La Corée du sud va-t-elle reprendre la construction de centrales nucléaires ?

On ne le sait sans doute pas suffisamment mais la Corée du sud est le 5ème producteur mondial d’électricité nucléaire avec 24 réacteurs qui lui fournissent le tiers de ses besoins énergétiques. En mai 2017, Korea Hydro and Nuclear Power (KHNP) la société nationale qui construit les réacteurs nucléaires annonçait que cinq réacteurs nucléaires supplémentaires étaient en construction, dont trois étaient quasiment terminés et deux autres (Shin Kori 5 et 6) étaient au tiers de leur réalisation.

Dans sa campagne du printemps dernier pour la présidence de la république, M. Moon Jae-in s’était engagé à réduire la production de charbon et le nombre de centrales nucléaires, répondant ainsi à l’inquiétude de la population sur la pollution due au charbon et aux risques liés aux centrales nucléaires. Les travaux des deux centrales en construction avaient été suspendus mi-juillet.

Un « scrutin délibératif » (deliberative polling) a eu lieu à l’automne. C’est une sorte de sondage d’opinion où les participants sélectionnés au hasard, reçoivent un dossier élaboré par une instance indépendante et synthétisant les arguments pour et contre. Une majorité s’est prononcée en faveur de la poursuite des travaux interrompus des deux centrales inachevées, tout en souhaitant que progressivement la Corée du nord se dégage du nucléaire. Le président Moon Jae-in a accepté les résultats de ce scrutin et les travaux vont donc reprendre. Ceux qui sont en faveur de la reprise des travaux font valoir que Shin Kori 5 et 6 sont de la troisième génération des centrales nucléaires qui ont un niveau de sécurité particulièrement élevé. Cela est indispensable car dans un rayon de 30 km autour de ces centrales se trouvent près de 4 millions d’habitants. Il n’est pas inutile de comparer ce chiffre aux 160 000 personnes qui vivaient dans un rayon de 30 km de la centrale japonaise de Fukushima.

Les craintes d’une partie de la population sont d’autant plus grandes que l’an dernier, un tremblement de terre de magnitude 5,6 s’est produit, dont l’épicentre était à moins de 50 km de ces centrales nucléaires.

Jean-Christian Cady