Indo-Pacifique

En complément des articles présentés le mois dernier, il faut mentionner le numéro 53, des Grands Dossiers de la Revue Diplomatie pour octobre-novembre 2019 ayant pour thème : « Indo-Pacifique, géopolitique d’un nouveau théâtre d’influence ». Cette revue a été présentée le 21 novembre lors d’un colloque organisé en partenariat avec l’IRSEM en présence de quelques-uns des auteurs, dont plusieurs ont déjà participé aux revues Politique étrangère et Défense nationale déjà citées.

Les panélistes ont souligné la continuité historique de cette notion avec la « réinvention ou la reconstruction » du concept de l’ancienne « Asie-Pacifique » jugée trop exclusivement économique. La vision plus stratégique d’Indo-Pacifique lancée en 2007 par Shinzo Abe à l’occasion d’une visite en Inde, met l’accent sur une zone de transit névralgique pour le commerce international, les luttes d’influence entre les Etats-Unis et la Chine, et la présence maritime des 4 principales flottes mondiales : Etats-Unis, Chine, Australie et France. La prédominance de la dimension maritime, avec son corollaire de défense de liberté des mers, ne suffit pas à lever toutes les ambiguïtés de ce nouveau théâtre d’influence : difficulté de définition géographique, manque d’homogénéité de l’espace concerné, quête d’unité et de stabilité.

Au centre des débats :

  • Comment défendre l’ordre multilatéral fondé sur les règles de droit et la liberté de navigation et de survol ?
  • Quelle place pour les Etats d’Afrique et les Etats insulaires de l’Océanie, en périphérie ?
  • Quelles coopérations pour répondre aux attentes des différents acteurs ?

Un regard sur les théories du XIXème siècle incite à réaffirmer la primauté du maritime dans les relations internationales. Selon l’Amiral américain Mahan (1840-1914), « celui qui contrôle l’Océan indien, voie de passage entre les sept mers du monde, contrôle l’Asie ».  La grandeur de l’Empire britannique était fondée sur sa suprématie maritime (avec sa marine de guerre et sa marine marchande).

Aujourd’hui, il ne s’agit plus de « contrôler », mais d’assurer à tous une liberté d’accès et de circulation.

C’est la position défendue par la France : la stratégie française n’est dirigée contre aucun pays. Elle consiste à promouvoir la paix et la stabilité et vise à protéger nos citoyens, nos territoires, nos intérêts, comme l’a réaffirmé Mme Florence Parly, Ministre des Armées récemment. Christian Lechervy, dans son article « La Polynésie française, Extrême-Orient de l’Indo-Pacifique » met en évidence la position française de « co-actrice » des politiques indo-pacifiques, « une vitrine et un atout de l’Union européenne dans le Pacifique ».

Hélène Mazeran