La reconduction de l’accord de 2018 entre le Saint-Siège et la Chine

Source : https://www.challenges.fr/ Le drapeau chinois flotte devant l’église catholique Saint-Joseph à Pékin le 22 octobre 2020 AFP – GREG BAKER

Le 21 octobre le cardinal Pietro Parolin, secrétaire d’Etat du Vatican, a annoncé que l’accord provisoire conclu en septembre 2018 avec la République Populaire de Chine au sujet de la nomination des évêques avait été prorogé pour une période de deux ans. Cette nouvelle a été confirmée par M. Zhao Lijian, porte-parole du ministère chinois des Affaires Etrangères.

Selon l’Osservatore Romano l’accord de 2018 a eu des effets positifs « grâce à une bonne communication et à la coopération entre les deux parties ». Le pape a levé l’excommunication qui frappait sept évêques nommés par Pékin sans son approbation. Il a en outre reconnu officiellement la création du diocèse de Chengde dans la province du Hebei. De son côté le gouvernement chinois reconnu deux évêques appartenant à l’église clandestine. Le 28 août 2019 Mgr Antonio Yao Shui a été nommé évêque du diocèse d’Ourlanqap, en Mongolie Intérieure, en application des dispositions de l’accord de 2018.  

Malgré certains progrès des tensions subsistent dans les relations entre le Saint-Siège et le gouvernement de Pékin. Ce dernier applique une politique de sinisation des confessions religieuses. Il a fait supprimer des croix ornant des bâtiments ecclésiastiques, détruit des églises, arrêté des religieux et des laïques, placé des évêques en résidence surveillée, fermé des écoles confessionnelles. Les fidèles sortis de la clandestinité sont souvent marginalisés. Dans la province du Fujian, Mgr Guo Xijin, a démissionné de son poste coadjuteur de l’évêque de Mindong.  Il a prétexté de « son incompétence » et s’est jugé « d’un autre temps ». En fait il était constamment persécuté par les autorités. D’autre part il lui répugnait à servir sous les ordres du nouvel évêque, Mgr Vincent Zhan Silu, provenant de l’église officielle.  Au sein de l’église, des voix s’élèvent pour critiquer la politique d’accommodement avec le régime communiste pratiquée par le pape François. En particulier le cardinal Joseph Zen, évêque émérite de Hong Kong, a porté un jugement sévère sur l’accord de 2018. Il  déclaré que ce texte a  conduisait « à l’anéantissement de la vraie église » et que « les catholiques chinois se sentaient trahis ».

La Chine compte entre dix et douze millions de catholiques mais ils sont divisés en deux églises. Un groupe appartient à « l’Association patriotique des catholiques chinois » soumise au contrôle gouvernemental. Une autre communauté de croyants constitue l’église clandestine, restée fidèle au Saint-Siège. Soixante-dix évêques appartiennent à l’église officielle et une trentaine exercent leur ministère dans la clandestinité. L’arrangement de 2018 vise à réunir les deux églises. Toutefois, le Vatican maintient une mission diplomatique à Taïwan ce qui fait obstacle à une normalisation de ses  rapports avec la RPC et interdit au Saint-Père de faire, comme il semble le souhaiter, une visite à Pékin.

Jean-Michel DASQUE