LE CHILI DANS L’OCÉAN PACIFIQUE
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« LE CHILI DANS L’OCÉAN PACIFIQUE »
Conférence Institut du Pacifique
Maison de l’Amérique latine, mardi 20 juin 2017
Ministre Conseiller Juan Angulo, Ambassade du Chili en France
Le Chili est un pays du continent américain, situé à l’extrémité sud-ouest de l’Amérique du Sud. Sa désignation officielle est République du Chili et sa capitale est Santiago.
Le Chili est divisé en trois zones géographiques. La première, le Chili continental, comprend une bande située sur la côte occidentale du Cône sud, principalement depuis la rive sud-est de l’océan Pacifique jusqu’aux sommets les plus élevés de la cordillère des Andes. Il jouxte le Pérou au nord, la Bolivie au nord-est, l’Argentine à l’est et l’océan Pacifique à l’ouest.
La deuxième, le Chili insulaire, correspond à un ensemble d’îles à l’origine volcanique, situé dans l’océan Pacifique sud : l’archipel Juan Fernández et les îles Desventuradas (ou îles d’Infortune), qui appartiennent à l’Amérique du Sud, ainsi que l’île Salas y Gómez et l’île de Pâques, en Océanie.
La troisième, le Territoire Chilien Antarctique, une zone de l’Antarctique dont le Chili réclame la souveraineté, prolonge sa frontière méridionale jusqu’au Pôle Sud. 2
Notre pays est parvenu à consolider son indépendance grâce aux pères fondateurs, qui ont eu la vision d’un contrôle maritime dans l’océan Pacifique, qui constituait une condition essentielle à cette fin. C’est ainsi que, en octobre 1818, notre première escadre nationale a joué un rôle primordial lors de la libération du Pérou et du Chili de la domination espagnole de l’époque.
La prise de possession du détroit de Magellan et des terres adjacentes date de 1843, alors que la zone portait le nom de territoire « kawésqar », ainsi dénommé par les indigènes habitant la zone australe du Chili.
Cette mission a été confiée par le gouvernement chilien au Capitaine de Frégate John Williams Wilson, commandant la goélette « Ancud ».
En 1888, grâce à la vision du président José Manuel Balmaceda et sur initiative du Capitaine de Frégate Policarpo Toro Hurtado, l’île de Pâques a été incorporée au territoire national, permettant à cette importante position insulaire de projeter davantage le Chili sur l’océan Pacifique.
Le Chili s´est préoccupé du territoire Antarctique dès le dix-neuvième siècle. Cependant c’est seulement en 1906 qu’une première expédition a été envisagée. Malheureusement du a l’incendie de Valparaíso cette année, résultat d’un un tremblement 3
de terre dévastateur, le projet a été abandonné. Il faudra donc attendre le sauvetage, dirigé par le pilote Luis Pardo Villalón, des naufragés de l’expédition menée par Ernest Shackleton, le 30 août 1916, pour que les bâtiments de la Marine du Chili aient navigué parmi les eaux glacées du continent polaire.
L’État du Chili délimitera sa revendication de souveraineté sur une partie du territoire Antarctique en 1940 et la Marine établira des campagnes annuelles vers ce continent glacé en 1947 et inaugurera, cette même année, la première base permanente chilienne, dénommée aujourd’hui Base Navale Antarctique « Arturo Prat ». Une deuxième base permanente sera établie sur la Péninsule l’année suivante.
Actuellement, les responsabilités et droits de l’État du Chili, conformément au Droit International Maritime et aux traités internationaux, ont l’étendue suivante :
Territoire National Continental : 756 000 Km2
ZEE et Plateforme Cont. : 3 409 122,34 Km2
Domaine de responsabilité SAR : 26 476 004,5 Km2
Pour clarifier encore plus la magnitude de l’espace placé, d’une manière ou d’une autre, sous la responsabilité de l’État chilien, nous pouvons constater que cette zone est comparable à 4
l’intégralité du territoire européen, une partie de l’Asie et de l’Afrique du Nord.
En vertu de la responsabilité de souveraineté et des traités internationaux en vigueur, l’État chilien compte sur la Marine du Chili, capable de se projeter en tant que marine océanique qui doit opérer, durablement, où se situent les intérêts nationaux. Il dispose donc d’une Présence Navale équilibrée et de capacités stratégiques polyvalentes, dont les moyens remplissent les différentes fonctions exigées par ce rôle primordial.
Dans ce but, le Chili participe activement et en permanence à de nombreux exercices et programmes de spécialisation, avec différentes autres marines. Cela lui permet d’atteindre des niveaux d’entraînement élevés, avec une interopérabilité efficace, une coordination et des procédures communes, qui permettent d’être prêts à se déployer dans le cadre d’une force multinationale.
Un bon exemple en est l’exercice RIMPAC, l’exercice naval le plus important au monde, qui a lieu tous les deux ans à Hawaï, avec la participation de la plupart des marines du bassin du Pacifique. En conséquence, en 2018 le Chili sera le premier pays non anglophone à diriger le composant maritime, ce qui représente un nouveau défi pour notre pays et sa marine. 5
Les capacités et les compétences opérationnelles dont dispose le Chili lui permettent de prendre part à divers théâtres internationaux de sécurité coopérative et d’opérations de maintien de la paix en développant, progressivement, sa collaboration avec d’importantes forces armées amies et en apportant ses aptitudes professionnelles spécifiques.
Par exemple, dans le domaine polaire, les marines de l’Argentine et du Chili développent depuis plus de dix-huit ans, la Patrouille Antarctique Combinée, dont l’objectif est de sauvegarder la vie en mer, protéger l’environnement marin et se soutenir mutuellement afin d’affronter les situations d’urgence en eaux antarctiques. De même, l’exercice VIEKAREN (mot qui signifie « confiance » en yagan), qui cherche à élever le degré de réponse et d’interopérabilité des navires et des aéronefs face à d’éventuelles urgences maritimes dans la zone du Canal de Beagle.
De la même manière, une alliance avec la France permet éventuellement à la marine de participer à l’exercice MARARA afin d’intervenir, avec les forces françaises, en Polynésie, et de porter assistance à la population résidant dans des zones isolées, en cas de catastrophe naturelle. 6
L’État chilien, fidèle à sa conviction que l’océan n’est pas seulement une voie de communication maritime mais un véritable espace de connaissances, considère que, dans les espaces maritimes placés sous sa responsabilité, notre pays doit être présent et disponible, dans le but d’entreprendre et de développer les actions permettant d’exploiter durablement l’océan, conformément au droit de la mer.
Une de ces préoccupations est la durabilité des ressources de la pêche, transzonales et hautement migratoires, qui sont menacées par la pêche illégale pratiquée en eaux éloignées.
Actuellement, cette préoccupation est de plus en plus partagée au niveau régional et mondial. Un exemple de collaboration internationale est l’Accord pour la Conservation et l’Aménagement des Ressources Halieutiques dans le Pacifique Sud. L’objectif de cet accord est d’assurer la conservation et l’usage durable des ressources de pêche dans l’océan Pacifique sud, ainsi que de préserver les écosystèmes marins.
L’entrée en vigueur de l’Organisation Régionale de la Pêche du Pacifique Sud, en 2012, l’établissement au Chili d’une « Politique de lutte contre la pêche illégale et non réglementée », l’adhésion de notre pays à l’Accord de New-York et le fait d’être membre de la Commission pour la conservation de la faune et la 7
flore marines de l’Antarctique (CCAMLR) sont les piliers qui soutiennent les activités de surveillance de la pêche, accomplies par la Marine, en collaboration avec d’autres organismes de l’État, en haute mer adjacente à la Zone Économique Exclusive Nationale, ainsi que dans l’Océan Austral.
Afin de concrétiser l’engagement pris par notre pays en la matière, la Marine du Chili effectue régulièrement des Opérations de Surveillance Océanique et des Opérations de Surveillance de la Pêche, assurées principalement par des patrouilleurs de surveillance océanique et des avions d’exploration aéromaritime, lesquels, outre leurs missions de recherche et sauvetage en eaux juridictionnelles et en haute mer, ajoutent à leur effort quotidien des activités de surveillance de notre territoire maritime et la préservation de ses ressources naturelles. A cela s’ajoutent les inspections CCAMLR qu’effectue la marine chilienne dans les eaux antarctiques aux bateaux de pêche dans cette zone.
Dans le domaine de la protection des océans, en harmonie avec le principe de mers plus propres, plus sûres et plus connues, la contribution à la recherche scientifique marine a été une préoccupation constante pour l’État chilien. Un événement important en ce sens a été la remise, à la Marine du Chili, du navire bâtiment multifonctions d’avant-garde, construit par les chantiers navals de la Marine du Chili (ASMAR), est utile pour la recherche 8
océanographique, de la pêche et géologique et permet d’accomplir des tâches pluridisciplinaires orientées vers la recherche de nouvelles ressources marines et le contrôle de celles existantes, y compris l’océanographie physique, l’évolution hydroacoustique, la pêche d’échantillonnage, les études météorologiques et le sondage sous-marin. Les travaux de construction d’un deuxième navire océanographique et logistique, le Antártica I, destiné à renforcer les recherches scientifiques en Antarctique viennent de commencer et il sera mis en service dans environ trois ans.
Le monde est rempli de nombreux endroits mythiques, de par leur beauté, leur histoire ou leur situation géographique. L’un d’entre eux est le Cap Horn, au Chili, considéré comme l’Everest des navigateurs, l’appendice le plus austral de la planète. Le doubler a toujours été la prouesse maximale pour les navigateurs à voile, en raison des vents violents, des courants et des vagues. Chaque année, les navigateurs participant à des compétitions de voile tentent de le croiser, dans le cadre d’impressionnants tours du monde.
Un important pourcentage de nos exportations est transporté par voie maritime, ce qui assure à la sécurité des océans un rôle croissant. 9
Depuis 1994, le Chili est également une des 21 économies membres de l’APEC (Asia-Pacific Economic Cooperation, en français, Coopération Économique pour l’Asie-Pacifique), un forum multilatéral créé en 1989 dans le but de consolider le développement et la prospérité des économies du Pacifique, qui traite des sujets en rapport avec les échanges commerciaux, la coordination économique et la coopération entre ses membres.
Dans un autre ordre d’idées, les effets du réchauffement de la planète et le changement climatique, tout particulièrement, s’ajoutent aux exigences globales relatives à la préservation des océans, dont nous sommes tous naturellement responsables.
Tout indique que les mers seraient le sujet d’une préoccupation mondiale particulière, voire beaucoup plus importante que celle constatée jusqu’à présent.
Les conséquences de la pollution des océans, la déprédation de leurs ressources ou les activités illégales ne sont pas des sujets banaux au moment d’observer, avec une certaine inquiétude, le rôle des océans dans la préservation de la vie et de l’espèce humaine.
La variable environnementale est également une des priorités mondiales de sécurité des États et de la vie humaine et sera, pour nous, un impératif, étant données nos conditions géographiques 10
particulières. L’étude de ces phénomènes et la capacité d’anticipation de leurs effets indésirables seront un motif de préoccupation croissante dans notre société.
Une part importante de ces défis se jouera dans l’Océan Austral et en Antarctique, autant d’espaces qui suscitent un intérêt stratégique croissant. Les effets du réchauffement climatique sont plus visibles et marqués aux pôles, et leur étude devient donc une priorité pour la communauté internationale à travers la collaboration internationale, y compris dans le cadre du Système du Traité sur Antarctique.
Tel que nous pouvons le constater, le Chili joue un rôle important dans l’océan Pacifique et compte poursuivre sa mission en contribuant à sa sécurité, son développement, son exploitation durable, sa recherche et sa préservation, dans le cadre du droit international.
Merci de votre attention.