L’Australie et le Japon: des partenaires militaires
Peu de pays ont autant transformé leurs relations que le Japon et l’Australie depuis les bombardements japonais sur l’Australie en 1942. Le premier ministre australien Malcolm Turnbull rencontre son homologue japonais Shinzo Abe à Tokyo le 18 janvier 2018 pour faire progresser un pacte de défense qu’on aurait cru autrefois inimaginable.
Cet accord doit définir le transfert d’équipements militaires entre les deux pays et permettre à l’Australie d’utiliser des bases militaires au Japon si un conflit devait se déclencher à propos de la Corée du nord.
En mars 2007 les deux premiers ministres, Shinzo Abe et John Howard, premier ministre australien à l’époque, ont conclu un pacte mutuel de sécurité portant notamment sur la lutte contre la piraterie maritime et contre le terrorisme, sur la non prolifération nucléaire, le désarmement, la protection des frontières. Les ministres des affaires étrangères et de la défense des deux pays ont régulièrement des consultations (dialogue deux plus deux).
En 2010 l’Australie et le Japon ont lancé l’initiative de désarmement et de non prolifération nucléaire. Ils ont participé a des manoeuvres militaires communes, souvent avec d’autres pays, notamment les Etats-Unis. Evidemment la volonté affirmée de la Chine d’étendre son influence en Asie orientale et en Océanie n’a pu qu’encourager Canberra et Tokyo à resserrer leurs liens de coopération militaire.
On dit que l’Australie veut que le Japon joue un rôle plus actif dans le domaine de la défense. M. Turnbull parle de « l’incertitude stratégique » en Asie. Le rôle de l’Amérique sous la présidence de Donald Trump est un aspect. L’expansionnisme chinois en est un autre. La Chine, qui est le principal partenaire commercial de l’Australie, va prêter beaucoup d’attention à ces entretiens. La Chine est déjà mécontente des critiques australiennes de l’aide chinoise au développement des pays insulaires du Pacifique. Des relations plus étroites entre l’Australie et le Japon peuvent l’irriter davantage car elles pourraient pourraient conduire à des exercices militaires nippo-australiens à Darwin, la ville du nord australien qui avait été bombardée par les Japonais en 1942. Ce serait un signal symbolique fort.
A partir d’un article publié dans
The Economist
18 janvier 2018