Le programme nucléaire et balistique de la Corée du nord continue.

Selon des experts des Nations unies, le programme nucléaire et balistique de la Corée du Nord continue malgré l’accord de Singapour avec les Etats-Unis et les sanctions de l’ONU.

Dans un rapport adressé au Conseil de Sécurité le 3 août, un groupe d’experts de l’ONU déclare que la Corée du nord continue à violer les sanctions de l’ONU en transférant du charbon en haute mer et en continuant à ne pas respecter l’embargo sur les armes et sur les transferts financiers. Selon ce rapport, la Corée du nord a effectué des ventes d’armes légères par l’intermédiaire de trafiquants d’armes syriens à des rebelles houthis (chiites) au Yemen, de même qu’à des groupes armés en Libye et au Soudan. De même la Corée du nord a poursuivi sa coopération militaire avec la Syrie, en violation des résolutions du Conseil de Sécurité.

Les individus, les sociétés et d’autres entités en Asie qui avaient fourni des centrifugeuses pour le programme nucléaire de la Corée du Nord en violation de ces résolutions, avaient déjà fait l’objet de sanctions. Le groupe d’experts continue ses investigations sur ces groupes qui restent actifs dans la fourniture d’équipements militaires à des pays du Moyen-Orient ou d’Afrique.

Pour se fournir en pétrole et en charbon par transferts de bateau à bateau en haute mer, les Nord Coréens utilisent des techniques qui permettent de dissimuler l’identité des navires, en coupant le système d’identification automatique du bateau. De plus ils se servent de petits bateaux non enregistrés ou dont ils changent l’identité. Les transferts se font la nuit.

Selon les agences de renseignement américaines, il y a eu du 1er janvier au 30 mai 2018, au moins 89 cas de violations de l’embargo de l’ONU, ce qui a permis à la Corée du sud d’obtenir beaucoup plus que le contingent de 500 000 barils par an auquel elle est astreinte. Les Etats-Unis font état de 1,4 million de barils.

Le Wall Street Journal a publié une enquête très documentée selon laquelle en 2018 la Russie a violé l’embargo en accueillant sur son territoire 10 000 travailleurs nord coréens et en donnant à 700 d’entre eux un permis de travail en violation des sanctions qui interdisent d’en donner de nouveaux. La banque russe Agro Soyouz a été sanctionnée par les Etats-Unis pour avoir procédé à des transactions financières pour le compte des Nord Coréens.

Après une réunion les 5 et 7 juillet à Pyongyang avec son homologue nord coréen, le secrétaire d’État Mike Pompeo avait déclaré que ses conversations avaient permis des progrès sur des points-clés. Il s’était trouvé immédiatement démenti par les Nord Coréens, l’accusant d’utiliser des méthodes de gangster.

Dans sa réunion avec le comité des affaires étrangères du sénat américain, le 25 juillet, le secrétaire d’État Mike Pompeo a déclaré que depuis le sommet de Singapour des 5-7 juin entre le président Trump et le leader nord coréen, le programme de production de matériel fissile nord coréen se poursuit et que la production de missiles ne s’est pas arrêtée.

Lors de cette même réunion, le sénateur Bob Menendez a demandé à M. Pompeo si les Nord Coréens avaient la même définition de la dénucléarisation que les Américains et a ajouté qu’à son avis la réunion de Singapour entre Kim et Trump, n’était rien d’autre qu’une émission de télé-réalité avec de belles photos, où les Nord Coréens ont promis de faire d’autres promesses mais où les engagements concrets n’ont pas été au niveau de ce qui avait déjà été obtenu.

L’un de ces engagements concrets était le retour de dépouilles de soldats américains morts pendant la guerre de Corée. 36 500 soldats américains sont morts lors de la guerre de Corée (1950-1953) et 7700 ont été portés disparus (dont 5500 au nord de la ligne d’armistice). Un premier accord entre Washington et Pyongyang avait permis le retour de 229 dépouilles entre 1990 et 2005 mais ce processus avait alors été arrêté du fait de la dégradation des relations entre les deux pays. Conformément aux engagements qu’elle a pris à Singapour, la Corée du nord a repris le processus et restitué aux Etats-Unis le 28 juillet 2018 des corps de soldats américains morts sous la bannière de l’ONU. Mais ce ne sont que 55 soldats sur les 5500 disparus.

Les avancées réelles résultant de la rencontre Trump-Kim restent très modestes et ne pourront permettre à Donald Trump, toujours impatient et simplificateur, de se prévaloir avant les élections de mi-mandat, du succès diplomatique qu’il escomptait.

Jean-Christian Cady