Election du nouveau président du Timor oriental.

L’élection présidentielle du Timor oriental du 20 mars 2017 n’est pas dénuée de signification, même si les pouvoirs du président du Timor oriental sont réduits et même si ce pays de 1,2 million d’habitants indépendant depuis 2002, après cinq siècles de colonisation portugaise, 25 ans d’occupation indonésienne et deux ans et demi d’administration par l’ONU, ne joue qu’un rôle modeste sur la scène mondiale.

Les premières années suivant l’indépendance avaient été marquées par quelques soubresauts violents, comme la mutinerie d’une partie de l’armée du Timor en 2006 et une tentative de coup d’État en février 2008 dans laquelle le président de l’époque, José Ramos-Horta, ancien Prix Nobel de la paix, avait été grièvement blessé. Cependant depuis l’indépendance du Timor, c’est la troisième élection présidentielle qui se déroule dans le respect de la constitution. Le président est élu pour cinq ans au suffrage universel à deux tours et ses pouvoirs sont limités, l’action gouvernementale relevant du premier ministre. Il n’y a pas eu d’incident dans la campagne électorale qui s’est déroulée à la satisfaction des nombreux observateurs. L’ancrage démocratique du Timor s’affermit.

Cela étant, cette élection met en évidence trois sortes d’inquiétudes :

– L’absence de renouvellement de la classe politique. Les présidents et premiers ministres précédents ont tous été des représentants de la génération de la révolution et de la lutte contre l’occupation indonésienne : Xanana Gusmao, le héros de la guérilla emprisonné pendant des longues années à Djakarta, a été le premier président. Lui ont succédé José Ramos-Horta, puis Taur Matan qui avait pris la suite de Xanana Gusmao à la tête de l’armée de libération. Le vainqueur de l’élection de 2017, qui avait échoué aux élections présidentielles de 2007 et 2012, M. Francisco Guterres, dont le nom de guerre est Lu-Olo, a cette fois été élu au premier tour avec 57 % des voix. Il est âgé de 62 ans et est de la même génération que les présidents précédents, Xanana Gusmao, Jose Ramos-Horta et Taur Matan Ruak. Il est aussi de la même mouvance politique.

– L’insatisfaction des jeunes. Dans un pays où plus de la moitié de la population a moins de 25 ans, la plupart des jeunes ne trouvent pas de travail sont un ferment potentiel d’instabilité. Ils sont les premiers à dénoncer une corruption assez répandue qui mine le développement du Timor.

– Enfin les relations avec l’Australie ne sont pas au beau fixe. La délimitation des zones des gisements gaziers est toujours une pomme de discorde entre les deux pays.

Jean-Christian Cady