de redresser la croissance mondiale, évoquant une « priorité urgente ». La déclaration finale rédigée à l’avance par l’équipe des sherpas, et paraphée par les chefs d’Etat à l’issue du sommet, ressemble davantage à une liste de recommandations… sans effet. Démonstration en trois points.
La croissance, priorité « urgente » du G7
Alors que la croissance reste atone, le G7, réuni pendant deux jours au Japon, s’engage à « utiliser
l’ensemble des outils disponibles, aussi bien monétaires, budgétaires que structurels, individuellement et collectivement » pour assurer un redémarrage de l’économie mondiale. En juin 2015, les chefs d’Etat et de gouvernement écrivaient déjà, dans des termes similaires, la nécessité de doper la croissance. Une priorité inscrite également à l’ordre du jour lors de la réunion du G7 à Marseille en 2011. Officiellement, tout le monde s’entend sur le principe d’une déclaration consensuelle. Toutefois, Shinzo Abe, le Premier ministre japonais et hôte de l’événement, n’a pas hésité à bousculer (un peu) la tradition. Quitte à embarrasser ses homologues. Il assure que les conditions de l’économie mondiale ressemblent à « la situation précédant la faillite de la banque Lehman Brothers » en 2008, précisant que « les prix de l’énergie et des matières premières ont plongé de 55% », comme en 2008. Et que les perspectives de croissance des pays riches ont été révisées à la baisse, comme à l’époque. Mais, en attendant, aucune proposition concrète n’est formulée pour relancer l’économie mondiale.
La crise des réfugiés, une priorité (officiellement)
Parmi les autres sujets clés de cette réunion, les dirigeants se disent inquiets par la crise des réfugiés. Dans la déclaration finale, on peut lire que : « Le G7 reconnaît que les mouvements à grande échelle de migrants et de réfugiés représentent un défi mondial qui appelle une réponse mondiale »
En 2015, le communiqué final faisait déjà état d’une augmentation du nombre de réfugiés alors jugée préoccupante. Tous les membres du G7 s’étaient entendus sur la nécessité d’apporter leur soutien financier.Dans les faits, peu respectent leurs engagements en matière de solidarité internationale.
Pour rappel, les pays sont censés consacrer 0,7% de leur revenu national brut (RNB) à l’aide au développement. Mais il suffit de consulter les données fournies par l’OCDE pour constater que les paroles s’accordent rarement avec les actes. Ainsi, on observe qu’en 2015, rares sont les pays qui ont respecté cet objectif. Au sein du G7, seul le Royaume-Uni a ainsi rempli le contrat avec 0,71% de son RNB. L’Allemagne n’a consacré que 0,52%, la France 0,37%, le Japon 0,22%, les États-Unis 0,17%.
Une ombre chinoise plane (toujours) sur le G7
Dans un sommet comme le G7, il est d’usage de désigner les adversaires sans les nommer. Bref, il faut faire preuve de diplomatie. A aucun moment, la Chine, deuxième économie du monde, n’est directement visée par les déclarations du communiqué final. Pourtant, le message du G7 dans le paragraphe suivant fait allusion à Pékin : « Nous réaffirmons l’importance pour les États de présenter leurs revendications et de les clarifier conformément au droit international, de s’abstenir d’actions unilatérales qui pourraient augmenter les tensions et de ne pas user de la force ou de coercition pour tenter d’appuyer leurs revendications »
Le G7 se dit inquiet de la situation en mer de Chine du Sud qui oppose la Chine à différents pays d’Asie du Sud-Est. A Pékin, on apprécie moyennement la culture de l’ingérence. La réponse du ministère des Affaires étrangères a le mérite d’être claire : Le G7 « devrait se concentrer sur ses propres responsabilités et ne pas montrer du doigt (d’autres pays) dans des dossiers qui ne relèvent pas de ses compétences ».
Sur le plan économique, les dirigeants du G7 veulent également un plan d’action pour le dossier de l’acier chinois. Dans la déclaration finale, les dirigeants se disent « déterminés à agir rapidement et à prendre des mesures » pour « s’attaquer au problème ». Pékin (qui produit pratiquement la moitié de l’acier mondial) est accusé d’inonder le marché avec de l’acier à bas prix.
En 2007, le G7 mettait la pression sur Pékin pour qu’elle assouplisse le taux de change du yuan. Mais en 2016, l’ombre de la Chine, tenue en partie responsable du ralentissement de l’économie mondiale, plane toujours sur le G7. Cette situation est révélatrice du rôle symbolique que joue désormais ce club. Ce dernier, créé par Valéry Giscard d’Estaing lorsqu’il était président, regroupe uniquement les dirigeants des sept pays les plus industrialisés… en 1975.
27/05 – Sarah Belhadi – http://www.latribune.fr