La Chine et l’Arctique
Pour compléter la conférence de Thierry Garcin, voici le lien vers un article publié le 7 septembre 2024 sur ce sujet sur le site de geoweb
https://www.geopoweb.fr/?LA–CHINE-ET-L-ARCTIQUE-Thierry-GARCIN
Superficie : 74 000 km2
Population : 3,6 Mh
Densité :
PNB : 52 milliards $
Pour compléter la conférence de Thierry Garcin, voici le lien vers un article publié le 7 septembre 2024 sur ce sujet sur le site de geoweb
https://www.geopoweb.fr/?LA–CHINE-ET-L-ARCTIQUE-Thierry-GARCIN
Après les années de « repliement » de l’empire de la terre, puis le « siècle des humiliations », la Chine de Xi Jinping regarde à nouveau vers la mer, ou plutôt vers les mers et l’ensemble du monde, la Chine voulant être « un pays puissant au premier rang mondial en 2049 »[1] (discours de Xi Jinping au XXème congrès du PCC le 16 octobre 2022) et donc une puissance maritime.
Xi Jinping se plait à rappeler la continuité de sa politique[2] avec celle desTang, des Song, puis des Yuanqui, avec les expéditions entre 1405 et 1433 de l’Amiral Zheng He, ne visait pas à coloniser des territoires, à assujettir des peuples, mais à pourchasser les pirates, à assurer la liberté de navigation, à développer le commerce et à faire reconnaître la puissance chinoise. Le 11 juillet 2005, a été décrétée la Journée Maritime de la Chineen l’honneur des 600 ans de la 1ère expédition de Zheng He. Lors de la cérémonie d’ouverture des JO de Pékin en 2008, divers tableaux faisaient référence à ces expéditions, symbole de la vocation maritime de la Chine. Il est cependant notable que la Chine des Ming s’est refermée sur elle-même pendant plusieurs siècles, et que le discours révolutionnaire soulignait la rupture avec le passé… D’où une perplexité sur la « continuité » prônée par M. Xi Jinping ….
Depuis 2013, le projet BRI des routes de la soie maritimes et terrestres s’inscrit dans cette logique de contournement et de traversée du continent eurasiatique. La Chine affirme à nouveau son ambition après des années de repli.
Faire reconnaître la puissance chinoise : De Zheng He à Xi Jinping[3]
Aujourd’hui, et dans la perspective du centenaire de la République populaire de Chine, en 2049, le projet a désormais une visée mondiale avec une pénétration du continent américain, du moins dans sa partie latino-américaine, à travers l’océan Pacifique.
La première étape de ce mouvement a d’abord consisté pour la Chine à tenter d’accroitre soninfluence dans les Etats insulaires du Pacifique, micro-Etats peu développés[1] que la Chinea cherché à « détacher » de Taïwan, s’assurant ainsi de nouvelles voix aux Nations-Unies[2] (4 Etats reconnaissant Taïwan sont ici). Cependant la tournée du Ministre des affaires étrangères Wang Yi dans le but de proposer un « Plan d’action quinquennal pour le développement commun Chine-pays du Pacifique » en mai-juin 2022, n’a pas reçu pour l’instant un accord enthousiaste, mais le projet n’est pas abandonné. Par ailleurs, la Chine entretient aussi des relations avec les mouvements d’opposition à la politique française en Nouvelle-Calédonie et en Polynésie français, territoires où les mouvements indépendantistes ont remporté les dernières élections locales.
Au-delà de l’aspect politico-diplomatique de ces relations, il ne faut pas oublier le rôle non négligeable des ressources minérales présentes sur certains territoires et surtout dans les fonds océaniques[3], dont la Chine est très demandeuse et dont elle contrôle les plus grandes capacités de raffinage.
La journée annuelle de la cartographie, le 28 août 2023, a été l’occasion pour le Ministère des ressources naturelles de publier une nouvelle version dela carte « officielle » de la Chine et de ses abords terrestres et maritimes[4]: à la « ligne des 9 traits », est ajouté un « 10ème trait » à l’est de Taïwan, englobant toute la mer de Chine, au détriment de ses voisins(Indonésie, Malaisie, Philippines, Vietnam), ainsi que des territoires indiens dans l’Himalaya (Aksai Chin et Arunachal Pradesh) et des territoires russes avec l’île de Bolchoi Oussourisk en totalité alors qu’elle avait été partagée en deux par l’accord de 2008 entre la Russie et la Chine. Cette publication heurte ainsi tous les voisins de la Chine, en rappelant toutes les revendications évoquées en 1948 par TchangKaï-Chek, puis reprises par Mao. Wang Wenbin, porte-parole du Ministère chinois des Affaires étrangères a qualifié cette publication de « démarche de routine ». Mais lors de sommet de l’ASEAN à Djakarta (5-7 septembre 2023),les 4 voisins maritimes de la Chine ont condamné énergiquement ces revendications « unilatérales », rappelant l’arrêt de la Cour d’arbitrage de la Haye du 17 août 2016qui les jugeaient « sans fondement ». En présence de laVice-présidente américaine KamalaHarris et du Premier ministre chinois Li Qiang, le communiqué final a évité prudemment tout référence à ce sujet sensible. Souhaitant préserver une « amitié sans limite », motivée pour la Russie par la guerre en Ukraine, M. Serguei Lavrov a qualifié ce tracé de « simple problème technique ». La question de ces terres devenues russes lors des « traités inégaux » (la Russie tsariste a alors participé au découpage de la Chine) a en principe été résolue en 2008 : les traités inégaux ont été dénoncés par Moscou, mais le retour des territoires à la Chine n’a pas été évoqué[5]. Lesouvenir est toujours vivace, et encore plus depuis l’arrivée au pouvoir de Xi Jinping, et la Chine fait périodiquement des « piqûres de rappel »[6].
La publication de cette carte est-elle une « erreur » ou un acte délibéré pour mentionner que les problèmes ne sont pas « oubliés » ?
Parallèlement, se poursuit une recherche continue de relations approfondies avec le continent latino-américain. On retrouve ici aussi le souhait de prendre la place de Taïwan dans les relations diplomatiques de pays d’Amérique centrale et des Caraïbes[7], sans doute aussi d’y contrer l’influence nord-américaine. Les changements politiques dans plusieurs Etats de la région ont conduit à un désir d’émancipation de cette influence des Etats-Unis et un désir de diversification des partenariats. Ont rompu leurs relations diplomatiques avec Taïwan au profit de Pékin le Panama en 2017, le Nicaragua en 2021, le Honduras en 2023.
Au milieu des années 2000, cela a conduit à la signature d’accords de libre-échange avec le Brésil, la Colombie, l’Argentine, le Pérou et donc à un développement des relations politico-diplomatiques, et en dernier lieu avec le Nicaragua en août 2023.Cependant le projet de construction d’un canal transocéanique au Nicaragua, lancé par la Chine en 2015, prévu pour concurrencer celui de Panama en2029, semble en suspens, alors que les travaux d’agrandissement de celui de Panama sont terminés depuis 2016.
Mais peu à peu se manifeste le désir de Pékin d’avoir accès aux ressources naturelles de ces pays (gaz, pétrole, minerais et terres rares) et d’investir dans les infrastructures ferroviaires et portuaires.
Les investissements chinois, par exemple, sont dans les parcs solaire et éolien en Argentine, dans les gisements de pétrole au Venezuela, dans les centrales hydroélectriques au Brésil… Power China développe une cinquantaine de projets dans 15 pays d’Amérique latine (Cf Roberta Fortes. COFACE).
Quelques cas particuliersrécents méritent attention, notamment celui du Pérou.
En 2018, Chimalco, entreprise d’aluminium chinoise, a investi 1,3 milliard de dollars dans des mines de cuivre au centre du Pérou dont il est le 3ème producteur mondial. En 2022, la Chine en a importé pour 14 milliards de dollars et est ainsi devenue le 1er partenaire commercial du Pérou devant les Etats-Unis. Elle est aussi intéressée par les autres ressources minérales du Pérou qui est le 2ème producteur mondial d’argent, et dispose de ressources importantes de lithium (comme ses voisins argentins, boliviens et chiliens).
D’où l’intérêt de la construction d’un port en eau profonde à Chancay (70km au nord de Lima) par l’entreprise chinoise Cosco Shipping (connue pour avoir pris le contrôle du port du Pirée depuis 2016 avec 60% des participations, et pour avoir une importance croissante dans la gestion du port d’Hambourg). L’ambition chinoise est de faire de Chancay le « Shanghai du Pérou », qui pourra accueillir les plus gros cargos du monde et relier le Brésil, le Chili, la Colombie et l’Equateur à la Chine. Ces installations portuaires sont donc indispensables pour le développement chinois des exportations de minerais et des échanges économiques, mais elles sont sans doute aussi à double usage et pourraient servir au ravitaillement de bâtiments de la marine de guerre. Sans compter les risques de surendettement pour le Pérou, on ne peut oublier le cas d’Hambatota au Sri Lanka.
En outre, depuis 2020, une part du marché de l’approvisionnement électrique de Lima est gérée par l’entreprise chinoise Three Gorges Corporation[8]qui possède le plus grand barrage hydroélectrique au centre du Pérou à Chaglia. En avril 2023, la China Southern Power Grid International s’est portée acquéreur des activités électriques à Lima de la société italienne Enel pour un montant de 2,9 milliards de dollars. Si cette vente se concrétisait, l’ensemble du marché de l’électricité sur Lima serait en totalité entre les mains de la Chine, ce qui pose un problème de souveraineté et de sécurité nationale. Consciente de ce risque, l’autorité péruvienne INDECOPI, en charge de la concurrence, doit rendre un deuxième avis avant la fin de 2023.
Dernier exemple en date de la progression de l’influence chinoise en Amérique latine, le « partenariat stratégique » signé entre la Chine et la Colombie le 25 octobre 2023 à Pékin : La Colombie est invitée à rejoindre la grande famille des projets BRI, la Chine étant son 2ème partenaire commercial. La China Harbour Engineering Company est chargée de la construction de la 1ère ligne du métro aérien de Bogota.
Les BRI chinoises font désormais le tour du mondeet cette stratégiepolitico-économiques’accompagne depuis 2004 de la diffusion d’un « soft power » au travers desInstituts Confucius, à l’origine créés pour développer l’apprentissage du chinois et diffuser la culture chinoise. Mais aujourd’hui, avec plus de 540 Instituts dans 154 pays dans le monde, les Instituts Confucius constituent un relais d’influence, voir un outil de propagande pour Pékin.
Lors du3èmeForum des BRI à Pékin les 17 et 18 octobre 2023,les délégations de 130 pays étaient présentes. En dépit du succès affiché, on remarquera que certains pays manifestent des « réserves » quant au projet. L’Italie a annoncé qu’elle ne reconduirait pas sa coopérationpour cause de déficit commercial ; de nombreux pays africains n’ont pas une activité économique suffisante pour leur permettre de rentabiliser les infrastructures qu’ils doivent rembourser à Pékin. Le projet BRI va-t-il marquer une pause dans son extension ?
Dans ce contexte, l’initiative européenne Global Gatewaylancée en 2021 peut-elle se placer en concurrente ?
Hélène Mazeran
[1] On lira avec intérêt l’ouvrage du Général Serge Cholley : « Les ambitions spatiales de la Chine : d’une puissance mondiale vers une puissance globale ». Le Fantascope. 2012
[2] Cf François Lafargue et Li-Zhou Lafargue : « La mémoire disputée de Zheng He » in Revue Etudes n°4225, mars 2016.
[3] Source des cartes : Fabienne Manière : « La flotte des Trésors largue les amarres », in Hérodote, 3 mars 2023. Et Frédéric Lasserre. Département de géographie de l’université Laval, Québec, 2023.
[4] Cf les articles publiés sur le site de l’Institut du Pacifique au cours de 2022 : « Pénétration insidieuse de la Chine dans le Pacifique : l’exemple des îles Salomon » (30 avril) ; « Nouvelle étape de l’expansion chinoise dans le Pacifique ? (12 juin)
[2]Marshall, Nauru, Palaos, Tuvalu
[3] Cf Michel Jebrak : « Thalassocratie et ressources minérales : le cas de l’océan Pacifique » ? Conférence à l’Institut du Pacifique, 5 octobre 2023.
[4] Cf Sébastien Falletti : « La nouvelle carte de la Chine irrite ses voisins » in Le Figaro, 12 septembre 2023. Emission Les dessous des cartes, 5 septembre 2023.
[5] Cf Pierre Andrieu : « Géopolitique des relations russo-chinoises ». PUF, septembre 2023.
[6]Cf Serge Cholley : “Les ambitions spatiales de la Chine : d’une puissance mondialevers une puissance globale ». Collection des ChercheursMilitaires, 2012
[7]Belize, Guatemala, Haïti, Paraguay, St Christophe et Nieves, St Vincent et Grenadines, Ste Lucie.
[8] A la tête du barrage des Trois Gorges en Chine (record de production annuelle mondiale en 2020), elle a cependant vu rejetée son offre d’achat au portugais Energias Portugal.
Le 1er mars, les 27 membres de l’UE doivent adopter une première liste de projets qui bénéficieront de l’initiative européenne « Global Gateway » (présentée le 1er décembre 2021par la Commission européenne pour mobiliser 300 milliards d’euros d’ici 2027 pour des projets d’infrastructures hors de l’UE, des Balkans occidentaux à l’Afrique du sud ou à l’Asie). Les difficultés ne sont pas encore toutes surmontées…. Et l’Inde, le Japon et les Etats-Unis ont aussi de projets concurrents aux « routes de la soie ».
Vo Van Thuong , seul candidat à l’élection présidentielle, est élu le 2 mars, par 487 voix sur 488 que compte l’Assemblée nationale, comme nouveau président du Vietnam, succédant à Nguyen Xuan Phuc. Celui-ci a démissionné en janvier dernier suite à une campagne visant la corruption et les pratiques malsaines et à l’origine d’une purge anticorruption. Celle-ci a entraîné le départ de nombre de hauts responsables. Si Vo n’a que 52 ans, son rôle reste moins important que celui du puissant secrétaire général du PCV, Nguyen Phu Trong, à qui il pourrait succéder.
La 8e conférence internationale de Panama sur « Notre Océan » du 2 au 4 mars s’est terminée sur un accord préfigurant un traité (au bout de 15 ans de négociations) relatif entre autres à de protection de la haute mer qui représente 60% de la surface des océans. Une fois ratifié par un nombre suffisant de pays, ce traité va permettre la création d’aires marines protégées appelées à jouer un rôle essentiel dans la préservation de la biodiversité et le renforcement de la résilience face aux effets du changement climatique. Espérons que les états n’attendront pas trop longtemps !
Le 3 mars, après 3 ans de procès avec 66 audiences, Kem Sokha a été condamné à 27 ans de réclusion pour « trahison » et collusion avec des pays étrangers. Le Parti du sauvetage national du Cambodge (PSNC) créé avec Sam Rainsy (en exil en France depuis 2015) a été dissout en 2017. Arrêté en septembre 2017, Kem Sokha a été privé de de tous ses droits civiques et assigné à résidence à son domicile et placé sous contrôle judiciaire. Il ne peut communiquer qu’avec quelques membres de sa famille. Le PSBC rassemblait 44,7% des sièges de l’Assemblée nationale avant les législatives de 2018. Mais le parti du peuple cambodgien de Hun Sen est de facto le parti unique. Soutenu par la Chine et utilisant les mêmes méthodes de traque des opposants, le régime est resté sourd aux critiques unanimes des chancelleries occidentales. Ce procès est qualifié par un de ses avocats comme « ni juste, ni équitable ». Alors que la plupart des opposants politiques ont été contraints à l’exil, les libertés civiles, d’information notamment, sont de plus en plus restreintes à 4 mois des prochaines élections législatives en juillet. Hun Sen, ancien Khmer rouge proche de Pol Pot et installé au pouvoir en 1985 par l’armée Vietnamienne qui a chassé les Khmers rouges en 1979, a développé un autoritarisme sans limite, envisageant de rester au pouvoir jusqu’en 2028 et ensuite d’y installer son fils hun Manet qui est déjà chef des armées.
Du 3 au 5 mars, Gérard Darmanin, Ministre de l’Intérieur et des Outre-mer est en Nouvelle Calédonie pour tenter de nouer des négociations sur le futur du territoire entre l’Etat et les deux entités locales, loyalistes et indépendantistes avant les élections provinciales de 2024. Un report de ces élections à une date ultérieure permettrait-il de trouver une solution satisfaisante pour tous sur le futur statut, alors que les accords de Matignon en 1988 et de Nouméa en 1998 ne semblent plus répondre aux besoins actuels. Ainsi après trois jours de visite en Nouvelle Calédonie, Gérard Darmanin, a annoncé l’invitation à Paris pour une dizaine de jours vers la mi-avril des mouvements indépendantistes (dont le FLNKS) et non-indépendantistes pour une réunion dans un format officiel afin d’examiner les sujets de « compromis nécessaires » pour définir l’avenir institutionnel du territoire.
Du 4 au 13 mars se déroule à Pékin la session annuelle de l’Assemblée nationale populaire qui réunit ses 3000 membres. Le 10 mars, le mandat de 5 ans de Xi Jinping y sera renouvelé pour la 3ème fois, et entraînera un grand remaniement gouvernemental. La pérennité et le pouvoir incontesté de Xi Jinping semblent ainsi assurés après sa prolongation pour 5 ans à la tête du PC et de l’armée lors du Congrès du PC qui s’est tenu en octobre. Li Keqiang termine son mandat et annonce un objectif de 5% de croissance pour 2023. Il sera remplacé par Li Qiang, un fidèle de Xi Jinping. Par ailleurs, le budget militaire progresse de 7,2%.
A la suite des élections législatives des Etats fédérés de Micronésie le 7 mars, le président sortant David Panuelo n’a pas été réélu. Ce qui n’est pas le cas de Xi Jinping, réélu à l’unanimité( ?) pour un 3e mandat le 10 mars ! Mais ce grand jour est « entaché » par les accusations de David Panuelo à l’encontre de la Chine qu’il accuse de menaces directes à son encontre et à l’encontre de la Fédération risquant d’être vassalisée, de tentatives de corruption, ce que bien évidemment dénonce la RPC avec sa vigueur habituelle. Si petites soient-elles, les îles océaniennes sont le centre d’enjeux en raison de leur emplacement stratégique.
Xi Jinping désormais plus puissant que Mao : réélu le 10 mars au poste de chef de l’Etat pour un 3ème mandat de cinq ans, alors que en octobre dernier, lors du XXème congrès du PC, il a été réélu à la tête du PC et à la tête de la Commission centrale militaire. En octobre une modification législative a levé les limites de temps à ses différents mandats, ce qui avait suscité un « rappel à l’ordre » de Hu Jintao, suivi d’ailleurs immédiatement par sa mise à l’écart (vue sur toutes les télévisions du monde). Mao n’avait pas été chef de l’Etat pendant plus de 10 ans…. La plupart des réformes administratives et politiques mises en place par Deng Xiaoping (pour empêcher la mise sous tutelle de l’ensemble politique chinois par un seul individu) ont peu à peu été effacées pour concentrer tous les pouvoirs entre ses mains pour une durée illimitée. « On est passé d’un modèle de décision par consensus à un modèle où Xi décide seul de tout » (professeur Suisheng Zhao, université de Denver). Désormais rien ne peut arrêter XI dans son projet de « renaissance de la Chine … en effaçant les humiliations du passé, lorsque la Chine était bafouée par des forces extérieures». Centralisation et étatisation seront encore accentuées pour mener la Chine vers une autosuffisance alimentaire, technologique et militaire si … les défis économiques et démographiques sont surmontés…. Les nouveaux membres du Gouvernement sont des hommes de confiance, choisis pour leur loyauté à XI et à son idéologie, et non pour leurs mérites, après une mise à l’écart de ceux dont il ne serait pas sûr. Parmi eux le ministre de la Défense, le Général Li Shangfu (sanctionné par le gouvernement américain en 2018 pour des achats d’armes russes) ; et également le gouverneur de la Banque centrale Yi Gang et le Ministre des finances Liu Kun, bien qu’ils soient atteints par la limite d’âge….
Le 10 mars a été annoncée à Pékin la reprise des relations diplomatiques entre l’Iran et l’Arabie saoudite par une déclaration tripartite, aboutissement des efforts de Xi Jinping entamés dès 2016.
Principales étapes :
L’objectif chinois est de développer les relations économiques avec les monarchies du Golfe et de les inclure dans l’ensemble du projet des Routes de la soie. De son côté, l’Arable saoudite y voit le moyen de se distancer un peu des Etats-Unis. L’Iran et l’Arabie saoudite espère par cette politique intégrer les BRICS (Brésil, Inde, Russie, Chine, Afrique du sud). Un élargissement de l’OCS pourrait aussi être étendu à l’Arabie saoudite après l’Iran ???
A l’issue de la 14ème Assemblée populaire nationale (APN) qui s’est terminée à Pékin le 10 mars, Xi Jinping, déjà réélu à la tête du PC lors du XXème Congrès en octobre dernier, a été réélu Président de la République pour 5 ans pour la 3ème fois. Le 12 mars, les membres du gouvernement ont ensuite été nommés. On notera en particulier :
On remarquera que d’une manière générale les rivaux possibles de Xi Jinping ont été envoyés en retraite, alors que ses fidèles ont bénéficié de dérogations éventuelles si nécessaire. Mais le souci de ne pas effrayer les marchés financiers a sans doute justifié le maintien des responsables majeurs du secteur économique.
Le Sommet de San Diego (Californie) du 13 mars rassemble Joe Biden, Rishi Sunak et Anthony Albanese. En dépit d’un réchauffement diplomatique franco-australien et franco-britannique, cette réunion est « héritage » du pacte AUKUS signé en septembre 2021 et conçu comme « une arme de dissuasion antichinoise ». C’est aussi le symbole d’une alliance régionale sous parrainage américain d’où la France est absente (pour l’instant du moins ???)
Le 14 mars, le Honduras annonce vouloir nouer des relations diplomatiques avec la Chine continentale au détriment de son allié taiwanais de longue date. Ce dernier a en effet refusé d’accéder à la demande hondurienne d’un versement (annuel ?) de 100 millions d’USD alors que la dette publique de ce petit état est de 20 milliards d’USD. Le 16 mars, Eduardo Reina, le ministre des Affaires étrangères, a justifié l’allégeance (?) de son pays à la Chine en raison de ce refus taiwanais. Cela pourrait-il avoir des répercussions sur ses relations avec son grand voisin du nord ?
Objet le 17 mars d’un mandat d’arrêt e la Cour Pénale Internationale pour sa responsabilité dans des crimes de guerre perpétrés en Ukraine depuis l’invasion russe – c’est-à-dire de déportation illégale de population (enfants) et de transfert illégal de population (enfants) des zones occupées d’Ukraine vers la Fédération de Russie – , mais paradant le 18 mars en Crimée pour en marquer le 9e anniversaire de son annexion, Vladimir Poutine s’apprête le 20 mars à recevoir son ami Xi Jinping. Celui-ci non plus (tout comme les USA) ne reconnait pas la CPI, mais a fait un plan en 12 points en faveur de la paix parmi lesquels figure le respect de la souveraineté territoriale. Mais quelle souveraineté : celle des frontières de 1991 avec la Crimée dans l’Ukraine ou celle de 2014 revue par V. Poutine ? Il convient d’être clair.
Des données nouvelles ont été publiées le 20 mars au sujet de l’origine de l’épidémie de Covid par une équipe internationale. Deux scenarii opposés s’affrontent toujours : celui d’une origine animale et celui d’un accident de laboratoire, mais le marché de Wuhan semble dans les deux cas jouer un rôle propagateur. Cependant les multiples freins imposés par la Chine (qui défend toujours l’idée d’un virus importé des Etats-Unis) empêchent les progrès d’enquêtes scientifiques internationales.
Le Premier ministre thaïlandais dissout le 20 mars l’Assemblée nationale permettant ainsi la tenue des élections législatives le 14 mai prochain. Trois partis sont d’ores et déjà en lice, celui de l’actuel Premier ministre Prayut Chan-O-Cha, le Pheu Thai sous la conduite de Paetongtarn Shinawatra, fille de Thaksin et nièce de Yingluck, et Move Forward qui avait lors du dernier scrutin attiré massivement les jeunes. Mais la constitution de 2017 rend particulièrement difficile un changement car le Premier ministre est à la fois nommé par les députés mais aussi par 250 sénateurs nommés par le pouvoir en place. Reste à obtenir un raz de marée électoral par les partis d’opposition ?
Le déplacement de Xi Jinping à Moscou du 21 au 23 mars n’a pas donné lieu à des annonces officielles particulières de contrat de ventes d’armes ou à des déclarations de soutien à la guerre en Ukraine. Mais il ne faudrait pas pour autant en déduire une quelconque « réserve » de Pékin vis-à-vis des positions russes…. Et se poser des questions sur le nucléaire.
La victoire le 25 mars des Travaillistes aux élections en Nouvelle Galles du sud assure désormais une majorité absolue aux Travaillistes, aux commandes de chaque Etat et territoire de l’Australie continentale, ainsi qu’au niveau fédéral. Seule exception : la Tasmanie reste dirigée par le parti libéral jusqu’en 2024. Mais la politique centriste menée du gouvernement devrait avoir pour objectif de ne pas s’aliéner ses opposants politiques.
L’ancien président de Taiwan, Ma Ying-jeou (de 2002 à 2006), représentant du Parti Kuomintang est en Chine continentale à partir du 27 mars pour une visite personnelle de 12 jours pour « rendre hommage à ses ancêtres », mais aussi pour des rencontres officielles avec le Bureau des Affaires Taïwanaises à l’occasion de la fête du Qing Ming le 5 avril.
Le Forum de Boao (Hainan) a été créé à l’initiative de la Chine en 2006 soutenue par une vingtaine de pays asiatiques et l’Australie. Cette année il porte du 28 au 31 mars sur « les défis économiques post-pandémie » et réunit notamment le Premier Ministre chinois, le Premier Ministre ivoirien, le Premier ministre espagnol, la directrice général du FMI Kristina Georgieva, l’ex-Secrétaire général de l’ONU Ban Ki-Moon.
La Présidente de Taïwan, Tsai Ing Wen, a entamé le 29 mars un voyage en Amérique centrale, à Belize et au Guatemala, deux des 13 Etats qui entretiennent encore des relations diplomatiques avec Taïwan et non Pékin alors que le Honduras a rompu le 26 mars dernier ses relations avec Taïwan au profit de Pékin, de même que le Costa Rica en 2017, le Salvador en 2018 et le Nicaragua en 2021. Ce déplacement suppose des « transits privés » aux Etats-Unis : à l’aller pour une escale à New York (29 et 30 mars pour recevoir un prix du Think tank Hudson Institute), et au retour en Californie (4 et 5 avril pour une possible rencontre avec Kevin Mac Carthy, Président de la Chambre des représentants).
Le chef du gouvernement espagnol (qui présidera l’Union européenne au 2ème semestre 2023) est à Pékin le 30 mars pour une visite de deux jours à l’occasion du 50ème anniversaire des relations commerciales bilatérales. Il est le premier des chefs de gouvernement européens à rencontrer Xi Jinping depuis sa proposition de « plan de paix en Ukraine ». P. Sanchez a clairement rappelé qui étaient « l’agresseur et l’agressé » et que les 1ers concernés par les conditions de dialogue pour la paix étaient les Ukrainiens. Il participera en outre au « Davos chinois », le Forum de Boao pour l’Asie (BFA) avec des entreprises espagnoles et es investisseurs chinois dans la perspective d’ un développement du tourisme chinois en Espagne après le COVID.
Après les Pays-Bas et les Etats-Unis, le Japon vient le 31 mars de limiter les exportations des équipements nécessaires à la fabrication des semi-conducteurs, réduisant ainsi les capacités chinoises de production des puces nécessaires aux calculateurs notamment pour l’Intelligence artificielle, et prévenir les détournements de la technologie à des fins militaires.
Après 21 mois de négociations, le Royaume-Uni a signé le 31 mars son adhésion au Partenariat transpacifique global et progressiste (CPTPP) qui regroupait 11 Etats d’Asie et d’Amérique depuis sa finalisation en 2008 (après le retrait des Etats-Unis sous Donald Trump de la 1ère version du traité, TPP, en 2017) : Australie, Brunei, Canada, Chili, Japon, Malaisie, Mexique, Nouvelle-Zélande, Pérou, Singapour, Vietnam. A l’occasion de la signature du Royaume-Uni, il a été indiqué qu’il serait « souhaitable » que les Etats-Unis rejoignent ce pacte que la Chine et Taïwan voudraient aussi intégrer. L’Europe (et la France) resteront-elles à la marge ????
Les îles océaniennes deviendraient-elles un point d’ancrage obligé face à l’appétit chinois ? Ainsi, les Etats-Unis après avoir rouvert en début d’année leur ambassade aux îles Salomon, envisage le 31 mars d’en ouvrir une prochainement au Vanuatu et éventuellement aux îles Kiribati et aux îles Tonga.
Les océans occupent environ 361 M de Km2 sur la planète, soit 70% de sa superficie. Les océans Pacifique et Indien sont les plus vastes, avec environ 169 M Km2 et 70 M Km2, soit près de 94% de la surface océanique mondiale.
Dans ce vaste espace indopacifique, au-delà des mers territoriales des Etats côtiers, le principe de liberté des mers s’applique sauf dans les Zones Économiques Exclusives qui ont été déterminées par la Convention des Nations-Unies sur le droit de la mer (CNUDM) signée à Montego Bay le 10 décembre 1982 et entrée en vigueur après la 60ème ratification en 1994. Cette convention a créé « un juste équilibre entre la liberté de navigation et la souveraineté des Etats côtiers sur leurs espaces maritimes »[1]. Le droit d’exploiter les ressources dans la ZEE par l’Etat côtier a été contrebalancé par le devoir de préserver l’environnement et d’assurer des opérations de recherche et de secours en mer.
Les ZEE représentent environ 22 M Km2 en tout, pour moitié pour la France[2] et pour les Etats-Unis, ces deux Etats disposant des deux zones les plus vastes. Au- delà des ZEE, ce sont les « zones au-delà de toute juridiction nationale » (ZADIN) : la majeure partie des surfaces océaniques ne sont soumises à aucune juridiction, si on exclut l’Autorité internationale des fonds marins (AIFM) qui a émis quelques règles concernant le sol et le sous-sol marins.
La Haute mer désigne toute zone maritime au-delà des 370 km des côtes d’un pays.
Alors que les Etats ont cherché (ou cherchent encore) à s’approprier les espaces maritimes au large de leurs côtes, il est apparu de plus en plus nécessaire de prendre en compte collectivement l’ensemble des espaces océaniques, notamment face aux conséquences du changement climatique, face aux tensions nées des ressources potentielles des océans. D’où les alertes lancées par des organisations non-gouvernementales, des Etats et des organisations internationales, telle l’ONU dans la suite de la CNUDM.
La compétition pour la conquête des espaces maritimes évoquée par Hervé Coutau-Bégarie dès 1983[3] s’est accélérée du fait de l’augmentation des échanges commerciaux[4], du caractère indispensable des câbles sous-marins pour les flux numériques, de la raréfaction des ressources terrestres et de l’importance des ressources halieutiques pour faire face aux besoins d’une population mondiale croissante. En outre, de nos jours, les progrès technologiques rendent envisageable une exploitation des ressources de la Haute Mer.
Aujourd’hui les enjeux de protection de la nature et de développement durable face aux pollutions multiples, à la surpêche … ont conduit à une réflexion internationale visant à instaurer des règles au bénéfice de tous. Prenant modèle sur la Convention de Montego Bay, les Nations-Unies ont travaillé à l’élaboration du Traité sur la Haute Mer pour constituer un « cadre de gouvernance global et unifié ».
Sans nier l’importance croissante des risques d’affrontement militaire en mer liés aux multiples « compétition/contestation » (Gal. Burkhard), les stratégies navales ne seront pas abordées ici.
Après des négociations informelles démarrées en 2004, suivies de « discussions préparatoires » depuis 2008, des négociations formelles depuis 2018 et 4 sessions intergouvernementales entre 2018 et 2022, une dernière session à New York du 20 février au 4 mars 2023 a finalement abouti, dans la nuit du 4 au 5 mars 2023, à l’issue d’un « round » final de 38 heures, à la signature d’un accord sur la Haute Mer au siège de l’ONU. Après l’évocation de ces repaires temporels, il n’est pas besoin d’insister plus avant sur la difficulté de parvenir à ce premier accord international de protection de la Haute Mer dont les travaux ont été menés sous la présidence de Mme Rena Lee, ambassadeur de la République de Singapour chargée des océans.
Le traité « BBNJ » (Biodiversity Beyond Natural Juridiction) a pour but de protéger la biodiversité au-delà des eaux territoriales. Il devrait « compléter » la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer qui ne traite que de la juridiction des Etats s’appliquant aux eaux territoriales, à la zone contiguë et aux Zones Economiques Exclusives.
Ce nouveau traité aura pour but (lorsqu’‘il entrera en vigueur…) de créer des aires marines protégées en haute mer, soit sur 64% de la surface des océans. Actuellement seulement 1,2 % de la surface des océans est soumis à une juridiction. Or c’est dans cette zone, que circule 90% du trafic des marchandises, et que se pratique l’essentiel de la pêche hauturière.
La Haute Mer joue un rôle essentiel dans la lutte contre les impacts du changement climatique[5]. La mer fournit la moitié de l’oxygène qui nous est indispensable et représente le premier puits carbone de la terre. Elle absorbe une grande partie du CO2 que nous émettons et limite ainsi à sa manière le réchauffement climatique. Il y a donc urgence à agir pour protéger les écosystèmes, les récifs coralliens et aussi certaines espèces de mollusques. L’objectif de ce traité est de préserver la biodiversité, de limiter les effets du changement climatique et de lutter contre la pollution et la surexploitation. Conservation et utilisation durable de la biodiversité sont essentielles. Mais il existe un point faible : le traité n’a vocation à s’appliquer ni au secteur militaire, ni à la Grande Pêche, ni à l’extraction des ressources minérales…. Or c’est cette dernière qui est susceptible de causer des pollutions catastrophiques.
Le texte final a été adopté par consensus, sans vote et donc sans opposition proclamée, mais avec les « réserves » de trois Etats : le Nicaragua, la Russie et la Turquie. La notion de « patrimoine mondial de l’humanité » est inscrite dans le préambule. Le caractère « historique » de ce texte provient du fait qu’il a été conçu pour être un instrument juridique contraignant s’appliquant sur la zone au-delà des 200 milles nautiques.
Cependant le texte doit maintenant être traduit dans les 6 langues officielles des Nations Unies et « révisé » par les services techniques. Il devra ensuite être ratifié par au moins 60 Etats pour entrer en vigueur, c’est-à-dire pour mettre en œuvre des mesures destinées à sauvegarder la biodiversité en Haute Mer. Donc prudence … son entrée en vigueur peut prendre quelque temps, même si une cinquantaine d’Etats sont membres de la « coalition pour la Haute Mer » lancée par l’Union européenne et la France en 2022[6]. Une ratification rapide (comme dans le cas de l’Accord de Paris sur le climat) permettrait de tenir la première conférence en 2025 à Nice à l’initiative d’Emmanuel Macron et du Président du Costa Rica. Mais peut-on envisager une application des dispositions prises pour 2030, au plus tôt ????
Ce sont des rencontres organisées annuellement et qui réunissent experts et ministres depuis 2014.
En 2022, dans la suite du« One Planet Summit » organisé en 2017, à l’initiative de la France, s’est tenu le Sommet sur les Océans de Brest du 9 au 11 février avec une vingtaine de chefs d’Etats et de gouvernement, le Président du Conseil Européen et la Présidente dela Commission européenne, avec de nombreux désistements du fait de la propagation du variant Omicron.
Les représentants des Etats et du monde économique ont pris des engagements unilatéraux volontaires concernant la décarbonation du transport maritime, la lutte contre la pollution plastique, la pêche illégale (conformément à l’accord du Cap de 2012 qui vient d’entrer en vigueur, et al biodiversité. Si l’Europe sont souvent leaders des mesures favorables (Coalition pour le carbone bleu, coalition de la haute ambition pour la nature), les engagements sont cependant inégaux tant dans leur étendue que dans leur application.
D’autres réunions internationales sur l’océan ont suivi : Palau à l’initiative américaine prévue en février 2022, reportée à avril 2022 ; Lisbonne juin 2022.
La huitième conférence s’est déroulée à Panama les 4 et 5 mars 2023, parallèlement aux discussions de New York sur la Haute Mer. L’objet de cette conférence était de donner un cadre à une économie bleue pour une exploitation durable et la protection des mers et océans, et de lancer un appel à signer le traité sur la Haute Mer.
Ces conférences lancées par J. Kerry en 2014 avec la participation de plus de 600 experts, représentants de gouvernement, d’entreprises et d’ONG ont abouti non pas à un traité, mais à plus de 340 « engagements volontaires » d’un montant de quelques 20 milliards de dollars.
Deux points semblent aujourd’hui acquis :
1 – Le principe de la création d’aires marines protégées dans tous les océans du monde : Aujourd’hui, elles ne représentent que 1% et devraient couvrir environ 30% des océans vers 2030 (cf les engagements pris par les 196 Etats présents à la COP 25 de Montréal du 7 au 19 décembre dernier). Des promesses de retombées financières ont levé les réticences des pays en développement (notamment africains) : des rémunérations seront prélevées pour les ressources génétiques exploitées à proximité de leurs côtes. La création d’aires marines protégées dans tous les océans du monde s’accompagnera donc d’un partage des bénéfices tirés de leur exploitation.
En outre, les décisions devraient être prises à l’avenir à la majorité qualifiée, et non plus par consensus, afin de faciliter leur mise en œuvre. Mais l’obligation que celles-ci n’affectent pas les accords existants des organisations internationales et régionalesdevra encore êtrepris en compte pour la rédaction des nouvelles dispositions.
2 – La question du statut, de l’accès et de la traçabilité des ressources génétiques marines : ces ressources sont l’objet d’une grande attention de la part des entreprises pharmaceutiques et cosmétiques, prêtes à de coûteuses recherches hors de la portée des pays en développement. La plupart des brevets sont déposés par des entreprises et des instituts de recherche de pays occidentaux.
Mais deux autres axes de discussion semblent ne pas avoir abouti à un résultat précis :
a – L’obligation de mener des évaluations d’impact environnemental pour les activités envisagées en Haute Mer incombera aux Etats d’où sont issus les opérateurs. A quelle autorité appartiendra la décision finale ?
b – Comment se réaliseront les transferts en matière de technologie marine au profit des pays en développement, d’autant que beaucoup de ces technologies sont duales, en particulier pour la détection et l’identification des intrusions ?
Plusieurs sujets sont susceptibles de créer encore des difficultés :
Une discussion sur le code minier des mers se tiendra prochainement à Kingston (Jamaïque) : elle aura pour but de fixer les règles d’exploitation des nodules polymétalliques, de plus en plus recherchés par les industriels en raison de leur forte teneur en métaux (cuivre, nickel, cobalt…) et des terres rares, mais avec des risques de pollution néfastes pour les espèces marines. Certaines ONG préconisent « une interdiction ou un moratoire » sur l’exploitation minière en eau profonde … La question sera étudiée lors de la réunion de l’AIFM du 16 au 31 mars prochain. C’est aussi la position franco-allemande soutenue par Hervé Berville et par Steffi Lemke, ministre allemande de l’environnement, de la protection de la nature et de la sécurité nucléaire : l’état actuel des connaissances scientifiques conduit à ne lancer aucun contrat d’exploitation minière, ni dans les grands fonds, ni dans les eaux sous juridiction nationale, ni dans les eaux territoriales avant d’avoir mené de vastes projets d’exploration[7]ainsi qu’une étude des conséquences écologiques. A noter aussi que la technologie nécessaire à cette exploitation n’est pas à la portée de tous les Etats, ici encore ….
Les conditions de mise en place et de gestion des futures aires marines protégées ont été âprement discutées. Il n’y a pas eu finalement de veto des pays riverains, mais avec quelques exceptions pour l’Arctique et en Mer de Chine[8].
Le Texte sur la Haute Mer prévoit une nouvelle « autorité internationale pour la Haute Mer », avec un Secrétariat, un Conseil scientifique consultatif et un organe exécutif (les conférences des parties, COP[9]) qui prendra les décisions. Mais ne sont précisées ni les modalités, ni la périodicité des réunions…. Le Secrétariat devrait être installé pour l’instant au siège de l’ONU, le Chili serait éventuellement candidat pour l’avenir.
Ces traités doivent nous faire prendre conscience que la mer est un bien commun indispensable à notre survie.
Si nous continuons à piller ses richesses, qu’elles soient halieutiques, minérales, pétrolières, gazières, etc., à la polluer de quelque manière que ce soit, nous nous mettons nous-mêmes en danger et concourons à la dégradation de la biodiversité et de l’environnement de notre planète.
La connaissance encore en germe des fonds marins et de leurs écosystèmes ne devrait pas céder le pas à la précipitation de l’exploitation coûte que coûte. C’est pourquoi certains pays demandent un moratoire. Seront-ils entendus ?
Hélène Mazeran et Michèle Bietrix
15 mars 2023
[1] On n’évoquera pas ici le droit de passage inoffensif.
[2] Sur les 11 M Km2 de ZEE françaises, 7 M Km2 se situent dans l’océan Pacifique et 2 dans l’océan Indien.
[3] « Auparavant simple théâtre de conflits, la mer est devenue un objet de conflits ».
[4] Qui transitent à 90% par mer.
[5] « Les océans jouent un rôle crucial de régulateurs du climat ». Hervé Berville, Secrétaire d’Etat français chargé de la Mer, in le Monde, 17 décembre 2022.
[6] Au sein de l’Union européenne, la négociation dans ce domaine relève d’une compétence partagée entre l’UE et les Etats membres. Donc la France ne négocie pas seule, mais avec l’UE.
[7] CF Le Monde 17 décembre 2022
[8]Dans le cadre du conflit d’appropriation en Mer de Chine opposant les Philippines et la Chine en 2016, la Cour permanente d’arbitrage de La Haye a statué contre les prétentions chinoises, mais la Chine n’ayant ratifié la CNUDM qu’avec des caveat, elle se prétend en dehors de la juridiction de la Cour pour ce qui concerne la Mer de Chine méridionale.
[9] Comme cela existe pour le climat
Quelques repères concernant la France en introduction :
L’actualité en 2021 a mis un coup de projecteur sur la zone indopacifique avec :
I – Tentative de définition de l’Indopacifique et des acteurs : De l’Asie-Pacifique à l’Indopacifique.
Pour la France, l’Indopacifique comprend le littoral des deux océans, et leurs terres adjacentes, ainsi que l’océan Austral.Est ici souligné l’aspect géographique d’un espace allant de Mayotte à Clipperton, mettant l’accent sur les océans.
1 – Au cours du XXème siècle : géographie et géopolitique
2 – Dans les années 2000 : Mondialisation des échanges et acteurs régionaux
Après la chute du bloc soviétique, la zone « Indopacifique » est plutôt centrée sur l’Indonésie et l’Australie, avec le Japon et l’Inde en périphérie. Parallèlement se développent les tensions (liées à la piraterie) et les contentieux (liés au droit de la mer).
Dès 2005, les Etats-Unis, le Japon, l’Australie et l’Inde évoquent la nécessité de contenir la Chine dans « l’Arc de la liberté et de la prospérité » au nom des valeurs démocratiques.L’Australie, les Etats-Unis et le Japon « pressentent » la nécessité « d’encadrer » l’expansionnisme chinois[3].
Tentative de définition ?
En effet, l’axe Djibouti-Colombo-Singapour-Shanghai constitue une « ligne de communication » (sea lanes of communication) indispensable au fonctionnement de la planète, avec des passages stratégiques d’importance majeure (choke points) mis en évidence par les Occidentaux dans les années 70-80, ceci est encore plus vrai aujourd’hui.
L’expression n’est pas clairement définie[4], et elle est même niée par la Chine qui se réfère à l’Asie-Pacifique où elle a une position centrale dans la zone, alors que l’Indopacifique place l’Inde au centre et la « relègue » à la périphérie…
La composante terrestre du projet chinois des « routes de la soie » redonne corps à la centralité du continent eurasiatique et à l’opposition traditionnelle (théorisée par les stratèges du XIXème siècle) de l’empire de la Terre contre celui de la Mer. L’antagonisme actuel entre deux Etats puissants, les Etats-Unis et la Chine, serait-il la version modernisée de cette opposition, l’empire de la mer ne pouvant survivre qu’en préservant la liberté de circulation ?
« La mer a historiquement constitué un élément essentiel du développement du continent européen »[5].
Du fait de la mondialisation des échanges, la grande puissance américaine est très présente. Et encore plus après 2009-2010 : le « pivot asiatique » du Président Obama est en fait un élargissement de l’Asie-Pacifique, la zone ira désormais des côtes américaines jusqu’au sous-continent indien. En 2018, l’US PACOM (Pacific Command) est rebaptisé US INDOPACOM. Et l’expression « Indopacifique » est de retour …
En effet, nouveauté des années 2010, surtout après 2013-2015, affirmation de la présence chinoise et de sa volonté de puissance.
3 – La Chine, un nouveau venu dans la zone : expansion maritime et contestation de la liberté des mers
Les sept expéditions de l’amiral Zheng He (1371 – 1433) au XVème siècle (1405-1433) avaient pour but essentiel de prélever un tribut, ne visaient pas à « coloniser » des territoires[6]. Elles ne furent pas poursuivies dans les siècles suivants par la Chine qui se referme et fait détruire archives et bateaux, témoins des exploits de Zheng He, alors que l’Europe, elle, s’élance alors à la conquête du monde.
A la fin de la décennie 2010, la Chine qui semble avoir consolidé son pouvoir à l’intérieur (?) et développé son économie, veut affirmer sa puissance dans le monde, et développer son influence tant vers les côtes de l’Afrique orientale que vers la rive Pacifique des Amériques, et cela au détriment de la liberté de circulation des autres Etats. Si son expansion vers l’Europe est principalement économique, elle a une dimension militaire marquée en Asie.
Alors qu’elle a signé la Convention de Montego Bay sur le droit de la mer, la Chine cherche à s’« approprier» la mer de Chine méridionale en y créant une ZEE qui ampute celles du Vietnam, des Philippines, de Malaisie et d’Indonésie[7]. Parmi les nombreux « incidents », un exemple : en avril 2019, Pékin juge « illégal » le passage de la frégate française Vendémiaire dans le détroit de Taïwan, réaction nouvelle à l’égard de la France qu’elle juge « alignée » sur les USA ; et de plus la Chine estime que la France est « en Europe » et n’a rien à faire dans ces eaux lointaines. Si les Etats-Unis et leurs alliés intensifient « les passages innocents » de navires de guerre dans les aux contestées, c’est au prix de risques d’incidents graves.
Quelques événements méritent de retenir notre attention :
Le projet BRI est un projet à long terme créant une ceinture économique allant des côtes chinoises jusqu’aux côtes orientales de l’Afrique. C’est la stratégie du « collier de perles » avec une dizaine de points clés (installations portuaires notamment) en utilisant la « diplomatie de la dette ».
Si dans le Livre Blanc sur la Défense et la Sécurité nationale en 2013, la France évoquait la possibilité d’un « partenariat global » avec la Chine, aujourd’hui dans la terminologie européenne, on parle d’un « rival systémique ».
Objectifs de la Chine : Prendre directement ou indirectement Taïwan et sécuriser ses approvisionnements énergétiques, en matières premières et en ressources énergétiques. La stratégie chinoise de « déni d’accès » qui s’étend peu à peu sur des zones plus vastes, est basée sur cinq points : sécuriser la Mer de Chine, endiguer le Japon, étouffer l’Inde, vassaliser la Russie et l’Union européenne, isoler les Etats-Unis.
Il conviendra de noter la « préoccupation commune » de la Chine et de la Russie mentionnée à Pékin le 4 février[9] face à la formation de « l’alliance militaire AUKUS, et notamment la fabrication de sous-marins nucléaires, qui touche à des questions de stabilité stratégique ». Ceci s’ajoute aux exercices conjoints effectués en novembre 2021 par des vaisseaux des 2 pays (Chine + Russie) dans le détroit japonais de Tsugaru.
NB : Il n’y a pas d’alliance formelle entre la Russie et la Chine (et même quelques désaccords notamment en Asie centrale… Les événements survenus au Kazakhstan en janvier 2022 ont suscité diverses interrogations sur un éventuel partage en zones d’influence).Notons aussi l’abstention chinoise lors des votes des 4 et 24 mars à l’ONU condamnant l’agression russe contre l’Ukraine. La guerre en Ukraine pourrait-elle « rebattre les cartes » en Indopacifique ????
En conclusion de ce 1er point : Les acteurs dans cette zone et leur vision géopolitique :
II – La France, état« riverain » des océans Indien et Pacifique du fait de ses collectivités et territoires
Olivier Poivre d’Arvor, ambassadeur des pôles et des enjeux maritimes, déclarait le 25 janvier : « Nous ne sommes pas un hexagone, mais un archipel »[10]. Sept des 13 territoires d’outre-mer français sont situés dans les océans Indien et Pacifique. Ces territoires dans la zone sont pour la France un atout précieux : elle n’est pas une puissance « étrangère », mais un Etat « voisin » dans les 2 océans, il y a donc une cohérence à lier les deux espaces.
La stratégie française de l’Indopacifique ne se veut pas exclusivement militaire, même s’il est nécessaire de protéger nos « appuis stratégiques » : « montrer la présence », protéger les zones de pêche, lutter contre la pêche illégale, défendre la liberté de navigation…. D’où le renforcement de la capacité opérationnelle des forces navales, avec différents programmes (AVISMAR, POM, BRF, FDI) car l’éloignement ne doit pas être sous-estimé, et donc les contraintes qui pèsent sur les relations entre la métropole et les territoires insulaires éloignés.
D’où l’importance de compléter notre stratégie militaire par des engagements économiques et culturels avec des partenaires, comme l’Inde, le Japon, …. Et aussi de partager nos responsabilités au niveau européen.
1 – Les statuts des différents territoires français
Ces territoires, positionnés dans les 2 océans, sont pour certains des collectivités politico-administratives comparables à celles de la métropole : La Réunion, Mayotte ; les autres ont des compétences de gouvernance très particulières : les TAAF, la Nouvelle Calédonie, Wallis et Futuna et la Polynésie française.
Cas particuliers de Clipperton et des Terres australes et antarctiques françaises (TAAF) qui n’ont pas de population permanente.
La diversité des statuts est un héritage du passé. Mais l’accent est mis aujourd’hui sur les perspectives de coopération tournées vers l’avenir. Du fait de compétences constitutionnelles spécifiques, notamment en matière d’économie, d’environnement, voire de relations extérieures, ces territoires sont associés aux instances étatiques dans les organisations de coopération régionale.Ils sont impliqués dans les structures institutionnelles régionales aux côtés des représentants de l’Etat.
Trois exemples :
2– La stratégie française de l’Indopacifique et ses implications. Les réflexions françaises sur l’Indopacifique apparaissent à partir de 2016, et sont formalisées en 2018.[11]
La vision française de l’espace Indopacifique défendue par la France, celle d’un espace « libre et ouvert », a pour objectif d’assurer la sécurité maritime, de garantir la liberté de navigation et de survol en haute mer. En août 2018, lors de la Conférence des ambassadeurs, le Président Macron a insisté sur cette vision multilatérale de l’espace, ne devant être dirigée contre aucun Etat, et notamment pas être dévoyée dans une lutte contre la Chine.
2A – 2018 est une année tournant avec un renforcement des liens bilatéraux avec les pays de la zone : Australie, Inde, Indonésie, prenant en compte la nouvelle position chinoise dans la zone. Parallèlement, des exercices militaires régionaux s’organisent avec de grands partenaires, notamment les 4 membres du QUAD (dialogue quadrilatéral de sécurité).
3 juin 2018, lors du Forum annuel du Shangri-La Dialogue[12] à Singapour entre les ministres de la défense de la zone indopacifique. Florence Parly y présente la position française.
A La Réunion à l’occasion du Forum « Choose La Réunion »[13] le 23 octobre 2019, la stratégie Indopacifique de la France est précisée autour de 4 priorités :
La région indopacifique est au centre de tous les flux commerciaux internationaux, traversé par plus de 450 câbles sous-marins[14], réserve de ressources halieutiques et énergétiques considérable.
A différentes occasions, ces principes de base sont rappelés par les officiels français et mis en œuvre avec nos partenaires. Quelques exemples :
Mars 2018 : Le Président Macron parle de l’Inde comme du « 1er partenaire stratégique » de la France dans la région, un des premiers acheteurs d’armement français en Asie, même si l’Inde reste historiquement proche de la Russie[15].
L’Inde est le seul membre du QUAD à avoir une frontière commune (3 400 km) avec la Chine avec des confrontations régulières. Elle est l’un des premiers pays à avoir alerté contre la théorie du collier de perles chinois « dans l’Océan indien et participe à des exercices dans l’Océan Indien avec la France.
Mai 2018 : A Sydney (Australie) est évoqué « l’axe Paris-New Delhi-Canberra » et la France est considérée comme un acteur majeur dans la région[16].
« Votre pays est de fait une puissance de l’Indopacifique ». Kevin RUDD, ancien Premier Ministre australien, expert des relations entre l’Occident et la Chine.
Mai 2019 : le Porte-avions Charles-de Gaulle participe à l’exercice naval Varuna avec l’Inde dans l’Océan Indien ; des manœuvres conjointes ont lieu dans le Golfe du Bengale avec l’Australie, le Japon et les Etats-Unis, et le porte-avions fait escale à Singapour ; une frégate française fait escale à Ho Chi Minh.
2020 : la France est devenue « partenaire de développement » de l’ASEAN. Elle a aussi adhéré à l’Association des Etats riverains de l’Océan Indien.
Septembre 2020 : Dialogue trilatéral Australie-Inde-France.
2021 : Les marines européennes (France, Allemagne, Royaume-Uni et aussi Pays-Bas) ont envoyé d’importantes unités de combat dans la zone. En avril 2021, les Forces d’Auto-Défense japonaises (FAD) ont participé à l’exercice multinational Lapérouse dans le Golfe du Bengale. Des manœuvres maritimes (ARC21) + exercices amphibies sur le territoire japonais ont également eu lieu avec la France, l’Australie et les USA. Le Japon soutient cette stratégie de coopération dans l’Indopacifique.
Les relations franco-indonésiennes sont anciennes (1961) ; puis co-présidence de la conférence de Paris sur la Cambodge en 1991. Depuis 2011, un partenariat stratégique a été conclu avec l’Indonésie qui est un « client régulier de l’industrie d’armement français » (2ème derrière Singapour).En février 2021, rappel des positions communes au sujet du « respect du droit international dans un espace indopacifique libre et ouvert fondé sur un multilatéralisme efficace »[17]. Des accords de coopération sont signés en juin 2021, puissuivis le 10 février 2022, par une commande de 42 avions de chasse Rafale et par un autre accord pour la fourniture « éventuelle » de 2 sous-marins Scorpene[18]. « Hasard ou manœuvre ? » : quelques heures après la signature avec Mme Parly, le ministère de la Défense américain annonçait donner son accord à la vente de 36 avions de chasse F15 Eagle II à l’Indonésie…
Au début de 2021, la France se trouvait ainsi au centre de relations croisées avec l’Inde et le Japon, l’Australie et les Etats-Unis, les partenaires du QUAD et de l’ASEAN, l’Allemagne et le Royaume-Uni. Toutes les grandes puissances démocratiques se trouvaient ici impliquées, certaines ne voulant pas forcément être amenées à choisir entre Pékin et Washington. Mais l’alliance AUKUS ne créera-t-elle pas un nouveau contexte, alors que de nombreux pays dans la région sont plutôt à la recherche d’une position d’équilibre entre la Chine et les USA ?
2B – Les changements de 2021 induits par la dénonciation du contrat français, conclu en 2016, pour la livraison de 12 sous-marins à l’Australie et la signature de l’Alliance AUKUS entre l’Australie, le Royaume-Uni et les Etats-Unis (15 septembre 2021).
La France doit prendre en compte cette nouvelle manifestation de l’antagonisme anglo-saxon, déjà manifesté à la fin des années 2000 lorsqu’elle espérait entrer dans le club historique des Five-Eyes, créé en 1941, coopération dans le domaine du renseignement entrel’Australie, le Canada, les Etats-Unis, la Nouvelle Zélande, et le Royaume Uni, « revitalisée » dans les années 2000 pour lutter contre le terrorisme.
Autre événement aux conséquences notables : la décision de la Nouvelle Calédonie de rester partie de la communauté française, décision issue de référendum du 12 décembre, joue un rôle très important pour la France, mais aussi pour l’Europe, l’Australie et la Nouvelle-Zélande. Il devient essentiel de renforcer la visibilité des marines concernées dans la zone face à la Chine.
En outre, la France a pris conscience de l’intérêt stratégique des fonds marins et du champ de compétition qu’ils représentent sur la scène internationale. Cf « La stratégie pour la maîtrise des fonds marins » présentée à Brest par Florence Parly le 13 février 2022 : « il s’agit de mieux connaître, mieux surveiller et mieux agir, dans une approche globale et internationale avec des moyens qui ne sont pas au niveau de ceux de nos partenaires ou de nos adversaires ». Or différents incidents montrent que les fonds marins sont aujourd’hui le lieu d’opérations préoccupantes (ruptures de câbles, pillage des ressources…)
Aujourd’hui, il parait évident que la France -et l’Europe- ont intérêt à développer des relations de coopération dans cette région en raison de la place prépondérante de la mer et de l’Asie sur la scène internationale. D’où la nécessité de défendre la liberté de navigation et la préservation des biens communs (biodiversité, sécurité maritime…).
La France bénéficie d’atouts dans la région et a développé une stratégie indopacifique qui est aujourd’hui plus visible, tout en espérant présenter une voie « non-alignée ». En outre, notre industrie de défense présente à nos partenaires des offres de haut niveau, et des offres de formation, incluant un « partenariat stratégique » établissant une relation de confiance, qui est souvent une alternative à l’offre du « tout-américain ».
A partir de là, une stratégie « européenne » peut être envisagée comme complémentaire en coordination avec la stratégie française.
3-Le relai européen : stratégie européenne et partenariats régionaux.
En 2017, le Président Macron déclarait : « L’Europe est le niveau approprié pour recouvrer notre pleine souveraineté dans des domaines qui ne relèvent plus du seul champ national, car je veux d’une Europe qui soit un continent aux dimensions des puissances américaine et chinoise ». Les territoires insulaires français sont un atout pour la France, mais aussi pour l’UE, et donc pour tous ces Etats membres.
Dans le cadre de l’OTAN, les forces européennes, et donc les marines, ont eu à agir ensemble, et à mettre en place des procédures et des normes permettant une grande interopérabilité (ravitaillement, systèmes de communication…). La RFA et les Pays-Bas se sont aussi dotés d’une stratégie indopacifique.
Depuis le Brexit, la France est seule en mesure de maintenir, voire d’augmenter, une présence militaire permanente dans la zone Indopacifique. Mais elle souhaite entraîner ses partenaires européens. Un soutien, renfort européen est-il utile ? indispensable ?
Le 16 avril 2021, le Conseil européen a publié « la stratégie européenne pour la coopération dans l’Indopacifique »[19]. A noter que cette annonce s’est « télescopée » avec l’annonce de la signature de l’AUKUS le 15 septembre 2021.
Si l’Europe ne mentionne pas son opposition à la Chine (contrairement à la position américaine), elle précise « sa réticence à approfondir des échanges avec des Etats qui ne respectent pas ses valeurs », et insiste sur la nécessité de « renforcer ses partenariats avec les Etats du sud-est de l’Asie (ASEAN) pour préserver la liberté de navigation et pour lutter contre la territorialisation des mers »[20]. L’UE a nommé un « envoyé spécial pour l’Indopacifique » le 1er septembre 2021.
La région indopacifique revêt une importance stratégique croissante pour l’Union européenne, les 2 régions sont en étroite corrélation :
Le développement agressif de la puissance chinoise, et les rivalités sino-américaines (économiques, militaires, technologiques …) ont été ravivées par le pacte AUKUS en septembre 2021. Dans ce contexte, un rapprochement UE-ASEAN pour un projet régional de coopération commun, autonome évoqué par Josep Borrell à Djakarta en juin 2021, prend tout son sens et vient illustrer le partenariat stratégique signé en 2020 après 40 ans d’échanges. La vitalité économique des pays de l’ASEAN est importante pour l’UE. L’Inde et le Japon pourraient aussi se rapprocher des positions européennes.
Les principaux éléments de la stratégie de l’UE pour la région indopacifique :
Le projet de « Boussole stratégique », équivalent européen du livre Blanc de la Défense, a été adopté, après 4 versions successives, le 21 mars par les ministres européens des Affaires étrangères et de la Défense. Il vise notamment à renforcer la coopération des marines ici comme sur le reste de la planète, « dans les endroits stratégiques du globe, sur l’ensemble des océans » afin de mettre en œuvre une politique commune et concertée. Il s’agit de préserver la libre circulation et la sécurité maritime, de lutter contre la piraterie[21]. Cette « boussole stratégique » sera à la fois une stratégie et un plan d’action pour les 5 à 10 ans à venir. Reste pour les Européens à accorder au mieux leurs « nuances » du concept Indo-Pacifique, entre l’approche plutôt stratégico-militaire de la France (liée aussi à ses contrats d’armement) et une vision plus économique et commerciale de l’Allemagne. La Boussole mentionne aussi la nécessité de renforcer le dialogue et les exercices conjoints avec d’autres Etats dans le monde.
Des défis communs ont été mis en évidence entre les 2 régions, UE et Indopacifique en matière d’intégration économique et de changement climatique.
Que sera le nouveau projet européen « Global Gateway », parfois présenté comme un concurrent du BRI chinois ? Avec ses enjeux globaux liés à la protection de l’environnement et aux questions de sécurité, il serait courtisé par la Chine pour un partenariat ? une coopération avec son projet BRI ?
Eviter une alliance Moscou-Pékin dans cette zone est-il encore possible ????
Conclusion
7 des 10 premiers ports mondiaux sont en Chine. Le Golfe persique fournit 40% des exportations de pétrole et 80% d’entre elles partent vers l’Asie[22]. L’importance de la voie maritime mondiale indopacifique n’a fait que croître au XXème siècle alors que le commerce transatlantique est devenu moins prééminent.
Pour la France, c’est un enjeu économique (sécurité des approvisionnements et des échanges commerciaux) et de souveraineté (protection des ZEE, et lutte contre les activités illicites). L’originalité de la position française dans cette zone est liée à sa situation « d’Etat riverain[23] ». L’implication de l’UE, au-delà des relations bilatérales basées sur des valeurs communes, offre en outre une 3èmevoie aux Etats de la région pour éviter de choisir un alignement sur Pékin ou sur Washington, sujet à l’ordre du jour de tous les dialogues. David Panuelo, Président de la Fédération des Etats de Micronésie soulignait le 10 mars dernier que l’Océanie avait voté de manière unanime la résolution contre la Russie aux côtés de l’UE lors du vote à l’ONU le 2 mars 2022.
Le 22 février 2022, un Forum pour la coopération en Indopacifique dans le cadre de la présidence française de l’UE a réuni à Paris les Ministres des affaires étrangères des 27 et ceux de 30 Etats de cette zone.
Les USA et la Chine n’étaient pas invités. Au nom d’une « autonomie stratégique », la réunion voulait être préservée des rivalités entre les 2 puissances, Chine et USA, même si l’objectif non avoué est sans doute de contribuer à une alternative à l’engagement chinois dans la zone.
Hélène MAZERAN
[1]Ne sont pas pris en considération les territoires britanniques de Pitcairn et des Chagos car moins de 100 habitants.
[2] Cf SIPRI, 2017-2021
[3] Cf Robert KAPLAN in Foreign Affairs, Mars 2009.
[4] Cf Paco MILHIET : « L’Indopacifique français : constructions régionales, stratégie nationale, déclinaisons locales ». Thèse de doctorat 2021. Université de Polynésie française et Institut catholique de Paris.
[5] VAE Patrick EBRARD. Entretiens d’Europe, n°111. 31 janvier 2022.
[6]Ceci est souvent rappelé par Xi Jinping qui sait utiliser l’histoire chinoise à son avantage : il veut montrer que la Chine n’a pas de visée impérialiste.
[7] La Chine se considère comme une puissance économique en forte croissance qui n’a pas une ZEE correspondant à son statut. Mais la Cour permanente d’arbitrage de La Haye le 17 juillet 2016, a rejeté toutes les revendications chinoises de ZEE en mer de Chine du sud.
[8] Seuls 6% des fonds marins seraient connus (et pas seulement par les Chinois)
[9] Déclaration en marge de l’ouverture des JO. 4 février 2022.
[10] « Les Outre-mer aux avant-postes ». Maison de l’Océan. Paris 25 janvier 2022
[11] « Stratégie de défense française dans l’Indopacifique ». Ministère des Armées 2018, mis à jour 24/06/2022. https://bit.ly/3AYIJgo; « Stratégie de la France dans l’Indopacifique » Ministère de l’Europe et des affaires étrangères, juillet 2021. https://bit.ly/3G2430Pf.
[12] Sommet informel consacré aux questions de défense et sécurité en Asie.
[13] Rencontre d’entrepreneurs destinée à promouvoir l’attractivité économique du territoire.
[14] 98% des communications transitent aujourd’hui par câbles sous-marins.
[15] Elle s’est abstenue lors des votes à l’ONU des 4 et 24 mars contre l’agression russe en Ukraine.
[16] Ce ne fut pas toujours le cas…. Cf au moment des essais nucléaires, au moment de la conférence sur le règlement de la question cambodgienne ….
[17] A noter que pour l’instant, l’Indonésie (4ème pays le plus peuplé du monde) est réservée par rapport aux revendications chinoises en mer de Chine méridionale (avec par exemple escarmouches autour des îles Natuna), et ne veut pas prendre parti, contrairement à la France et aux USA qui rappellent fréquemment leur attachement au principe fondamental de la liberté de navigation.
[18]14 exemplaires de ce type de sous-marins d’attaque à propulsion conventionnelle ont déjà été vendus par Naval Group, dont 6 à l’Inde, 2 à la Malaisie (les autres au Brésil et au Chili).
[19] « Conclusion du Conseil sur une stratégie de l’UE pour la coopération dans la région de l’Indopacifique » ; Bruxelles, 16 avril 2021 ; https://bit.ly/3jeSKjl. Communication conjointe du Parlement européen et du Conseil : « Stratégie de l’UE pour la coopération dans la région Indopacifique », Bruxelles 16 septembre 2021 ; https://bit.ly/3B2xqDA.
[20] Même si l’UE est bien consciente que certains Etats- (Laos, Cambodge) sont sous influence chinoise …
[21] Comme le fait la mission Atalante initiée par la France en 2008, mise en œuvre par l’UE dans le cadre de la force navale européenne et de la PSDC dans le Golfe d’Aden et dans l’Océan Indien.
[22] Cf Atlas stratégique. Fondation méditerranéenne d’Etudes stratégiques. 2022
[23] Le Royaume uni est riverain avec les îles Pitcairn (à l’ouest de l’Australie). Il se positionne comme acteur mondial dans sa « stratégie 2020 », mais il n’est plus membre de l’UE.
Le Panama a décidé de rompre ses relations diplomatiques avec Taïwan et d’établir des relations diplomatiques avec la Chine, un partenaire économique crucial, ont annoncé mardi Panama et Pékin.
Taïwan a réagi avec colère à ce développement qui pourrait accroître la tension entre Taipei et Pékin, pour qui l’île est une province rebelle devant être réunifiée au continent.
Le Panama est devenu le dernier en date des pays à abandonner ses relations avec Taïwan pour se rapprocher de la deuxième économie mondiale.
Les tensions diplomatiques entre Taïwan et la Chine s’étaient atténuées sous le précédent gouvernement taïwanais. Mais les relations se sont détériorées depuis la large victoire électorale qui a porté l’année dernière au pouvoir le parti de la présidente Tsai Ing-wen. Mme Tsai a refusé de reconnaître le principe d' »une seule Chine », contrairement à son prédécesseur Ma Ying-jeou (2008-2016).
En Amérique centrale, tous les pays reconnaissaient Taïwan jusqu’à ce que le Costa Rica rompe en 2010 ses relations diplomatiques avec l’île, comme le Panama vient de le faire.
La Chine est le second plus important utilisateur du canal de Panama après les Etats-Unis. L’an passé, la Chine a fait transiter par ce passage inter-océanique quelque 38 millions de tonnes de marchandises, soit 18,9% du trafic.
L’annonce survient une semaine après le début de la construction par Pékin d’un port de conteneurs, avec des installations de gaz naturel, dans la province de Colon, dans le nord du Panama.
Le 26 juin 2016, c’était un navire chinois qui avait été le premier à parcourir le canal de Panama élargi. La Chine est par ailleurs le premier fournisseur de marchandises de la zone franche de Colon, l’une des plus grandes d’Amérique latine.
Des multinationales et des entreprises chinoises actives dans de nombreux domaines, banque, énergie, logistique, télécommunications et technologies se sont établies ces dernières années au Panama.
AFP 13/6/17
Après neuf ans de travaux et près de 5 Mrds € dépensés, le canal de Panama vient d’ouvrir une nouvelle voie pour les porte-conteneurs de grandes dimensions. Le pays espère capter toujours plus de parts de marché du fret maritime, face à son unique rival, le canal de Suez, lui aussi récemment élargi.
Tout un symbole : c’est un porte-containers chinois qui a, le premier, franchi le nouveau jeu d’écluses du canal de Panama, ce 26 juin 2016. Tiré au sort, le Cosco Shipping Panama est un bâtiment typique du commerce mondial actuel, avec une capacité de 14.000 conteneurs. Et ses mensurations, 300 mètres de long et plus de 48 mètres de large, lui interdisaient de franchir l’ancien canal. Mais grâce aux travaux menés depuis 2007, il a pu passer d’un océan à l’autre en quelques heures… moyennant 546.000 € de taxes.
Car c’est là le but de l’opération : pouvoir accueillir près de 97 % des porte-containers mondiaux, et multiplier le nombre de passages afin de doper les revenus du Panama. Et pour y parvenir, ce sont 4,96 Mrds € qui ont été engloutis dans un chantier gigantesque, mené par un consortium international regroupant Sacyr (Espagne), Salini Impregilio (Italie), Jan de Nul (Belgique) et Constructora Urbana (Panama). Un chantier qui a connu quelques déboires dont une grève des ouvriers et des problèmes d’étanchéité des écluses liés à un mauvais ferraillage des bétons, entraînant plusieurs mois de retard.
Les nouvelles écluses mises en place côté Atlantique et Pacifique, permettent d’accueillir des bateaux plus grands (au maximum de 366 x 49 mètres contre 294 x 32 m auparavant) mais elles offrent également un temps de parcours plus réduit, en seulement deux étapes (Agua Clara – Cocoli), contre trois précédemment (Gatún – Pedro Miguel – Miraflores). Elles sont constituées par des bassins géants, de plus de 420 mètres de long, pour 55 mètres de large et plus de 18 mètres de profondeur. Leurs lourdes portes coulissantes, d’un poids de 2.100 tonnes, ont été conçues par des ingénieurs néerlandais et produites en Italie par Cimolei. Pour autant, le fonctionnement des bassins sera plus économe en eau douce que l’ancien système, grâce à un système réutilisant 60 % de l’eau utilisée à chaque transit de navire. Une donnée importante quand on sait que près de 200.000 m3 d’eau douce partent vers l’océan à chacun de ces mouvements et que 14.000 bateaux l’utilisent chaque année…
L’ensemble du dispositif permettant de passer de l’océan Atlantique (au nord-ouest) à l’océan Pacifique (au sud-est) © T. Römer – Wikimedia CC
Les travaux, qui ont mobilisé 30.000 personnes, auraient été initiés en raison du lancement d’un projet concurrent, le canal du Nicaragua, approuvé en 2013, et confié à un consortium chinois, HKND. Un projet ambitieux, destiné à grignoter des parts de marché au Panama, par lequel transitent actuellement plus de 5% de tout le commerce mondial. Il est estimé que la capacité du nouveau canal de Panama dépassera les 500 millions de tonnes de fret par an en 2025, contre 280 Mt avant les travaux. Le pays d’Amérique centrale espère tripler ses revenus liés à cette activité, en raison de son positionnement stratégique, entre l’Asie et l’Europe, sur une route plus directe que le passage de l’Océan Indien, la mer Rouge puis la Méditerranée et l’Atlantique, via le canal de Suez. Les canaux interocéaniques n’ont pas fini de se livrer une guerre… à distance.
27/06 – http://www.batiactu.com
Le Panama inaugure en grande pompe ce dimanche 26 juin l’élargissement de son canal interocéanique et les deux nouvelles écluses qui vont permettre à de plus gros cargos de traverser l’isthme entre les océans Atlantique et Pacifique.
Environ 5% du commerce maritime mondial transite actuellement par le canal du Panama. Le pays souhaite attirer d’ici quatre ans 20 % de ce trafic. Ce projet ambitieux a nécessité neuf ans de travaux et 5 milliards de dollars de dépenses. Les deux nouvelles écluses devraient tripler le volume de marchandises qui transitent chaque année par le canal et, selon les calculs, doubler les revenus du Panama.
Mais il y a un hic. Les nouvelles voies sont encore trop petites pour les bateaux les plus volumineux. « Ils sont en train de réfléchir à une nouvelle phase pour les travaux, des travaux de troisième génération pour le canal », indique Kevin Parthenay, spécialiste des Etats centraméricains à Science Po.
Autre contrainte qui gêne les ambitions panaméennes : le projet de construction d’un autre canal au Nicaragua, tout proche. Celui-ci pourrait accueillir des supertankers. « Un consortium chinois a déjà commencé officiellement à faire des travaux. Indépendamment de toutes les considérations environnementales et économiques, c’est aussi pour la Chine une manière de mettre un pied sur le continent américain, qui est la chasse gardée des Etats-Unis », analyse Pierre Royer, auteur de Géopolitique des mers et des océans.
Le canal du Panama et les activités qui l’entourent, notamment les zones portuaires défiscalisées, représentent 15 % du PIB du pays. L’Etat n’a donc pas lésiné, ni sur les travaux, ni sur l’inauguration. La fête va coûter 3 millions de dollars.
25/06 – RFI (extrait)
Le canal du Nicaragua, lorsqu’il entrera en activité en 2020, pourrait retirer jusqu’à 30 % de son trafic au canal de Panama, admettent les autorités panaméennes. Pour résister à la concurrence, elles comptent sur l’élargissement en cours du canal original. (…)
Pour faire face à la concurrence que représente déjà le canal de Suez, le canal de Panama a entrepris depuis 2007 des travaux qui lui permettront d’accueillir des navires d’une capacité trois fois supérieure aux capacités actuelles à partir de 2016. Ces travaux ont coûté plus de 5 milliards de dollars, mais c’est le prix à payer pour conserver le trafic de 5 % du commerce mondial transitant à l’heure actuelle par cette voie d’eau, inaugurée en 1914.
27/12 – RFI