Un après-Poutine ?

Vladimir Poutine lors de son adresse devant le Parlement le 15 janvier 2020 (Source : Sputnik)

Le 15 janvier, Vladimir Poutine dans son adresse annuelle à l’Assemblée fédérale propose entre autres de modifier la Constitution soulignant par ailleurs que la législation nationale prévaudrait sur les traités internationaux.

Le but est de développer la Russie en tant qu’État de droit social et de renforcer le rôle de la société civile, des partis politiques et des régions dans l’élaboration des décisions importantes pour l’évolution du pays.

Il souhaite renforcer du pouvoir des gouverneurs au sein d’un Conseil d’Etat dont le rôle augmenterait  et dont le statut serait introduit dans la Constitution.

Dans son discours, il suggère également de transférer une partie des pouvoirs présidentiels à la chambre basse, la Douma. Celle-ci se verrait alors chargée de nommer le Premier ministre et le gouvernement dont le Président ne pourra rejeter la nomination. Rappelons cependant que la Douma est dominée par « Russie Unie », parti favorable au président, qu’il a dirigé pendant son temps de Premier ministre avant le relais pris par D. Medvedev en 2012. Mais cela ne remet toutefois pas en cause le caractère  présidentiel du pouvoir.

Peu après, Dmitri Medvedev annonce sa démission de Premier ministre (mais pas de chef de Russie Unie) et celle de son gouvernement afin de permettre la conduite de ces changements. Vladimir Poutine a alors proposé la candidature de Mikhaïl Michoustine, directeur du Service fédéral des impôts. Ce qui a été validé le 16 janvier par le parlement par 383 députés pour,  zéro voix contre et 41 abstentions (les députés communistes).

Mikhaïl Michoustine (Source Yahoo!)

Mais Vladimir Poutine n’a pas expressément parlé de son avenir  alors que son second mandat expire en 2024. Il semblerait s’acheminer vers  la direction du Conseil d’Etat qui lui conserverait certains pouvoirs.

Quid de la limitation du nombre total de mandats (actuellement limité à deux mandats successifs mais renouvelables après une période de « vacance »)  même si Vladimir Poutine souhaite que le président ne puisse plus effectuer plus de deux mandats consécutifs, soit 12 ans (depuis 2008).

Vers quelle transition ?

Boris Eltsine, premier président élu de Russie, a choisi de quitter le pouvoir le 31 décembre 1999 avant la fin de son second mandat. Il a nommé auparavant en août 1999 et contre toute attente Vladimir Poutine Premier ministre  qui lui succède comme Président lors des élections de 2000.

En faisant nommer Mikhaïl Michoustine à la tête du gouvernement poursuit-il le même dessein ? Rien n’est moins sûr même s’il dit vouloir assurer une passation de pouvoir afin d’assurer au pays une certaine stabilité. Le nouveau premier ministre veut des changements en augmentant les revenus réels des Russes,  en favorisant le climat des investissements et  la démographie. Il souhaite aller vers une république parlementaire alors que Vladimir Poutine privilégie une république présidentielle forte.

Cet agent du fisc, plus technocrate que politique, n’a pas été désigné comme dauphin…

Vladimir Poutine restera-t-il l’homme fort de la Russie face à un nouveau président ayant des prérogatives limitées ?

Sources : Sputnik, Le Figaro, malaymail, le Parisien, Wikipédia, Le Monde

Michèle BIETRIX