L’or profite de la panique ambiante

Le métal précieux, considéré comme une valeur refuge, a gagné plus de 10% depuis le début de l’année. Signe de la morosité ambiante, les banques centrales multiplient leurs achats.

Plus le monde de la finance s’enfonce dans la crise et plus l’or remonte la pente. Le métal précieux affiche une progression de plus de 10% depuis janvier alors que les principales places boursières réalisent un début d’année calamiteux. Ce jeudi, alors, l’or progresse de 2% à 1221,60 dollars l’once.

L’or bénéficie pleinement de son statut de valeur refuge dans un contexte d’inquiétude généralisée sur l’état de santé de l’économie mondiale. La Chine ne cesse de publier des indicateurs jugés inquiétants par les marchés, comme la baisse de ses réserves de change. Les États-Unis ne rassurent pas non plus. Parmi  les  dernières  mauvaises  nouvelles,  la  publication  d’un  indice  ISM  de  l’activité  non manufacturière en baisse en janvier, «suggérant que la faiblesse dans le secteur industriel pourrait maintenant déborder sur le secteur des services, précédemment robuste», commentent les analystes de Commerzbank. À cela s’ajoutent les propos peu rassurants de la présidente de la Réserve fédérale américaine, Janet Yellen. Cette dernière s’est dite hier inquiète de l’impact du ralentissement de l’économie mondiale sur la croissance américaine. Des propos qui poussent les investisseurs à ne plus croire à une hausse prochaine des taux d’intérêt.

Sans oublier la chute quasi-continue des prix du brut. Ce jeudi matin, le baril de WTI est passé sous les 27 dollars, à 26,90 dollars, tandis que le Brent reculait à 30,52 dollars.

Les investissements dans l’or s’intensifient

Cette situation de crise inquiète les banques centrales. Soucieuses de diversifier leurs avoirs, ces dernières multiplient les achats d’or. L’an dernier, elles ont fait l’acquisition d’un total de 588,4 tonnes de métal précieux, selon le dernier rapport du Conseil mondial de l’or. Leurs achats se sont notamment accélérés au deuxième semestre avec, pour cette seule période, 336,2 tonnes achetées (contre 308,8 tonnes à la même période en 2014). La Russie, dont l’économie est durement touchée par la dégringolade des cours du brut, a acheté à elle seule 200 tonnes l’an dernier, dont 141 tonnes entre juillet et décembre.

En plus des banques centrales, les consommateurs ont aussi choisi d’investir dans des pièces et autres lingots d’or. Sur le seul quatrième trimestre, l’investissement dans le métal jaune a bondi de 15% à 195 tonnes. La demande a été conséquente en Europe (219,3 tonnes achetées en 2015), ce qui fait de ce continent la plus importante source régionale de demande pour les lingots et pièces.

11/01 – Hayat Gazzane – http://www.lefigaro.fr