MER DE CHINE DU SUD

Les enjeux

REMARQUE PRELIMINAIRE

Au cours des dernières semaines les journaux ont beaucoup parlé de la Mer de Chine du Sud.

Nous laissons aux juristes le soin de définir d’une façon  générale le statut des divers éléments « terrestres »  (*)   qui parsèment la mer et aux juges compétents le soin de régler les questions de souveraineté sur ceux-ci dans le cas particulier de la Mer de Chine du Sud.

Nous regarderons les objectifs des différentes parties intéressées.

CHINE

  • Le premier objectif de la République Populaire de Chine  est géostratégique : c’est d’occuper le maximum d’espace maritime pour que d’autres puissances ne s’y installent pas (jeu de go).

La Chine attache d’autant plus d’intérêt au contrôle de cette zone maritime que l’île de Hainan abrite une base de sous-marins nucléaires.

Les pistes aériennes construites sur de petits îlots remplacent les porte-avions qui lui manquent.

  • Le deuxième objectif est économique : c’est de disposer d’une ZEE (zone d’exploitation exclusive) aussi vaste que possible pour exploiter les richesses halieutiques et minérales qui s’y trouvent.

A cela s’ajoute le désir de contrôler une zone où passe une très grande partie des importations et des exportations chinoises.

Pour mémoire, il y a environ trois ans le gouvernement chinois a créé sur une des îles Paracel la « préfecture » de Sansha, rattachée à la province de Hainan.

ETATS-UNIS

Le principal souci des Etats-Unis, c’est que soit reconnu et respecté le droit de libre circulation pour les navires et les aéronefs civils et militaires.

Bien évidemment, ils n’apprécient pas de voir une présence militaire proche de leur principal allié dans la région (les Philippines)  et des autres pays avec lesquelles ils entretiennent de bonnes relations et effectuent régulièrement des exercices militaires.

PAYS DE  L’ASEAN

Tous les pays de l’ASEAN baignés par la Mer de Chine du Sud (à l’exception du Cambodge) contestent les  « activités »  chinoises dans cette mer qui entraîne une réduction de leurs ZEE et une présence militaire dont on ne connaît pas les ambitions.

On doit toutefois remarquer que les véhémentes protestations du Vietnam ont abouti au retrait d’une installation d’exploitation pétrolière installée par les Chinois à proximité des côtes vietnamiennes.

Il avait été question d’un accord pour l’exploitation en commun  des ressources de cette mer.

Mais cet accord est resté à l’état de projet, la Chine préférant des négociations bilatérales à des négociations avec un ensemble de pays rassemblant plusieurs centaines de millions d’habitants.

La position des pays de l’ASEAN est très inconfortable :

  • d’une part ils ne veulent pas se fâcher avec la Chine qui est pour beaucoup leur principal partenaire commercial, qui est très proche géographiquement et dont la puissance militaire est en forte croissance,
  • d’autre part ils recherchent l’appui des Etats-Unis mais ils n’ont qu’une confiance limitée en ceux- ci; ils sont forts, mais ils sont lointains et ils attachent plus d’importance à leurs propres intérêts géostratégiques qu’aux intérêts économiques des pays de la région

JAPON

Le Japon s’inquiète des menaces pesant sur la liberté de navigation en Mer de Chine du Sud, bien que le détroit de Lombok offre une alternative.

Comme les pays de l’ASEAN, il souhaite que la « Déclaration de bonne conduite » ne reste pas lettre morte mais soit suivie d’un « Code de bonne conduite ».

Mais il est avant tout préoccupé par les questions de souveraineté à propos de ses litiges avec la Chine (Senkaku – Diaoyu)  et la Corée (Takeshima – Dokdo – Liancourt).

(*) Îles, îlots, atolls, récifs, rochers ou bancs de sable émergés, submersibles ou submergés, etc.