FMI : poids accru pour les pays émergents

Chine, Inde ou Russie parleront bientôt d’une voix plus forte au FMI: après des années de blocage, le Congrès  américain  a  levé  vendredi  le  dernier  obstacle  à  une  réforme  de  l’institution  financière internationale qui renforce le poids des grands pays émergents.

Cette refonte adoptée par la communauté internationale en 2010 n’attendait que la ratification des Etats-Unis, actée vendredi dans une loi de compromis budgétaire, pour voir le jour et s’imposer aux 188 Etats membres du Fonds monétaire international.

Mais elle était devenue un point de blocage entre l’administration Obama et les républicains qui dominent le Congrès et rechignaient au moindre geste en faveur d’une organisation multilatérale, parfois critiquée à Washington pour les largesses accordées à la Grèce.

Au cours des récentes années, pas un sommet international ne s’était conclu sans qu’une piqûre de rappel ne soit administrée aux Etats-Unis, accusés de faire barrage à une réforme dont ils avaient été les premiers promoteurs en 2010 au moment de la récession planétaire.

A l’issue de leur dernière réunion mi-novembre à Antalya (Turquie), les pays du G20 s’étaient ainsi de nouveau dits « profondément déçus » par ce blocage et avaient « exhorté » les Etats-Unis à ratifier le texte « aussi vite que possible ».

Ces innombrables contretemps avaient également conduit les pays des Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) à ébaucher une architecture économique alternative en créant en juillet 2014 leurs propres fonds monétaire et banque de développement.

Le compromis arraché vendredi devrait alléger leur frustration tout en enlevant une épine majeure du pied de l’administration Obama. « Ces réformes vont renforcer la position dominante des Etats-Unis dans cette institution cruciale tout en fournissant au Fonds une solide assise financière », a commenté le secrétaire au Trésor Jacob Lew.

L’enjeu était également crucial pour le FMI lui-même. Déjà parce que cette réforme double ses ressources permanentes, appelées quotes-parts, en les portant à quelque 660 milliards de dollars.

Le feu vert du Congrès offrira ainsi au Fonds la possibilité d’abandonner les mécanismes précaires adoptés pour maintenir ses finances à flot et être en mesure de renflouer des pays en crise. Il permettra surtout à l’institution créée en 1944 de renforcer sa légitimité en reflétant davantage le rapport de forces économique mondial, chamboulé par la crise mondiale de 2008-2009.

Après la réforme, Pékin verra son poids quasiment doubler à plus de 6% et sera le grand vainqueur d’un texte qui renforce également, dans une moindre mesure, les droits de vote de l’Inde (2,3% à 2,6%), ou de la Russie (2,3% à 2,6%). Mais, avec 16,5% des droits de vote, les Etats-Unis resteront le premier actionnaire et continueront d’avoir un droit de veto.

18/12 – http://www.lefigaro.fr avec AFP