L’Indonésie, terre de mission de l’Etat islamique

L’organisation Etat islamique (EI) a revendiqué, jeudi 14 janvier, sa responsabilité dans la série d‟attaques qui a endeuillé l‟Indonésie quelques heures plus tôt, dans un bref communiqué diffusé en ligne par son agence de presse, Aamaq. Ces attaques ont fait 7 morts à Djakarta, à proximité d‟un café Starbucks et non loin de plusieurs agences des Nations unies et du quartier des ambassades. L‟EI avait revendiqué ses dernières attaques en Libye par le même canal.

Surfer sur les tensions religieuses

L‟EI a également braqué ses projeteurs sur l‟Indonésie dès les débuts de son expansion : avec ses 250 millions d‟habitants, l‟archipel est le pays musulman le plus peuplé au monde (85 % des habitants) ; sa population est majoritairement jeune et très connectée, 80 % des internautes du pays utilisent les réseaux sociaux, où les recruteurs de l‟EI excellent. Dès juillet 2014, la vidéo d‟un Indonésien combattant en Syrie et qui appelait ses compatriotes à le rejoindre circulait sur ces réseaux. Très rapidement, l‟EI engrange un soutien de poids : condamné à 15 ans de prison en 2011, Abou Bakr Bachir, le fondateur de la Jemaah Islamiyah, prête allégeance au « calife » Al-Baghdadi depuis sa cellule. Des réseaux sympathisants s’activent en organisant des séances collectives d‟allégeance : 1 000 à 2 000 personnes y auraient pris part, selon un rapport américain. Sans que cela se traduise forcément par un soutien d‟ordre opérationnel.

La propagande active de l’EI en Indonésie ne s‟est pourtant pas traduite par un afflux de ressortissants indonésiens sur le terrain. Ils seraient 800 à y combattre ou à avoir combattu, et 100 seraient revenus en Indonésie, selon les autorités. A titre de comparaison, plus 5 000 Tunisiens auraient fait le voyage alors que la Tunisie compte près de 25 fois moins d‟habitants que l‟Indonésie.

Officiellement, pour contrer le djihadisme, le gouvernement préférait jusqu‟ici s‟en tenir à un discours apaisant et à la promotion « d’un islam de compassion », selon les termes du ministre de la sécurité, Luhut Pandjaitan. Les attaques du 14 janvier pourraient l‟entraîner à durcir son discours.

14/01 –Madjid Zerrouky – Le Monde.fr (extrait)